Pas un amalgame, un parallèle nécessaire !
Il n’est pas rare de lire sur les sites d’information des commentaires outrés de bons républicains que le parallèle entre la politique actuelle d’immigration et le régime de Vichy offusque. Pauvres républicains qui, totalement désinformés de la question, débarquent sur Internet et manquent de perdre leur glotte lorsqu’ils entendent dire que nos flics se comportent comme des fachos. «Ah non ! Vous ne pouvez pas comparer ! Ce discours vous décrédibilise, c’est ridicule ! On ne peut pas comparer Sarkozy à Pétain…» D’abord j’aimerais savoir vis-à-vis de qui on peut bien se décrédibiliser ? Face à cette masse informe d’électeurs qui boivent la vérité depuis leur téléviseur ? Ces milliers de gens suspendus aux ébats médiatiques de Nicolas et Carla ? Ou encore les millions de gens qui ont voté pour la personne la plus apte à détruire leur république si chère ?
Notre jolie société marche sur la tête. Ça fait longtemps que les pendules se dérèglent et qu’il est devenu vain de tenter de les remettre à l’heure. Je me propose de donner depuis un certain temps un coup de pouce dans le pendule pour qu’il fasse disjoncter les aiguilles du cadran…
Non, effectivement, Pétain n’est pas (encore) revenu. Non, effectivement, nos flics ne sont pas des nazis, nos préfets ne sont pas des collabos au sens historique du terme. Non, il n’existe pas encore de lois racialistes. Non, le salut romain n’a pas remplacé les bonnes vieilles poignées de main. Non, Sarkozy ne voue pas un culte secret à Hitler. Non, non et encore non ! Mais qui diable a dit ça ? Aucun militant raisonnable n’a jamais (du moins je crois) fais une comparaison de ce style ! On se contente de prévenir, de faire des parallèles, de pointer du doigt de dangereuses similitudes et un glissement progressif vers une société xénophobe. Et j’utilise bien le terme «xénophobe», pas «raciste». Quand nos détracteurs crient à l’amalgame, ce sont eux qui le font ! Qu’ils dépoussièrent leur dictionnaire, qu’ils révisent la langue française :
— Quand on dit «les flics se comportent comme des fachos», on ne dit pas «sont des fachos» (bien qu’une part d’entre eux le soient). Quand on dit qu’un flic est un facho, c’est sans doute que la multiplication d’actes fascistes de sa part et la satisfaction avec laquelle il les commet font de lui un facho. Notons que facho désigne aujourd’hui un partisan de l’extrême droite xénophobe, et non un «fasciste» au sens historique et politique. Je conçois qu’il serait donc plus juste de dire «pétainiste».
— Quand un flic cogne un sans papiers ou un migrant pour le simple fait qu’il se déplace sans papiers, c’est une attitude fasciste. On ne dit pas que le flic est un fasciste, on dit que ce qu’il fait ou ce qu’il a l’ordre de faire, est fasciste. Cela signifie que l’éthique et le respect de la personne sont laissées au placard, au nom d’une idéologie ou d’un système.
— Quand on utilise «Vichy» plutôt que «IIIe Reich» pour désigner notre système d’immigration actuel, c’est peut-être justement parce qu’on distingue la «collaboration au crime» et «le crime en lui-même». Pourquoi la justice distinguerait-elle «meurtre» et «complicité de meurtre» et pas nous ? Expulser un sans papiers vers certains pays, c’est le condamner à mort. On aura beau se laver les mains, le fait est là.
— Quand on compare nos lois en termes d’immigration aux lois de Vichy, c’est sans doute parce que tout est fait pour marquer toujours plus distinctement les personnes ostracisées (à la place des listes de juifs, le fichage biométrique des étrangers sans papiers). C’est aussi peut-être parce qu’on criminalise des gens sous le seul prétexte qu’ils n’ont pas de paperasse dans leur poche. C’est sans doute parce qu’on les emprisonne en camps (appelez ça «centres de rétention» si ça vous réconforte) pour 1 à 18 mois comme s’ils avaient commis un crime, alors qu’ils ne font que fuir leur misère… Toutes ces choses qui semblent banales à certains (nombreux ?) ne sont pas autre chose que des atteintes graves aux droits humains, au respect de la dignité humaine. Organisées dans le cadre d’une loi par un État, ça devient du pétainisme.
