Un bar fribourgeois démoli par un commando antifasciste

Publié le par la Rédaction


Une trentaine de casseurs ont fracassé samedi soir le bistrot insolite «Elvis et moi». Personne n’a été blessé, mais les dégâts se chiffrent à des dizaines de milliers de francs. L’acte a été revendiqué hier soir : il s’agirait d’un règlement de comptes.

«Je n’ai pas dormi de la nuit.» Valentine Jaquier, patronne du bar Elvis et moi à Fribourg, a la voix qui tremble. Sous le choc, elle parvient tout de même à raconter l’agression qui, samedi soir, a provoqué la peur de sa vie.

Aux alentours de 20 h 20, alors qu’elle prépare une soirée privée durant laquelle doit se dérouler un concert gothique, une trentaine de casseurs s’attaquent à son bistrot. Vêtus de cagoules, ils brisent les vitrines extérieures à l’aide de battes et de matraques. Une fois à l’intérieur, ils s’en prennent au mobilier. «Ils ont tout fracassé, raconte la tenancière. J’ai bien essayé de crier pour les en empêcher, mais ils m’ont menacée avec un tabouret. Par chance, ils ne m’ont pas touchée et aucune des personnes présentes n’a été blessée.»


Cinq minutes à peine après le début de l’attaque, une patrouille de police arrive sur les lieux, rue de Morat. Mais face à la violence du groupe, les policiers ne peuvent que reculer. Pour faire diversion, les antifas lancent alors une bombe lacrymogène dans le bar et s’évadent.

Dans leur course, ils se retrouvent nez à nez avec une autre patrouille de police. Qu’ils attaquent également. Se servant de sprays au poivre, les agents parviennent à attraper un des agresseurs. Mais les autres antifas n’entendent pas abandonner leur camarade. Rebroussant chemin, ils agressent une nouvelle fois les policiers et parviennent à libérer leur compagnon. Puis s’enfuient. Trente policiers sont lancés à leurs trousses. Tous les trains au départ de Fribourg sont stoppés jusqu’à 21 heures afin de mettre en place un contrôle. En vain. Le groupe disparait dans la nature.

Des casseurs d’un groupe d’extrême gauche

«Mais pourquoi un tel acte de haine gratuite, s’interroge à présent Valentine Jaquier. Je n’ai reçu aucune menace. Ils m’ont pris par surprise.» Pour la police cantonale fribourgeoise, l’attaque a été préparée avec minutie. «Nous pensons que c’était un règlement de comptes, une opération coup-de-poing», explique Benoît Dumas, porte-parole.

Un scénario qui semble se confirmer. Hier soir, alors que la police lançait des appels à témoins, le groupe a revendiqué son geste. Dans un communiqué, ceux qui se font appeler «Antifaschistische Aktion, Kommando nazifreie Subkultur» expliquent avoir voulu s’en prendre au groupe de musiciens qui devait jouer samedi dans le bar. Ce commando, apparemment Suisse alémanique, affirme que le groupe gothique est d’extrême droite et que Soleil Noir, l’association coorganisatrice de la soirée, entretient des «contacts avec les milieux néonazis». Une affirmation que l’association dément sur son site Internet, où elle se dit «apolitique».

Pour la police, le commando de casseurs est en lien avec des militants d’extrême gauche issus de la scène punk. «Mais nous n’entrerons pas dans un quelconque conflit idéologique, poursuit Benoît Dumas. Nous nous baserons sur des preuves. Et l’ADN ne trompe pas.» Reste que Valentine Jaquier ne comprend pas. «J’ai déjà organisé plusieurs soirées gothiques avec Soleil Noir, et je n’ai jamais eu de problème.»

Aujourd’hui, la patronne tente de remettre en état son bar insolite, voué à Elvis Presley et au kitsch. Selon elle, les dégâts s‘élèvent à plusieurs dizaines de milliers de francs. Sans compter le tort moral. «Ce bar, c’est mon bébé, confie-t-elle. Je ne sais pas encore comment, mais je compte bien rouvrir dès mardi.»

Nadine Haltiner - 24 Heures, 13 octobre 2008.


Voir aussi : Nach Antifa-Aktion: »Soleil Noir« denkt über Auflösung nach

Publié dans Agitation

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