Qui sont les casseurs ?
À Vichy les 2, 3 et 4 novembre 2008, sous la garde de milliers de gendarmes-militaires harnachés et de policiers en uniforme et en civil, sont réunis ministres et personnalités pour parler de camps de rétention, de barbelés et d'exclusion.
La gauche plurielle, qui organise ce contre-sommet, négocie depuis début octobre le droit d'exprimer quelque chose. Le 3 novembre au matin, il y a même une dernière réunion avec les RG «sous la bulle» avec le sinistre Hortefeux. Il est attendu de 1000 à 1500 personnes, dont une poignée qualifiée d’agités. L’accord de soumission est clair : les RG expliquent que tous ceux qui seront sur les trottoirs et en queue de manif seront réprimés sans ménagement…
Malgré le blocage des cars dans différentes régions, nous serons entre 3000 et 4000 !
Le déroulement des événements étant connu et les témoignages sur le Net disponibles, venons-en à l’essentiel !
Les organisateurs et la presse parlent de «casseurs», d’une «poignée de casseurs»…
Comment ? Plusieurs milliers de flics et de militaires sur-équipés, présents à Vichy depuis trois semaines, n’auraient pas réussi à circonvenir quelques militants qui se sont défendus avec la haine au ventre ? Tout simplement parce que ces derniers étaient plus que les quelques dizaines annoncées et qu’ils ont bénéficié de l’aide de la plupart des manifestants !
Parmi tous ces gens qui parlent de «casseurs», qui s’est vraiment posé la question de savoir pourquoi il y a de la casse, et qui est responsable ? Parce qu’elle en a les moyens, l’organisation officielle aurait pu mobiliser beaucoup plus de monde. Elle aurait pu ainsi jouer son rôle, marginalisant la frange radicale en faisant la démonstration par le nombre qu’il y a encore un espace d’expression.
Cet espace d’expression existe-t-il encore ? Depuis des années, tout tend à démontrer que seul le rapport de force, et la violence qui en découle, sert de point de référence à toute la société. Toutes les protestations sans voitures qui brûlent n’ont pas d’écho dans les médias et aucune prise en considération de la colère. Les paysans cassent, les marins pêcheurs cassent, les routiers cassent, les habitants des banlieues cassent, les étudiants en grève cassent… Qu’ont-ils comme autre choix pour se faire entendre des gouvernements bourgeois qui cassent les salaires, la sécurité sociale, les retraites, les services publics, la santé, etc. ? Qui casse le plus ? Et avons-nous un autre choix pour nous faire entendre que de casser ? Il y aurait soit-disant le vote ? Mais quand nous votons NON à l’Europe du capital, notre vote est cassé. Personne n’en tient compte, ni à droite, ni à gauche, nulle part ! Tous ceux qui parlent des «casseurs» ont commémoré l’anniversaire de 1968. Ont-ils oublié, ont-ils la mémoire courte au point de ne pas se rappeler que c’est la «casse» qui a été l’élément premier et déterminant de la grève générale dès le 14 mai 1968 ?
La casse et la violence sont le résultat d’une situation bloquée au service des riches. Alors, oui, quel que soit notre âge, nous sommes tous des casseurs en puissance. Comment changer de société sans casser celle qui nous opprime au quotidien ? La haine et la colère ne sont pas génétiques ! La guerre des classes et des idées est une évidence. Ces milliers de policiers et de militaires dans Vichy qui n’attendent que le moment où leurs chefs vont les lâcher pour casser du manifestant, sont équipés pour la guerre civile. Et on voudrait nous faire croire qu’il faut tendre l’autre joue quand les libertés élémentaires ne sont plus respectées ? L’escalade est inévitable ! Elle est le choix des puissants et des riches qui gouvernent à leur profit. Nous nous battons pour ne pas nous soumettre, en tenant compte de ce qu’il y a en face. En face sont les militaires et les policiers qui tirent. Ceux qui parlent de casseurs ont choisi le camp du pouvoir et de la répression. Nous, nous parlons de résistance et de manifestants.
Les Amis de l’Égalité
Blois, le 6 novembre 2008.
À suivre…