Les sans-papiers ne sont pas dangereux, ils sont en danger
Si nous luttons au côté des sans-papiers, hommes et femmes, avec ou sans travail, pour leur régularisation, ce n’est pas par charité mais par solidarité.
C’est parce qu’avec ou sans papiers, nous subissons toutes et tous la même exploitation. L’économie libérale a pour condition nécessaire à son bon fonctionnement, la mise en concurrence des travailleurs-ses du monde entier. La décision de priver les personnes de papiers permet de garder une pression sur l’ensemble des ouvrier-ères et de garantir les profits de secteurs entiers de l’économie. Les sans-papiers existent parce qu’ils/elles ont une utilité pour le capitalisme. L’objectif n’est donc pas «l’immigration zéro» mais «l’immigration choisie». Il s’agit de contrôler les flux en fonction des besoins du patronat, surtout dans les secteurs d’activité «non délocalisables», ménages, bâtiment, restauration, etc.
Les différences de statuts, associées à un discours xénophobe, divisent les prolétaires entre eux pour les empêcher de se battre ensemble contre leurs exploiteurs.
«Gauche» et droite ont appliqué, sous couvert de valeurs républicaines, une politique raciste, visant à présenter les immigrés, sans-papiers ou non, comme des éléments inassimilables, comme les responsables de l’insécurité, comme la cause du chômage. Les cibles privilégiées de cette stigmatisation sont toujours les pauvres, les exploité(e)s, ceux et celles qui n’ont pas la bonne couleur de peau et la bonne religion.
À terme, nous serons tous inévitablement au mauvais endroit, au mauvais moment. Cela commence déjà avec la criminalisation des soutiens et cela légitime toutes les politiques de contrôle et de répression de la population.
► La liberté de circulation et d’installation ne peut signifier un progrès que si une réelle remise en cause du capitalisme, qui par essence est incapable de pourvoir aux besoins humains comme à ceux de la planète, l’accompagne.
► Si nous luttons aux côtés des sans-papiers, hommes et femmes, c’est aussi parce que — en tant qu’anarchistes et anarcho-syndicalistes — dans notre conception du monde, États, nations et frontières n’ont lieu d’être. Pour penser une réelle liberté de choix à aller et venir, il faut exiger l’égalité à l’échelle mondiale.
► Affirmer ces positions, c’est refuser tout paternalisme vis-à-vis des luttes de sans-papiers, ne pas décider à leur place, ne pas faire pression pour faire entrer leurs revendications dans le cadre de lois toujours plus restrictives. C’est défendre les revendications élaborées par les sans papiers eux-mêmes et l’autonomie des luttes des collectifs de sans papiers, comme celles menées actuellement en région parisienne.
Arrêt des expulsions
Fermeture des centres de rétention
Régularisation de tous les sans-papiers
Liberté de circulation et d’installation
Fermeture des centres de rétention
Régularisation de tous les sans-papiers
Liberté de circulation et d’installation
Groupe anarchiste bordelais, Cercle Jean Barrué
de la Fédération anarchiste, CNT Aquitaine, 18 octobre 2008.