Silence, on tue !

Publié le par la Rédaction


«Les rapports du ministère de l’Intérieur ne feront jamais état des centaines de nos frères abattus par les forces de police sans qu’aucun des assassins n’ait été inquiété.»
La Rumeur.

Les assassinats sont une pratique courante dans la police et la gendarmerie. En France depuis un an ce sont au moins 22 personnes qui ont été maltraitées à mort, descendues, fauchées, noyées par la police ou la gendarmerie ou poussées contre un mur lors d’une course poursuite avec ceux-ci. Comme d’habitude, aucun des tueurs ne fera de jour de prison. Ils sont protégés par leurs collègues, leur hiérarchie, leurs syndicats, les procureurs, la justice, souvent aussi par les maires des communes où se produisent ces crimes et bien sûr par le ministère de l’Intérieur.

L’assassinat en toute impunité est une pratique courante dans les corps de métier de la police et de la gendarmerie : depuis les rafles des anti-franquistes, des juifs, des tziganes et des homosexuels pendant le régime vichiste pour les déporter en camps de concentration, à l’assassinat de jeunes des quartiers populaires à la peau pas assez blanche, en passant par les centaines de crimes commis par les forces de l’ordre le 17 octobre 1961, les assassinats ne sont pas des «bavures» mais bien une pratique courante de la police et de la gendarmerie, qui ne s’est jamais arrêtée.

La quasi totalité de ces crimes reste impunie, la quasi totalité des tueurs ne passe pas un seul jour en prison.

Maurice Rajsfus, qui chapeaute l’OLP et rédige les bulletins Que fait la police ? rappelle que 196 cas de morts sous les balles de la police ont été recensés par lui dans la presse entre 1977 et 2001, ces morts étant majoritairement de jeunes mineurs, d’origine maghrébine, tués d’une balle dans le dos ou dans la nuque. Il évoque les meurtres mais aussi toutes ces «bavures par destination», provoquées par la peur de la police, qui accule au suicide, à la noyade, au refuge dans un transformateur électrique ou qui traumatise des familles hantées par les coups de pied dans une porte accompagnés de l’injonction «Ouvrez, police !»

