Y a-t-il un accord entre une partie de la direction de la CGT et la préfecture pour empêcher les régularisations des 1300 sans-papiers de la Bourse du travail ?

Publié le par la Rédaction

Deux faits bizarres se sont produits ces derniers jours.

1. Les 12, 13 et 14 septembre, les travailleurs sans-papiers isolés qui occupent la Bourse du travail de Paris depuis 4 mois et demi étaient invités à partager le stand de la Bolivie à la fête de l’Humanité. C
était là, de la part de ce pays dAmérique Latine, un geste de solidarité avec nos justes revendications de régularisation, en tant que ressortissants des pays du tiers-monde travaillant en France depuis des années, et un signe concret dopposition à cette «directive européenne de la honte» denoncée il y a quelques mois par Evo Morales, président de la Bolivie. Dans laprès-midi de vendredi 12, une douzaine d«armoires à glace» du service dordre de la CGT (assurant le «service de sécurité» de la fête, ont-ils déclaré à la responsable du stand) ont tout à coup encerclé les quatre représentants de la coordination 75 qui étaient présents. Ils ont déchiré les tracts et jeté par terre les cartes postales de loccupation, essayé de renverser la table de presse malgré lopposition de nos camarades, ils les ont empêchés par la contrainte physique, accompagnée de menaces verbales, de filmer la scène. Ils ont dit à nos camarades quils allaient occuper le stand en réplique à notre occupation de la Bourse du travail ; ils leur ont hautement proclamé que, de ce fait, les sans-papiers de la coordination 75 «nobtiendraient rien» en matière de régularisations.

Ce n
est quaprès toute une série dappels téléphoniques avec le responsable de lUD-CGT de Paris présent sur les lieux, que la douzaine de «cégétistes» ont quitté le stand, et ce nest quaprès lalerte lancée par la coordination 75 (voir sur le site du Quotidien des sans-papiers) déventuellement déplacer à la fête de lHumanité notre manifestation parisienne du lendemain, que lassurance nous a été donnée que «tout était désormais rentré dans lordre».

2. Le 16 septembre, cinq de nos camarades étaient convoqués au neuvième bureau de la préfecture de Paris pour leur régularisation dans le cadre des accords pris avec cette préfecture par la délégation intersyndicale-coordination 75 à la suite de l
occupation de la Bourse du travail. Cétaient là les premières convocations faites sur la base, nous avait-on assuré, de dossiers «ne présentant aucun problème». Incompréhensiblement, au guichet, toutes les convocations ont été reportées de plus dun mois (au 20 et 21 octobre) par de nouvelles convocations communiquant de se représenter avec des documents déjà versés aux dossiers, pour des dossiers déjà reconnus complets par la préfecture. Malgré nos insistances réitérées auprès de différents bureaux et responsables, aucune justification plausible ne nous a été fournie de cet étrange comportement de la préfecture, en contraste avec tous les accords précédents. Cest à ce moment, cherchant une explication à linexplicable, que nous avons commencé à nous poser cette question : fallait-il voir là une conséquence de cet avertissement que nous avaient donné le vendredi précédent les membres du service dordre de la CGT, à savoir que les sans-papiers de la coordination 75 «nobtiendraient rien» en matière de régularisations ?

La réponse à cette question n
a pas tardé à venir. Elle nous a été faite dès le lendemain (hier, mercredi 17 septembre) par le responsable de lUD-CGT de Paris. Cest hier matin qua débuté, appuyée par la CGT, loccupation du restaurant «La Tour dArgent» dans le 5e arrondissement de Paris par cinq travailleurs sans-papiers qui demandent leur régularisation. Une délégation de la coordination 75 sest rendue sur les lieux, comme nous faisons habituellement dans de pareils cas. Laccès au restaurant occupé nous a été refusé. Voici ce qui a été déclaré à notre délégation par le responsable de lUD-CGT : «Vous vous êtes trompés de cible, on fera tout pour bloquer vos dossiers, jai eu ce matin au téléphone le directeur [de la préfecture de police de Paris], tant que vous serez à la Bourse du travail vous naurez pas de régularisations.»

Nous posons donc à ce directeur, aux pouvoirs publics, et en même temps aux syndiqués de base cégétistes, cette simple question : est-ce donc que la CGT est devenue l
État français, est-ce donc la CGT qui décide les régularisations des sans-papiers ?

La coordination 75 réaffirme sa volonté de continuer sa juste lutte jusquau bout. Nous ne quitterons pas la Bourse du travail — la maison de tous les travailleurs, donc aussi notre maison — jusquà la régularisation de tous nos inscrits sans-papiers.
Demain, vendredi 19 septembre, nous appelons à une manifestation à 14 heures, au départ de la Bourse du Travail, 85 rue Charlot, métro République, vers lîle de la Cité. Et, le soir, à une veillée, à partir de 20 heures, près de la Bourse, à loccasion de linauguration, dans cette même rue, de la sur-médiatisée «Star Academy».

Coordination 75, 18 septembre 2008.
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