Les mauvaises habitudes
De tout temps, nos gardiens de la paix se sont conduits plutôt tristement avec les étrangers visibles — ou audibles. À l’occasion, même, de nauséabonds relents de racisme émanent des rangs de ces fonctionnaires d’une République qui se proclame démocratique. Depuis quelques années, pourtant, ce phénomène n’a fait que se développer. Particulièrement depuis qu’un fils d’immigré hongrois, devenu président de la République a jugé nécessaire de doter le pays de la liberté d’un ministère de l’Identité nationale, animé par le nommé Hortefeux, qui occupe ce poste indispensable avec l’arrogance qui sied et l’efficacité qui va de soi. Pour accomplir sa tâche, Brice Horteteux dispose d’une troupe dont les éléments n’ont sans doute jamais analysé les articles de la Déclaration des Droits de l’homme et du citoyen. Il s’agit de la police de l’air et des frontières (PAF) qui s’illustre tristement envers des hommes et des femmes dont le seul crime est de vouloir survivre en travaillant dans un pays qui s’était illustré, jadis, par sa généreuse politique du droit d’asile. Le sans-papier est désormais un hors-la-loi ! Tout aussi dangereux qu’un criminel de droit commun.
Je ne répéterai jamais suffisamment que, lorsque mon père est arrivé en France, comme immigré clandestin, en 1923, la République n’avait pas tardé à le régulariser. Ce sont pourtant des policiers de ce pays, passés à la solde de la Gestapo, qui le rafleront, dix-neuf ans plus tard, pour le confier aux bons soins des bourreaux. En 2008, fort heureusement, il n’y a, comme instruments répressifs, que les centres de rétention administrative et l’expulsion…
Maurice Rajsfus
Que fait la police ? nouvelle série, no 23, octobre 2008
Bulletin d’information anti-autoritaire.