Sarkozy pour une dépénalisation de la diffamation... pas l'Opus Dei !
Les hasards du calendrier sont aussi insondables que les voies du Seigneur !
Le procès en diffamation intenté par l’Opus Dei [L’Opus Dei, déboutée en première instance et condamnée à nous verser 2000 euros de dommages-intérêts, a fait appel. Nous sommes défendus par Me Emmanuel Pierrat.] à Catherine Fradier, auteure du roman Camino 999, et Jean-Jacques Reboux, directeur des éditions Après la Lune, sera jugé devant la 11e Chambre B de la Cour d’appel de Paris, le jeudi 4 décembre 2008 à 13h30, c’est-à-dire deux jours après la proclamation de MM. Sarkozy, Fillon et Copé, affirmant, à la suite de la scandaleuse arrestation du journaliste de Libération Vittorio de Filippis, qu’il est grand temps de dépénaliser le délit de diffamation…
Par un second signe du destin, tout aussi insondable, cette déclaration solennelle intervient alors que le CODEDO (Collectif pour une dépénalisation du délit d’outrage), co-fondé par Jean-Jacques Reboux (l’une des deux personnes poursuivies par l’Opus Dei…), n’ayant reçu aucune réponse aux propositions faites à Mme la garde des Sceaux [Résumée dans la Lettre au garde des Sceaux pour une dépénalisation du délit d’outrage, par Romain Dunand et Jean-Jacques Reboux (éditions Après la Lune), juin 2008], s’apprête à lancer une grande pétition demandant la dépénalisation du délit d’outrage (projet de loi à l’étude) et l’abrogation du délit d’offense au président de la République (projet de loi déposé au Sénat par Jean-Luc Mélenchon).
S’il est permis de penser que les déclarations de MM. Sarkozy, Fillon et Copé obéissent à des réflexes «gesticulatoires», et à la propension du chef de l’État de surfer sur l’émotion de l’actualité (en l’occurence celle provoquée par le comportement outrancier d’un juge et la déontologie à géométrie variable des policiers, qui commence à insupporter la population), le CODEDO et les éditions Après la Lune ont décidé de s’engouffrer dans la brèche généreusement ouverte par le Pouvoir en proposant une tribune, qui vous sera envoyée dans les heures qui suivent.
Nous pensons, en effet, que la dépénalisation du délit de diffamation, si elle devait être discutée devant le Parlement, ne saurait l’être sans que soient portées à l’ordre du jour, dans le même débat, la dépénalisation du délit d’outrage, ainsi que l’abrogation du délit d’offense au président de la République.
Chiche, M. le président ?
La pétition en question sera bientôt en ligne sur le site de la Ligue des droits de l’homme. Elle sera remise à la Chancellerie et à l’Élysée le 23 février 2009 lors d’une grande journée pour l’abolition de l’outrage.
Merci de votre attention.
Jean-Jacques Reboux, 3 décembre 2008.
Camino 999 : lu et désapprouvé par l’Opus Dei
31 mai 2007. L’ASSIGNATION : Deux mois après la sortie du livre, l’Opus Dei attaque en diffamation l’auteure de Camino 999, Catherine Fradier, et son éditeur, Jean-Jacques Reboux. L’Opus Dei, représentée par Me Alexandre Varaut, nous réclame la bagatelle de 30.000 € de dommages-intérêts. D’abord sonnées par l’assignation, les éditions Après la Lune, dont la santé est vacillante, lancent une souscription pour payer les frais d’avocat. Plus de 150 personnes répondent présent à notre appel, relayé par le site Rue89 et de nombreux médias. Lire ici le communiqué de l’Opus Dei.
12 septembre 2007, 17e chambre du TGI de Paris. LE PROCÈS : Après avoir fait remarquer à la Cour que l’Opus Dei n’avait pas porté plainte contre le Da Vinci Code (publié par un éditeur du puissant groupe Hachette), notre avocat, Me Emmanuel Pierrat, démonte un à un les arguments de la partie adverse, qui ne cite aucun passage diffamatoire et prétend que Camino 999 doit être considéré comme diffamatoire dans sa totalité. Me Pierrat réclame la relaxe et la condamnation aux dépens de l’Opus Dei.
21 novembre 2007. LE VERDICT : La Justice tranche. L’Opus Dei est déboutée et condamnée à nous verser 2000 euros de dommages-intérêts. L’affaire ne sera donc pas jugée sur le fond.
5 décembre 2007. L’OPUS DEI, MAUVAIS JOUEUR, FAIT APPEL : Pour des raisons qui nous échappent (souci revanchard de nous avoir fait de la publicité — alors que le but initial était bel et bien d’écraser une petite maison d’édition indépendante — et de nous occasionner de nouveau frais ?… souci chrétien de nous permettre de vendre quelques milliers d’exemplaires supplémentaires de Camino 999 ?… souci de ne pas perdre la face ?…) l’Opus Dei fait appel.
15 février 2008. LA CONSÉCRATION : Catherine Fradier, qui avait déjà obtenu le Grand prix de littérature policière 2006 pour La colère des enfants déchus, obtient avec Camino 999 le prix SNCF du polar français, décerné par plusieurs milliers d’internautes.
4 décembre 2008, 13h30. PROCÈS EN APPEL devant la Cour d’appel de Paris : Catherine Fradier, absente au procès en première instance, sera présente.