Et puis voila que le gouvernement lui-même choisit Vichy comme lieu pour tenir son sommet européen sur l’intégration (ne jouons pas les mots, il s’agit bien d’un sommet sur la lutte contre l’immigration : cela fait 30 ans que les politiques prétendent nous berner par ce tour de passe-passe linguistique). Ultime provocation ? Maladresse ? Ignorance ? Comment qualifier cette entourloupe ministérielle ? On voudrait guérir le passé qu’on choisirait ce lieu pour organiser un sommet sur la liberté de circulation ou sur quelque chose de moins ambigü et moins conoté que le thème de l’immigration, surtout lorsqu’on sait qu’elle repose aujourd’hui essentiellement sur l’enfermement et l’expulsion des étrangers, mais nos gouvernements semblent avoir fait à nouveau le choix du scandale et de la confrontation !
D’ailleurs il semblerait que la confrontation aura lieu, puisque de nombreuses personnes en France ne souhaitent pas qu’on fasse renaître insidieusement parmi la population les attitudes collaborationnistes qui firent le succès du régime de Vichy. Banaliser des comportements antisociaux qu’on s’est efforcé de combattre depuis la fin de la guerre pour se préserver d’un retour de la xénophobie généralisée, c’est un pousse-au-crime qu’il est temps de contrer avec la plus grande virulence ! Commémorer les morts en déportation et admettre simultanément qu’on place à nouveau en camps une catégorie de population jugée indésirable, c’est jouer un jeu dangereux qui réhabilitera Pétain et Laval bien plus vite qu’on ne croit.
L’extrême-droite reprend suffisament de place dans l’espace public pour que les grands partis et les gouvernants ne leur donnent pas du grain à moudre supplémentaire. Si l’on prend pour exemple les identitaires, on s’aperçoit que de plus en plus ceux-ci adoptent le double-discours hypocrite de la droite classique, prétendant d’un côté qu’ils ne sont pas racistes et de l’autre défendent la théorie bien connue du «chacun chez soi». Ne nous trompons pas, le racisme répond à une volonté de classer, de «catégoriser les êtres humains d’après des critères identitaires considérés comme spécifiques et sur lesquels il est porté des jugements de valeur».
Et les identitaires sont les premiers à le faire : dans ses discours, le président des Jeunesses Identitaires Philippe Vardon alterne aisément critique de l’immigration et préjugés réducteurs sur les étrangers, notamment depuis le lancement de leur campagne «ni violée, ni voilée» qui assimile de fait musulmans et criminels. Mais lorsque les collectifs anti-fascistes organisent des manifestations contre l’installation de cercles identitaires dans les quartiers, mettant en garde contre la légalisation des organisations racistes, les identitaires prétendent se joindre aux rassemblements, jouant subtilement le jeu consistant à se placer en dehors du champ visé, pour se légitimer auprès de populations globalement hostiles aux discours xénophobes.
En biaisant leurs discours de cette façon, ils espèrent obtenir davantage d’audience et se faire accepter dans nos villes. C’est vis-à-vis de ça qu’il faut être extrêmement vigilant : plus que de seulement crier au racisme, il faut surtout expliquer en quoi les identitaires sont racistes. Le Front National nous a déjà suffisament joué le jeu de policer son discours de façade pour mieux tromper les foules, pour qu’il ne faille pas laisser aux identitaires la possibilité de l’emporter avec les mêmes stratégies !
Il est nécessaire de rappeler à la fois en quoi les politiques d’immigration actuelles sont racistes, mais également pourquoi les discours officiels de la droite le sont, jouant sur le terrain à la fois subtil et trompeur de la droite dure (extrême droite) et légitimant des modes de pensée toujours plus discriminants à l’égard des étrangers, qu’ils soient sans papiers ou non, voire même s’ils sont nés en France. Les méthodes de gestion des flux migratoires, et donc de l’espace de vie dans lequel nous vivons, doivent être mis en parallèle avec les méthodes adoptées par le régime de Vichy pour contribuer à la gestion de «l’espace vital européen» entreprise par les régimes racistes de l’époque : il s’agit à nouveau de «nettoyer» un territoire de ses éléments extérieurs par une politique d’ostracisme et de déplacement de populations.