Voici les crimes des «forces de l’ordre» recensés depuis novembre 2007 :
- Deux adolescents de 15 et 16 ans sont morts, à bord de leur mini-moto, après avoir été percutés par un véhicule de police en patrouille, le 25 novembre, vers 17 heures, à Villiers-le-Bel. (Source : Libération, 1er décembre 2007)
- Le 3 décembre 2007, dans l’Océan indien, une petite embarcation, avec à son bord une quarantaine de Comoriens, qui tentent de rejoindre l’île de Mayotte (seul territoire français de l’archipel des Comores), pour y trouver du travail, entre en collision avec une vedette de la PAF. Il y a deux morts et huit disparus. (Source : France 3, le 4 décembre 2007)
- Le 8 janvier, à Noisy-le-Sec (93), un Algérien sans papier est accompagné à son domicile, aux fins de perquisition. De façon tout à fait étonnante, l’homme, menotté dans le dos, aurait réussi à donner un «violent coup de boule» à l’officier censé le surveiller. Puis, tournant le dos à la baie vitrée, aurait pu faire coulisser la porte fenêtre — sans que l’on s’aperçoive de son manège — avant de sauter dans le vide, depuis le 9e étage de l’immeuble. Une certitude pour l’ex-mari de la compagne de la victime : «Ce n’est pas un suicide, c’est un meurtre. Comment aurait-il pu ouvrir les fenêtres s’il avait des menottes ?» Comme les policiers sont pleins de délicatesse, le corps est resté au pied de l’immeuble, de 11 heures à 13 heures, ses menottes ayant même été retirées. (Sources : Libération et Métro, 9 janvier 2008)
- Le 16 janvier, un médecin qui allait être mis en garde à vue, pour viol, au commissariat d’Asnières (92), demande à aller aux wc, où il se tire une balle dans le cœur. Naïvement, nous avions toujours cru que toute personne qui doit être placée en garde à vue se voit retirer ses lacets, sa cravate ou sa ceinture, après qu’on lui a fait vider ses poches. Alors que, pour cette affaire, l’IGS va être chargée d’une enquête, on apprend que le commissariat d’Asnières n’était pas pourvu de portique de sécurité — d’où cette arme introduite subrepticement dans les locaux de police. Toujours est-il que des zones d’ombre existent toujours quand il y a mort d’homme dans un commissariat. (Source : 20 Minutes, 16 janvier 2008)
- Le 24 janvier, un groupe de gendarmes s’applique à poursuivre le conducteur d’une voiture volée, à Neufchâteau (Vosges). Pris de panique le voleur cafouille, et stoppe sur un passage à niveau où un train est en vue. Aussitôt, les pandores, n’écoutant que leur courage, se transforment en «saute dessus», mais un autre train arrive, qui fauche tout à la fois la voiture du petit voleur et les gardiens de l’ordre publique. Bilan : quatre morts dont trois jeunes gendarmes. (D’après France Inter, 25 janvier 2008)
- Le 18 février, à Itteville (91), un «forcené», suivi depuis de nombreuses années pour des problèmes psychiatriques, qui venait de frapper sa mère, et la blesser, est abattu par un gendarme qui avait d’abord tenté de le maîtriser à l’aide d’un Taser. Faute d’y être parvenu, le pandore, s’estimant en légitime défense, face à un homme qui brandissait un couteau, a tiré sur lui à plusieurs reprises avec son arme de service. Dès le 19 février, le procureur de la République de l’Essonne annonçait que le flingueur était en situation de légitime défense. (Source : 20 Minutes, 19 et 20 février 2008)
- Dans la nuit du 29 février au 1er mars, dans une grande artère de Colmar, un véhicule, avec quatre jeunes à bord, est pris en chasse par des policiers de la BAC. La course-poursuite, conduite à vive allure, s’engage. Comme trop souvent, le conducteur, affolé, perd le contrôle de sa voiture, grille plusieurs feux rouges, dérape, et percute deux autres voitures. Comme d’habitude, la police n’est pas coupable, et nul gardien de l’ordre public ne se soucie qu’un simple délit de fuite ne mérite pas la peine de mort, abolie depuis 1981. Il n’en reste pas moins que deux garçons de moins de vingt ans ont laissé leur vie dans cette corrida ! (D’après France Inter, 1er mars 2008)
- Le 5 mars, à Demangelle (Haute-Saône), un gendarme voulait procéder à l’interpellation d’un Turc, à son domicile. Menacé d’une arme de poing et se sentant en légitime défense, le gendarme dégainait aussitôt, blessant gravement cet homme, aussitôt transporté en hélicoptère à l’hôpital de Dijon — son pronostic vital serait engagé de source médicale. (D’après Métro, 6 mars 2008)
- A Lille, le 13 mars un jeune homme de vingt ans, accusé de viol, s’est précipité du deuxième étage, après son interrogatoire, alors qu’il s’apprêtait à signer le procès-verbal d’audition. Il est grièvement blessé. Précision : l’homme venait d’être libéré de ses menottes et aurait profité d’une ouverture de 30 centimètres pour sauter dans le vide. (Source : Libération, 14 mars 2008)
- Le 14 août 2007, un médecin de Neuilly-sur-Seine (92) reçoit un coup de téléphone d’un commandant de police. L’information est des plus sobres : «Votre fils a pêté un plomb. Un fonctionnaire a dû faire usage de son arme. Il est mort…» Le mort avait 37 ans, et laissait deux enfants. La veille, cet homme, déprimé, s’était disputé violemment avec sa petite amie. Des voisins ayant cru bon appeler les forces de l’ordre pour régler ce problème domestique, les policiers arrivent en nombre, casqués et bouclier en main, pour appréhender le «forcené», à l’aide d’un Flash-ball. Pourtant, l’homme s’est déjà blessé lui-même, ce qui permet aux policiers de le suivre à la trace dans sa fuite. Il n’en reste pas moins qu’un brigadier-chef, équipé d’un gilet pare-balle lourd, sort son arme, la tient à deux mains, et tire — accidentellement, naturellement — et blesse mortellement cet homme affolé. Un an après, le flingueur n’est toujours pas mis en cause. (Source : Libération, 26 mars 2008)
