Jörg Haider roulait trop vite
Le leader autrichien d’extrême-droite est mort ce matin dans un accident de voiture. Selon l’enquête, il conduisait au dessus de la vitesse autorisée.
Une vitesse excessive est à l’origine de l’accident de la route qui a coûté la vie samedi 11 octobre au dirigeant populiste autrichien Jörg Haider, selon les premiers éléments de l’enquête. Jörg Haider, 58 ans, conduisait «nettement plus vite» que les 70 km/h autorisés à l’endroit où s’est produit le drame, une zone semi-urbanisée, a indiqué le responsable de l’enquête, Ernst Friessnegger.
Plusieurs tonneaux
Le dirigeant autrichien a perdu le contrôle de son véhicule peu après 01h00 samedi alors qu’il quittait un faubourg de la banlieue sud de Klagenfurt, la capitale de la province de Carinthie dont il était le gouverneur. Victime de graves blessures à la tête, à la poitrine et à la colonne vertébrale, Jörg Haider, qui était seul à bord et portait sa ceinture de sécurité, est décédé au cours de son transport à l’hôpital de Klagenfurt, a indiqué le directeur de l’établissement, Thomas Koperna. Son véhicule, une Volkswagen Phaeton de fonction, a quitté la route pour une raison indéterminée, heurtant un poteau de clôture en béton et une bouche d’incendie avant de faire plusieurs tonneaux, selon la police. Les secours ont été immédiatement prévenus par une automobiliste que le leader d’extrême droite avait doublée peu auparavant.
Il avait déjà eu un accident en 1993
Selon son porte-parole Stefan Petzner, le dirigeant quittait Klagenfurt pour se rendre dans sa propriété de Bärental, à une trentaine de kilomètres au sud, où il voulait célébrer le 90e anniversaire de sa mère. Amateur de voitures puissantes, M. Haider avait déjà eu un grave accident de la route en mars 1993, également dans le cadre d’une visite au Bärental. Son véhicule était alors passé par-dessus un talus et avait renversé un poteau télégraphique. L’auto avait été détruite mais M. Haider s’en était tiré avec une simple bosse, à la grande surprise des secours.
Retour remarqué sur la scène politique
Ancien chef du Parti de la liberté (FPÖ), Jörg Haider, 58 ans, était revenu sur le devant de la scène politique à la tête de la formation également populiste de l’Alliance pour l’avenir de l’Autriche (BZÖ), grâce aux élections législatives anticipées du 28 septembre. Son parti avait alors remporté 11% des suffrages, tandis que l’extrême droite dans son ensemble réunissait quelque 30% des voix. Ce sursaut de l’extrême droite autrichienne, associé au retour sur le devant de la scène politique de Jörg Haider, avait provoqué un tollé dans tous les pays européens. Lors du précédent scrutin en 2006, le parti avait péniblement franchi la barre des 4% nécessaire pour entrer au Parlement.
Déclarations xénophobes et antisémites
Jörg Haider s'était fait connaître hors d'Autriche en 1999 en remportant 27% des voix aux élections législatives avec le FPÖ. Ce succès avait permis au FPÖ d’entrer au gouvernement mais il avait aussi soulevé une vague de protestation dans l’Union européenne, qui avait mis l’Autriche au ban du bloc pendant plusieurs mois. Gouverneur de la province de Carinthie (sud-est) depuis 1999, Jörg Haider, dont la forte et controversée personnalité marque la vie politique autrichienne des vingt dernières années, avait quitté la scène nationale en 2000. Il jouait néanmoins toujours un rôle important, donnant son tonitruant avis sur toutes les questions politiques du moment, de la nécessité de baisser les prix des carburants à un net durcissement vis-à-vis des immigrés, accusés de tous les maux, en passant par la dénonciation permanente de «la corruption des grands partis». Habitué des déclarations xénophobes et à coloration antisémite, enclin à apprécier la politique hitlérienne du travail, Jörg Haider avait considérablement baissé le ton ces derniers temps.
Le Nouvel Observateur, 12 octobre 2008.