Replaçons-nous dans le contexte de la signature de la convention de Genève en 1951, qui visait à se prémunir des politiques discriminatoires vécues durant la seconde guerre mondiale, et veillons (et c’est le minimum de ce que nous avons à faire, étant donné que ces textes contiennent de nombeuses lacunes et compromissions) à ce qu’aucune mesure n’aille à l’encontre de ces principes !
Cessons de nous offusquer naïvement, le parallèle est tout a fait légitime ! C’est pour cette raison qu’il faudra se rendre à Vichy le 3 novembre prochain !
Notre jolie société marche sur la tête. Ça fait longtemps que les pendules se dérèglent et qu’il est devenu vain de tenter de les remettre à l’heure. Je me propose de donner depuis un certain temps un coup de pouce dans le pendule pour qu’il fasse disjoncter les aiguilles du cadran…
Non, effectivement, Pétain n’est pas (encore) revenu. Non, effectivement, nos flics ne sont pas des nazis, nos préfets ne sont pas des collabos au sens historique du terme. Non, il n’existe pas encore de lois racialistes. Non, le salut romain n’a pas remplacé les bonnes vieilles poignées de main. Non, Sarkozy ne voue pas un culte secret à Hitler. Non, non et encore non ! Mais qui diable a dit ça ? Aucun militant raisonnable n’a jamais (du moins je crois) fais une comparaison de ce style ! On se contente de prévenir, de faire des parallèles, de pointer du doigt de dangereuses similitudes et un glissement progressif vers une société xénophobe. Et j’utilise bien le terme «xénophobe», pas «raciste». Quand nos détracteurs crient à l’amalgame, ce sont eux qui le font ! Qu’ils dépoussièrent leur dictionnaire, qu’ils révisent la langue française :
— Quand on dit «les flics se comportent comme des fachos», on ne dit pas «sont des fachos» (bien qu’une part d’entre eux le soient). Quand on dit qu’un flic est un facho, c’est sans doute que la multiplication d’actes fascistes de sa part et la satisfaction avec laquelle il les commet font de lui un facho. Notons que facho désigne aujourd’hui un partisan de l’extrême droite xénophobe, et non un «fasciste» au sens historique et politique. Je conçois qu’il serait donc plus juste de dire «pétainiste».
— Quand un flic cogne un sans papiers ou un migrant pour le simple fait qu’il se déplace sans papiers, c’est une attitude fasciste. On ne dit pas que le flic est un fasciste, on dit que ce qu’il fait ou ce qu’il a l’ordre de faire, est fasciste. Cela signifie que l’éthique et le respect de la personne sont laissées au placard, au nom d’une idéologie ou d’un système.
— Quand on utilise «Vichy» plutôt que «IIIe Reich» pour désigner notre système d’immigration actuel, c’est peut-être justement parce qu’on distingue la «collaboration au crime» et «le crime en lui-même». Pourquoi la justice distinguerait-elle «meurtre» et «complicité de meurtre» et pas nous ? Expulser un sans papiers vers certains pays, c’est le condamner à mort. On aura beau se laver les mains, le fait est là.
— Quand on compare nos lois en termes d’immigration aux lois de Vichy, c’est sans doute parce que tout est fait pour marquer toujours plus distinctement les personnes ostracisées (à la place des listes de juifs, le fichage biométrique des étrangers sans papiers). C’est aussi peut-être parce qu’on criminalise des gens sous le seul prétexte qu’ils n’ont pas de paperasse dans leur poche. C’est sans doute parce qu’on les emprisonne en camps (appelez ça «centres de rétention» si ça vous réconforte) pour 1 à 18 mois comme s’ils avaient commis un crime, alors qu’ils ne font que fuir leur misère… Toutes ces choses qui semblent banales à certains (nombreux ?) ne sont pas autre chose que des atteintes graves aux droits humains, au respect de la dignité humaine. Organisées dans le cadre d’une loi par un État, ça devient du pétainisme.
Et puis voila que le gouvernement lui-même choisit Vichy comme lieu pour tenir son sommet européen sur l’intégration (ne jouons pas les mots, il s’agit bien d’un sommet sur la lutte contre l’immigration : cela fait 30 ans que les politiques prétendent nous berner par ce tour de passe-passe linguistique). Ultime provocation ? Maladresse ? Ignorance ? Comment qualifier cette entourloupe ministérielle ? On voudrait guérir le passé qu’on choisirait ce lieu pour organiser un sommet sur la liberté de circulation ou sur quelque chose de moins ambigü et moins conoté que le thème de l’immigration, surtout lorsqu’on sait qu’elle repose aujourd’hui essentiellement sur l’enfermement et l’expulsion des étrangers, mais nos gouvernements semblent avoir fait à nouveau le choix du scandale et de la confrontation !
