Marina Petrella ne sera pas extradée
Nous apprenons avec joie et un grand soulagement la décision annoncée par le Président de la République française de renoncer à l’extradition de Marina Petrella en application de la clause humanitaire. Cette juste décision permettra à Marina de retrouver sa famille, se soigner et, nous l’espérons, de reprendre le chemin d’une vie engagée en France depuis plus de quinze ans.
Nous remercions toutes celles et ceux que se sont engagés depuis le mois d’août 2007 et qui ont permis ce dénouement de la raison et du cœur. Nous n’oublions pas la situation des autres réfugiés italiens en France. Cet espoir d’une vie retrouvée pour Marina doit indiquer la voie d’une solution politique qui reconnaisse définitivement leur présence en France. Nous invitons toutes celles et ceux qui ont accompagné notre combat de nous retrouver pour un rassemblement de solidarité le 16 octobre à Beaubourg à 18 heures 30.
Les collectifs de soutien à Marina Petrella, 12 octobre 2008.
Liberté pour Marina Petrella
Suite à la réunion d’information sur la réfugiée politique italienne Marina Petrella qui s’est tenue à la librairie la Gryffe le 4 octobre, nous avons dégagé un certain nombre de points.
Marina a été arrêtée malgré la nouvelle vie qu’elle s’était construite depuis qu’elle vit en France. Quinze ans durant, elle a partagé le même destin que de nombreux exilés italiens en France. Elle bénéficiait de la protection informelle que constituait la parole donnée par le gouvernement français en 1982, contre l’assurance d’un abandon de la lutte armée de la part des exilés italiens. Ce qui détruit aujourd’hui Marina, c’est de constater que trente ans plus tard, elle est encore traitée comme une terroriste puisque cette parole donnée est aujourd’hui remise en cause par l’arrêté d’extradition pris à son encontre.
D’où provient cet acharnement judiciaire ? D’une histoire italienne impossible à solder ? D’un pouvoir de droite qui veut se faire bien voir d’un gouvernement de sensibilité politique proche en Italie ?
Nous pensons plutôt qu’il s’agit d’un nouveau type de pouvoir politique qui ne sait plus prononcer d’amnistie, cette amnistie dont ont bénéficié les communards de 1870, les fascistes de l’après-guerre, les mutins d’Algérie et de l’OAS.
Nous pensons qu’il s’agit aussi d’une autre justice qui n’est plus celle qui tient compte du temps qui passe, du contexte, de la dangerosité réelle des personnes poursuivies, bref une justice qui n’est plus une médiation entre les parties en présence, mais une justice unilatérale en faveur des droits des victimes.
C’est pour cela que nous sommes obligés d’en appeler à l’application de la clause humanitaire correspondant à un décret de 1957 à propos des procédures d’extradition qui a déjà été utilisé par Rocard en 1991 au bénéfice d’un autre réfugié italien. Ce cas pourrait donc faire jurisprudence et fonctionner comme porte de sortie pour nos dirigeants face à l’imbroglio judiciaire et politique créé par la demande d’extradition de l’Italie pour Marina.
Cette situation est particulièrement pathogène et Marina n’ira mieux qu’avec la fin de cette épée de Damoclès que représente le risque toujours renouvelé d’une procédure d’extradition. C’est une condition absolument nécessaire à son rétablissement physique et moral.
Notre lutte pour Marina n’est certes pas radicale puisque nous nous adressons à l’État pour demander la libération d’une (ancienne) ennemie de l’État, mais le rapport de force actuel fait qu’il ne faut pas se priver des moyens de pression institutionnels quels qu’ils soient et les utiliser ne veut pas dire que l’on se limite à ce type de lutte. Une lutte qui ne se réduit d’ailleurs pas au cas de Marina, mais concerne aussi la justice et les prisons en général. Il n’empêche qu’aujourd’hui c’est la situation de Marina qui nous préoccupe et il nous semble qu’il y a un biais juridique qui peut permettre de déboucher sur une victoire, certes partielle quand on voit le sort subi par Rouillan, mais une victoire quand même.
Pour le moment, le soutien est difficile à organiser. Il semble que les militants soient finalement peu sensibilisés à la singularité italienne, à ses dix ans de lutte dans les années 60-70. Cela paraît de l’histoire ancienne qui plus est étrangère ; les groupes politiques formels ou informels ont tous leur avis sur la période et sur la lutte armée, au point qu’ils en oublient, que le minimum, après une défaite, c’est de se battre pour que personne ne reste en prison.
Cette histoire de Marina, ce n’est donc pas que du passé, c’est aussi un présent, qui peut tous nous concerner dans une lutte engagée pour que vive Marina Petrella.
Le comité Drome-Ardèche-Lyon
pour la pleine liberté de Marina Petrella
Le Laboratoire, 11 octobre 2008.