- Le 4 avril, vers 14 heures, en gare du RER, à Joinville-le-Pont (94), des policiers de la BAC, assistent des fiers-à-bras du GPRS (Groupe de protection et de sécurité du réseau) aux sorties des portillons. Ils avisent un homme qui, après avoir validé son titre de transport, et les apercevant, marque un temps d’arrêt puis tourne les talons. Prié de présenter une pièce d’identité, il montre sa carte Navigo. Comme il ne dispose que de ce document, les policiers lui demandent de les accompagner. C’est alors que cet usager du RER détale en direction du pont de Joinville, à quatre cents mètres de là, avec à sa suite les policiers à qui il vient de fausser compagnie. Arrivé sur le pont qui surplombe la Marne, il se jette à l’eau. Il sera retrouvé quinze minutes plus tard dérivant sur le fleuve. Ramené sur la berge par les pompiers, son cœur ne bat plus et il est pris en charge par le SAMU. Ranimé, il est transporté dans un état critique à l’hôpital Lariboisière où il décédera rapidement. (D’après France-Info, France Inter et Le Parisien-Aujourd’hui, 5 avril 2008)
- Le 9 mai, dans l’après-midi, à Grasse (Alpes-Maritimes), suite à une altercation dans une agence bancaire, des policiers de la BAC, assistés par des policiers municipaux, interviennent en nombre et tabassent lourdement un jeune homme de 22 ans. Aux yeux des policiers, il a peut être tort de se prénommer Hakim. Au commissariat de Grasse, en dépit de la tentative de réanimation, des sapeurs-pompiers et du Samu, pendant plusieurs dizaines de minutes, malheureusement sans succès, le décès a été constaté… (Source : Libération, 12 mai 2008)
- Le 23 mai, à Draguignan, un gendarme tire sur un gardé à vue, lequel, menotté, tente de s’évader en sautant par une fenêtre. N’écoutant que son courage, avec un grand sens du devoir, le pandore, après la sommation d’usage, tire sept balles dont trois vont frapper dans le dos — et au thorax — un jeune gitan, âgé de 26 ans, père de trois enfants, qui va mourir peu de temps après dans un jardin proche. (Sources : France Info, 24 mai, images de France 2 et France 3, Libération, 26 mai 2008)
- Dans la nuit du 27 au 28 mai, rue du Faubourg Saint-Denis, dans le 10e arrondissement de Paris, trois jeunes ont été blessés par balles, dont un grièvement, au cours d’une rixe avec deux policiers de la BAC, affectés au service régional des transports. Ces deux brigadiers, en civil, qui n’étaient pas en service, avaient «bu plus que de raison» selon une source policière. Comme il n’est pas concevable que de respectables fonctionnaires d’autorité se battent comme des chiffonniers, et «défouraillent» tels des voyous, cette même source policière ajoutait : «L’enquête devra déterminer si la suite des événements procède du guet-apens de la part des jeunes ou de provocations de part et d’autre.» Toujours est-il que, se sentant en situation d’infériorité, l’un des deux policiers aurait effectué trois tirs de sommation en l’air, avant d’ouvrir le feu à plusieurs reprises sur les jeunes — l’un d’eux a été atteint aux reins et son pronostic vital est réservé. Un témoin, qui avait sans doute le tort de passer en voiture, et qui avait baissé sa vitre pour voir ce qui se passait s’est vu braquer un pistolet sur la tempe, sans la moindre explication. (Sources : Libération et France 3, le 30 mai 2008)
- Dans la soirée du 19 juin, dans le quartier de La Nacelle, à Corbeil-Essonnes (91) des policiers sont appelés pour un différent familial : le mari armé, menacerait ses proches. À l’arrivée des policiers, l’homme s’est déjà enfuit. Poursuivi, il est rejoint et aurait menacé les policiers, qui tirent cinq coups de feu, et tuent le «forcené» qui reçoit trois balles. En légitime défense, affirment les gardiens de l’ordre public, qui sont, malgré tout, placés en garde-à-vue. Comme à l’ordinaire, on fait savoir que l’homme était bien connu des services de police. (Sources : France Inter et France 3, 20 juin 2008)
- Le 14 juillet, dans le 11e arrondissement de Paris, trois policiers s’appliquaient à interpeller un homme qui brandissait un couteau. Un policier étant gravement blessé au cours de l’opération, les deux autres ouvraient le feu sur le «forcené», qui devait mourir de ses blessures (Sources : France 3, le 14 juillet et France 2, le 15 juillet 2008)
- Deux morts, à moto, suite à une course poursuite conduite par des policiers dans la nuit du 19 au 20 juin. Cela se passait à Cambrai (Nord). Certes, l’un des deux motards était ivre, et l’autre ne portait pas de casque. Cela méritait-il la peine de mort ? (Sources : L’Est Républicain, 21 juin et Le Canard Enchaîné, 25 juin 2008)
- Le 8 septembre, en fin de journée, dans le 12e arrondissement de Paris, un motard de la police, pris de boisson, renverse une personne qui traversait la chaussée sur un passage protégé. Le motard devait rouler à vive allure et le choc était si violent que la victime se retrouvera avec une jambe et un bras sectionnés — elle décèdera de ses blessures en arrivant à l’hôpital. Selon les témoins, le motard circulait sans avoir actionné son gyrophare et pas davantage sa sirène. Relevé de ses fonctions, le policier sera poursuivi pour homicide involontaire aggravé. Il n’en a pas moins été laissé en liberté, sous contrôle judiciaire. (Source : France 2, les 10 et 11 septembre 2008)
- Le 12 septembre, une femme de 40 ans décède dans une cellule de dégrisement dans un commissariat de police du 18e arrondissement de Paris. Interpellée pour «ivresse publique», puis conduite à l’hôpital où elle allait être vue par un médecin, qui signait un certificat de non-admission, cette personne était ensuite ramenée au commissariat où elle devait décéder une heure et demie plus tard. (Source : 20 Minutes, 15 septembre 2008)
- À Romans sur Isére le lundi matin 29 septembre, les policiers de la BAC de Romans ont poursuivis une voiture avec cinq adolescents à l’intérieur jusqu’à l’accident fatal. La voiture a été poussée à plusieurs reprises par l’arrière, par le véhicule de la BAC, alors qu’elle était en pleine lancée. Jusqu’à ce que la voiture conduite par un mineur de 16 ans aille s’encastrer dans un mur. Les heurts de l’arrière de la voiture ont vraisemblablement provoqué la perte du contrôle du véhicule conduit par le jeune Ilies. Celui-ci est mort, peu de temps après l’accident, trois des passagers ont été plongés dans le coma et un autre s’en est sorti avec de nombreuses blessures. (Source : Rebellyon.info)
Il n’est donc pas rare de tomber par la fenêtre d’un commissariat de police, de «se suicider» avec les menottes dans le dos, qu’une course-poursuite mettant en cause les forces de l’ordre se termine tragiquement ou encore que la police tue lorsqu’elle applique ses techniques pour «maîtriser» une personne.

