"Il y a plus grave qu'Edvige : les fichiers illégaux des gendarmes..."

Publié le par la Rédaction


Qui ficherait 60 millions de Français ? Ce n’est pas la police avec Edvige. Ce serait les gendarmes si l’on en croit les accusations formulées sur Le Post par un officier de police.

Alors que de plus en plus de voix s’élèvent pour exprimer leur inquiétude vis-à-vis du fichier Edvige —
qui crée des remous jusqu’au sein de l’UMP comme du gouvernement— il y aurait en fait «plus grave» en terme de collecte d’informations personnelles…

Sur Le Post, Patrice Ribeiro, secrétaire général adjoint du syndicat de police Synergie officiers, met en cause les gendarmes qui «collectent des infos personnelles en secret depuis une dizaine d’années».

«Les gendarmes nous fichent en secret»

Patrice Ribeiro remarque : «On parle beaucoup d’Edvige alors qu’il y a beaucoup plus grave du côté des gendarmes. Les gendarmes nous fichent, en toute illégalité, sans que ce soit déclaré nulle part.»

«Depuis une bonne dizaines d’années, dans toutes les gendarmeries de France, on collecte des informations personnelles identiques à celles que contiennent le fichier Edvige. Tout cela en secret bien sûr», selon Patrice Ribeiro.

Le hic : «Ces fichiers ne sont pas déclarés à la CNIL [Commission nationale de l’informatique et des libertés, ndlr]. En gros, c’est secret : on ne sait pas ce qui est écrit sur les citoyens sur ces fichiers des gendarmes», précise le policier.

D’après lui, les gendarmes collecteraient ces infos car «ils sont rentrés en concurrence avec la police pour fournir des indications aux préfets et ainsi montrer à ces derniers qu’ils peuvent étendre leur champ de compétence».

Contexte de rivalité entre la police et la gendarmerie

La rivalité entre les services de police et de gendarmerie ne peut pas justifier, à elle seule, les propos tenus par ce responsable syndical.

Car, renseignements pris, il semble que les gendarmes collectent bien des infos en secret…

Les fichiers de gendarmerie «non déclarés»

Le spécialiste des questions de sécurité, Alain Bauer, a publié un rapport très critique consacré aux
«Fichiers de police et de gendarmerie» fin 2006.

D’après ce rapport, il existe des fichiers de gendarmerie non déclarés, et ne disposant donc toujours pas de base légale.

Parmi ces fichiers, les plus inquiétants seraient le «fichier alphabétique de renseignements» (FAR) et le «fichier des personnes nées à l’étranger» (FPNE), selon le
Big Brother Awards, un jury qui décerne chaque année des prix aux institutions mettant le plus en danger les libertés individuelles.
— Le «fichier alphabétique de renseignements» (FAR) —dont parle le rapport Bauer aux pages 66 et 67— a pour vocation de «permettre aux militaires des unités opérationnelles d’acquérir une connaissance approfondie de leur population résidente, en particulier sur leur dangerosité». «Le volume exact du FAR n’est pas connu car c’est un fichier mécanographique. On l’estime à 60 millions de fiches. Le nombre de consultations n’est pas comptabilisé», d’après le rapport.
— Quant au «fichier des personnes nées à l’étranger» (FPNE), il a été créé en 1975 et comprend «7 millions de fiches cartonnées individuelles» (pages 68 et 69 du rapport).

Quel avenir pour ces fichiers ?

Ils seraient en cours de normalisation, voire de destruction si l’on en croit le rapport Bauer.

À propos du FAR, il est écrit dans le rapport Bauer : «Les fiches détenues dans les brigades seront détruites avant octobre 2010».

Quant au FPNE, «À l’issue de la période de mise en conformité des fichiers manuels dont l’échéance est octobre 2010, ce fichier sera définitivement supprimé», d’après le rapport.

Le Post, 9 septembre 2008.

Publié dans Fichages et flicages

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