La division, toujours la division
Religions, nations, ethnies, communautés, mise en concurrence de la victimisation : la division, toujours la division
Aujourd’hui, avant de proclamer son appartenance à la catégorie sociale des opprimés, on doit d’abord et avant tout se revendiquer d’une couleur de peau, d’une ethnie (traduire d’une race), d’un sexe, d’une préférence sexuelle (hétéro, homo, trans, bi ou queer) ou d’une religion déterminée. Quoi que ses dirigeants prétendent, la France est devenue de fait multiculturaliste. Elle est aussi devenue communautariste avec la complicité de toutes les forces politiques, de l’extrême droite à l’extrême gauche. Il est donc «normal» que cette marée identitaire imprègne les revendications de toutes les communautés imaginaires : homosexuels, lesbiennes, femmes, immigrés, Arabes, musulmans, juifs, Africains, etc. La liste est extensible à l’infini et peut se fragmenter aussi à l’infini : les homos musulmans, les juifs hétéros, les cathos transsexuels, les protestants travestis, les bouddhistes échangistes etc. Toutes les micro-identités se bâtissent des forteresses idéologiques au nom de la «tolérance» et du «respect».
Cette dynamique égoïste et répressive des lobbies, des communautés fondamentalement insensibles aux souffrances des autres communautés, cet arsenal juridique envahissant et omniprésent, loin de rapprocher les êtres humains ne font qu’éloigner les hommes et les femmes enfermés dans leurs identités imaginaires, obsédés par la préservation de l’identité et des intérêts (traduire la «pureté») de leur race, de leur ethnie, de leur religion, de leur genre. Le prétendu «respect des différences» n’est que le respect des murs que les ethnies et les religions, les hommes et les femmes construisent entre eux pour mieux se combattre et s’autodétruire. Tout cela est la racine même du délitement de la résistance populaire. Trop occupés à s’entre-discriminer sur des bases identitaires, les exploités oublient même leur capacité à s’auto-organiser pour lutter contre le capital pour qui l’intérêt majeur est de les enfermer dans le rôle de ceux qui produisent et qui obéissent —ou alors lorsque combativité il y a, qui collaborent— avec l’État et la bourgeoisie. Ce dont l’humanité a besoin ce n’est pas de plus de lois, plus de répression étatique, c’est de davantage de solidarité, de fraternité entre les exploités, entre les opprimés, quels que soient leur sexe, leur religion (ou leur absence de religion) ou leur ethnie d’origine.
Que ces fantasmées identités ne soient plus un outil de l’ennemi pour diviser les exploités, une barrière entre nous, comme peut l’être l’argent. Enrayer la guerre sociale en y semant la confusion et en divisant les dépossédés en ethnies et autres rôles sociaux, stratégie efficace. Ces divisions empêcheront toujours l’ensemble des exploités de s’unir pour mettre a bas cette société et donner corps à une société sans rapports de dominations, qu’ils soient économiques, sexistes, ageistes ou racistes. Elles ne peuvent nous mener qu’à la guerre civile par la concurrence des communautés ou à la paix sociale par le repli communautaire.
Aujourd’hui, il faut parler le langage communautaire ou ethnique — en clair racial — pour être entendu. Que l’on soit désireux d’attirer l’attention sur sa solitude ou son mal-être, ou que l’on soit victime d’une véritable discrimination, il faut avant tout susciter la compassion, jouer sur le registre des bons sentiments. De Chirac aux Jeunesses identitaires, de Le Pen à Dieudonné, SOS racisme et le MRAP, tous parlent le langage de l’ethnie (qui n’est qu’un mot politiquement correct pour la race) ou de la religion. Ils n’ont à la bouche que des mots qui divisent les exploités entre eux : «Blacks», «Blancs», «Beurs», «Gaulois», «Feujs», «pédés», «Renois», «gouines», «communauté juive», «communauté musulmane», «valeurs chrétiennes», etc. Tous ces mots incitent chacun à se replier sur une identité imaginaire, censée être radicalement différente et de fait, qu’on le veuille ou non, supérieure aux autres. Voilà le résultat des propagandes conjuguées, depuis trente ans, du Front national et de SOS racisme ; des associations juives, chrétiennes et musulmanes qui veulent remettre en cause ouvertement ou insidieusement l’absence de religion ; des féministes bourgeoises et carriéristes qui ont voulu remplacer la lutte des classes par la lutte des sexes à l’intérieur des classes ; de tous les «intellectuels», journalistes, «artistes» ou politiciens religionnaires qui envahissent l’espace public avec leur propagande religieuse.
Aujourd’hui, avant de proclamer son appartenance à la catégorie sociale des opprimés, on doit d’abord et avant tout se revendiquer d’une couleur de peau, d’une ethnie (traduire d’une race), d’un sexe, d’une préférence sexuelle (hétéro, homo, trans, bi ou queer) ou d’une religion déterminée. Quoi que ses dirigeants prétendent, la France est devenue de fait multiculturaliste. Elle est aussi devenue communautariste avec la complicité de toutes les forces politiques, de l’extrême droite à l’extrême gauche. Il est donc «normal» que cette marée identitaire imprègne les revendications de toutes les communautés imaginaires : homosexuels, lesbiennes, femmes, immigrés, Arabes, musulmans, juifs, Africains, etc. La liste est extensible à l’infini et peut se fragmenter aussi à l’infini : les homos musulmans, les juifs hétéros, les cathos transsexuels, les protestants travestis, les bouddhistes échangistes etc. Toutes les micro-identités se bâtissent des forteresses idéologiques au nom de la «tolérance» et du «respect».
Cette dynamique égoïste et répressive des lobbies, des communautés fondamentalement insensibles aux souffrances des autres communautés, cet arsenal juridique envahissant et omniprésent, loin de rapprocher les êtres humains ne font qu’éloigner les hommes et les femmes enfermés dans leurs identités imaginaires, obsédés par la préservation de l’identité et des intérêts (traduire la «pureté») de leur race, de leur ethnie, de leur religion, de leur genre. Le prétendu «respect des différences» n’est que le respect des murs que les ethnies et les religions, les hommes et les femmes construisent entre eux pour mieux se combattre et s’autodétruire. Tout cela est la racine même du délitement de la résistance populaire. Trop occupés à s’entre-discriminer sur des bases identitaires, les exploités oublient même leur capacité à s’auto-organiser pour lutter contre le capital pour qui l’intérêt majeur est de les enfermer dans le rôle de ceux qui produisent et qui obéissent —ou alors lorsque combativité il y a, qui collaborent— avec l’État et la bourgeoisie. Ce dont l’humanité a besoin ce n’est pas de plus de lois, plus de répression étatique, c’est de davantage de solidarité, de fraternité entre les exploités, entre les opprimés, quels que soient leur sexe, leur religion (ou leur absence de religion) ou leur ethnie d’origine.
Que ces fantasmées identités ne soient plus un outil de l’ennemi pour diviser les exploités, une barrière entre nous, comme peut l’être l’argent. Enrayer la guerre sociale en y semant la confusion et en divisant les dépossédés en ethnies et autres rôles sociaux, stratégie efficace. Ces divisions empêcheront toujours l’ensemble des exploités de s’unir pour mettre a bas cette société et donner corps à une société sans rapports de dominations, qu’ils soient économiques, sexistes, ageistes ou racistes. Elles ne peuvent nous mener qu’à la guerre civile par la concurrence des communautés ou à la paix sociale par le repli communautaire.
À bas les communautés imaginaires !
Non Fides, 31 octobre 2008.