Que fait la justice ?

Elle protège la police depuis longtemps. Pour l’Histoire rappelons qu’un seul juge a démissionné de ses fonctions sous le régime de Pétain, ce corps de métier avait déjà le sentiment d’appartenir à une classe sociale «bien dans ses bottes».

Structurellement les juges sont liés aux procureurs avec qui ils partagent leurs études, leurs bureaux et leurs fonctions (un procureur devient fréquemment juge et vis versa) ; et les procureurs doivent coopérer avec la police (qui coopère avec eux) pour exercer leur rôle de «défenseur» de la société, obtenir des informations et une participation des policiers à leurs requêtes (perquisitions, enquêtes, arrestations…). C’est pourquoi souvent le parquet ne peut se résoudre à qualifier les meurtres des policiers comme «homicide volontaire», mais seulement pour «coups et blessures ayant entraîné la mort, sans intention de la donner».

D’autre part on peut noter lors des trop rares procès des flics incriminés que le degré de preuves demandé dans des affaires mettant en cause des policiers est «sans commune mesure» avec les autres affaires. De leur côté les policiers évoquent souvent la légitime défense quand ils tuent.

Enfin il est certain que les juges et les procureurs partagent avec les flics le racisme dont sont victimes les personnes pas assez blanches et que les juges et les procureurs partagent un racisme social qui fait que la Justice défend bien la police alors qu’elle s’abat lourdement sur les jeunes des quartiers populaires.

