Lettres de Guy Debord à Anselm Jappe
Jeudi 2 décembre 1993
Cher Monsieur,
Je vous remercie pour votre livre reçu hier. Je l’ai lu avec intérêt. J’ai bien apprécié son niveau de pensée, son information, et la sympathie compréhensive qu’il manifeste à mon égard : par là il se détache extraordinairement de tous les autres textes traitant le sujet.
Les successeurs de Lebovici ne m’avaient naturellement pas fait suivre, il y a deux ans, votre thèse. Cela me confirme bien l’évidence de mon jugement préalable sur eux.
Je vous envoie maintenant mon dernier livre, et la récente réédition des Mémoires : vous y trouverez des précisions ou confirmations sur quelques points que vous avez traités.
J’aimerais recevoir à cette adresse votre thèse et un ou deux autres exemplaires du même livre.
Bien cordialement,
Guy Debord
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Venise, 21 avril 1994
Cher Anselm Jappe,
J’ai reçu votre livre en décembre. Je vous ai répondu alors, à l’adresse romaine que vous m’aviez donnée, en joignant à ma lettre deux livres plus récents, qui peut-être vous confirmeront plusieurs de vos hypothèses. L’envoi m’est bientôt revenu, vous déclarant «inconnu à cette adresse». Et j’ai pu constater quelquefois, depuis, que le désordre de la poste italienne ressemble toujours un peu à ce que j’avais pu connaître dans la précédente génération. On verra maintenant si j’ai plus de chance en employant l’adresse de votre éditeur.
Il y a quatre mois, je vous disais donc que j’avais fort apprécié l’aspect si bien informé de votre livre ; et l’excellent niveau de sa pensée théorique. Votre objectivité fait un plaisant contraste, après toutes les extravagantes incompréhensions calculées d’abord pour les contemporains. Je trouve même que vous avez été, peut-être, un peu trop indulgent à mon propos.
Si je devais éclairer quelque point dans la suite de vos recherches sur l’hégélo-marxisme, à partir de mai écrivez-moi à cette adresse : Guy Debord, Champot. C’est un endroit d’où le courrier me suit toujours, où que je puisse être.
Bien cordialement à vous.
Guy Debord