D’ailleurs il semblerait que la confrontation aura lieu, puisque de nombreuses personnes en France ne souhaitent pas qu’on fasse renaître insidieusement parmi la population les attitudes collaborationnistes qui firent le succès du régime de Vichy. Banaliser des comportements antisociaux qu’on s’est efforcé de combattre depuis la fin de la guerre pour se préserver d’un retour de la xénophobie généralisée, c’est un pousse-au-crime qu’il est temps de contrer avec la plus grande virulence ! Commémorer les morts en déportation et admettre simultanément qu’on place à nouveau en camps une catégorie de population jugée indésirable, c’est jouer un jeu dangereux qui réhabilitera Pétain et Laval bien plus vite qu’on ne croit.
L’extrême-droite reprend suffisament de place dans l’espace public pour que les grands partis et les gouvernants ne leur donnent pas du grain à moudre supplémentaire. Si l’on prend pour exemple les identitaires, on s’aperçoit que de plus en plus ceux-ci adoptent le double-discours hypocrite de la droite classique, prétendant d’un côté qu’ils ne sont pas racistes et de l’autre défendent la théorie bien connue du «chacun chez soi». Ne nous trompons pas, le racisme répond à une volonté de classer, de «catégoriser les êtres humains d’après des critères identitaires considérés comme spécifiques et sur lesquels il est porté des jugements de valeur».
Et les identitaires sont les premiers à le faire : dans ses discours, le président des Jeunesses Identitaires Philippe Vardon alterne aisément critique de l’immigration et préjugés réducteurs sur les étrangers, notamment depuis le lancement de leur campagne «ni violée, ni voilée» qui assimile de fait musulmans et criminels. Mais lorsque les collectifs anti-fascistes organisent des manifestations contre l’installation de cercles identitaires dans les quartiers, mettant en garde contre la légalisation des organisations racistes, les identitaires prétendent se joindre aux rassemblements, jouant subtilement le jeu consistant à se placer en dehors du champ visé, pour se légitimer auprès de populations globalement hostiles aux discours xénophobes.
En biaisant leurs discours de cette façon, ils espèrent obtenir davantage d’audience et se faire accepter dans nos villes. C’est vis-à-vis de ça qu’il faut être extrêmement vigilant : plus que de seulement crier au racisme, il faut surtout expliquer en quoi les identitaires sont racistes. Le Front National nous a déjà suffisament joué le jeu de policer son discours de façade pour mieux tromper les foules, pour qu’il ne faille pas laisser aux identitaires la possibilité de l’emporter avec les mêmes stratégies !
Il est nécessaire de rappeler à la fois en quoi les politiques d’immigration actuelles sont racistes, mais également pourquoi les discours officiels de la droite le sont, jouant sur le terrain à la fois subtil et trompeur de la droite dure (extrême droite) et légitimant des modes de pensée toujours plus discriminants à l’égard des étrangers, qu’ils soient sans papiers ou non, voire même s’ils sont nés en France. Les méthodes de gestion des flux migratoires, et donc de l’espace de vie dans lequel nous vivons, doivent être mis en parallèle avec les méthodes adoptées par le régime de Vichy pour contribuer à la gestion de «l’espace vital européen» entreprise par les régimes racistes de l’époque : il s’agit à nouveau de «nettoyer» un territoire de ses éléments extérieurs par une politique d’ostracisme et de déplacement de populations.
Replaçons-nous dans le contexte de la signature de la convention de Genève en 1951, qui visait à se prémunir des politiques discriminatoires vécues durant la seconde guerre mondiale, et veillons (et c’est le minimum de ce que nous avons à faire, étant donné que ces textes contiennent de nombeuses lacunes et compromissions) à ce qu’aucune mesure n’aille à l’encontre de ces principes !
Cessons de nous offusquer naïvement, le parallèle est tout a fait légitime ! C’est pour cette raison qu’il faudra se rendre à Vichy le 3 novembre prochain !
Eunous - Dissidence nordiste, 4 octobre 2008.