Les mauvaises habitudes

Publié le par la Rédaction

Nos policiers de l’ère Sarkozy savent-ils seulement ce que peut signifier l’expression «droits de l’homme» ? Même si ce texte est obligatoirement affiché dans tous nos commissariats, les libertés fondamentales dont devraient pouvoir disposer tous les êtres humains ont une limite dans la réflexion courte de ceux qui ont pour mission de protéger l’ordre public. Pour être considéré, «l’individu» — comme disent nos anges-gardiens — doit disposer des indispensables papiers d’identité, voire d’un permis de séjour provisoire. Encore faut-il ne pas négliger le regard mauvais jeté sur le porteur de l’indispensable talisman lorsque sa couleur de peau peut le rendre suspect.

De tout temps, nos gardiens de la paix se sont conduits plutôt tristement avec les étrangers visibles — ou audibles. À l’occasion, même, de nauséabonds relents de racisme émanent des rangs de ces fonctionnaires d’une République qui se proclame démocratique. Depuis quelques années, pourtant, ce phénomène n’a fait que se développer. Particulièrement depuis qu’un fils d’immigré hongrois, devenu président de la République a jugé nécessaire de doter le pays de la liberté d’un ministère de l’Identité nationale, animé par le nommé Hortefeux, qui occupe ce poste indispensable avec l’arrogance qui sied et l’efficacité qui va de soi. Pour accomplir sa tâche, Brice Horteteux dispose d’une troupe dont les éléments n’ont sans doute jamais analysé les articles de la Déclaration des Droits de l’homme et du citoyen. Il s’agit de la police de l’air et des frontières (PAF) qui s’illustre tristement envers des hommes et des femmes dont le seul crime est de vouloir survivre en travaillant dans un pays qui s’était illustré, jadis, par sa généreuse politique du droit d’asile. Le sans-papier est désormais un hors-la-loi ! Tout aussi dangereux qu’un criminel de droit commun.

Je ne répéterai jamais suffisamment que, lorsque mon père est arrivé en France, comme immigré clandestin, en 1923, la République n’avait pas tardé à le régulariser. Ce sont pourtant des policiers de ce pays, passés à la solde de la Gestapo, qui le rafleront, dix-neuf ans plus tard, pour le confier aux bons soins des bourreaux. En 2008, fort heureusement, il n’y a, comme instruments répressifs, que les centres de rétention administrative et l’expulsion…

Maurice Rajsfus
Que fait la police ? nouvelle série, no 23, octobre 2008
Bulletin d’information anti-autoritaire.

Publié dans La police travaille

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