Ces meurtres posent aussi le problème du port d’arme par des policiers qui ne sont pas en service et du droit des gendarmes de tirer sur un suspect ou un délinquant, après une simple sommation — sans être en situation de légitime défense (Cela en fonction d’une loi de 1903).

Que fait le gouvernement ?

Il ment. Souvenons nous qu’à la fin du mois d’octobre 2005, Zied et Bouna, morts électrocutés dans un transformateur électrique, à Clichy-sous-Bois (93), avaient été présentés par les autorités comme des petits délinquants, alors qu’ils s’enfuyaient à la vue des policiers. Près de trois ans plus tard, le tribunal de Pontoise a finalement admis «qu’aucune infraction n’a été constatée» contre ces jeunes accusés à tort d’avoir voulu piller une cabane de chantier, alors qu’ils revenaient d’une partie de football. Les déclarations officielles faites par un maire, un procureur ou un ministre de l’Intérieur, avant la fin de l’enquête, viennent offrir des «conclusions» non fondées au moment où elles sont faites.

Le 25 novembre 2007 à Villiers-le-Bel, alors que deux jeunes ont été tués, renversés par une voiture de police, les informations distillées par la police précisent que les deux jeunes circulaient sur une moto volée. Premier mensonge. Pour la procureure de la République de Pontoise, qui s’exprime avant même que la moindre enquête a débuté : «C’est un simple accident de la route.» Deuxième mensonge le 26 novembre, alors qu’a été abandonnée l’affirmation selon laquelle la mini-moto aurait été volée, les autorités policières s’appliquent désormais à vouloir démontrer que la capot du véhicule de police a été abîmé à coups de barres de fer, ce qui a pour but évident de faire croire que le choc n’aurait pas été tellement violent avec les deux victimes.

Il est important de noter que, dès le drame, et dans le calme, des jeunes du quartier montent une garde vigilante autour de la voiture des policiers, expliquant que c’est une pièce à conviction qu’il ne faut absolument pas déplacer, et qu’il faut garder en l’état pour l’édification des enquêteurs.

Rentré de Chine le 29 novembre, alors que la banlieue est redevenue calme, Nicolas Sarkozy s’applique à jeter de l’huile sur les braises fumantes. Sans faire dans le détail, il s’applique à décrire globalement les jeunes des quartiers «sensibles» tels les membres d’une «voyoucratie» organisée, menaçant les institutions. Laissant même entendre que toute une population serait sous la coupe de trafiquants de drogues. Le 4 décembre, pour mieux semer le doute, et la haine, entre les habitants de cette banlieue, la ministre de l’Intérieur, Michèle Alliot-Marie, justifie l’appel à la délation lancée par les autorités policières : «Cela est inscrit dans la loi», nous précise la première flic de France.

Il faut aussi dénoncer :
— Le refus systématique des policiers, des corps policiers de reconnaître leurs torts, d’exprimer des regrets et de formuler des excuses ;
— La rétention stratégique de certaines informations qui tenteraient de disculper les personnes mises en cause, tandis que celles favorables aux forces de l’ordre sont divulguées dans les médias par les corps policiers ;
— Les campagnes médiatiques visant à discréditer les personnes ou groupes qui critiquent publiquement la police lors de ces événements (appellées alors les «casseurs», les «émeutiers»…).
Ces cas extrêmes ne doivent pas faire oublier les violences et les vexations quotidiennes que constituent les contrôles au faciès ou à répétition, les fouilles humiliantes, les injures, les menaces et les différents degrés de violence physique, de la bousculade au passage à tabac.

Il est grand temps de réduire les budgets de la police pour mettre l’argent où on en a réellement besoin : dans les services sociaux, la santé, l’éducation, le logement, etc.

Rebellyon, 24 octobre 2008.


Cet article n’aurait pu être rédigé sans :
- Assassinats de la police 1970-2000 sur le (désormais inaccessible) site du groupe de rap Assassins
- Cinq ans d’impunité policière (1997-2002) sur le site Les mots sont importants
- Les compte rendus de procès et les interviews du groupe de rap La Rumeur sur le site À contre sens
- Enquête sur 40 personnes tuées par la police de Montréal en 20 ans sur le site de l’agence d’actualités par, pour et au sujet des anarchistes
- Et bien sûr le bulletin «Que fait la police ?» de l’Observatoire des libertés publiques
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