Sous le soleil la lutte se poursuit...
Une année s’est écoulée dans notre cité du bord du lac bien propre et bien tranquille — en dépit de ce qu’en pensent certains — depuis les évacuations de l’été passé.
La tolérance judiciaire a laissé place aux évacuations musclées et l’écoute fragile demeurant encore entre les différentes populations de Genève a elle cédé à l’incompréhension totale.
Les commémorations de Mai 68 nous ont été servies à toutes les sauces et dans toutes les cantines. Or, que reste-t-il de l’élément fondateur de ces révoltes : la Liberté ?
Elle se perd aux travers d’un tas de réglementations. On nous pousse à être sage, à rester dans la norme. Standard : on entend ce mot partout ! Les plus fervents défenseurs de l’alternatif d’hier, aujourd’hui nous déclament les propos les plus malvenus à ce sujet. C’est vrai qu’il ne faut pas parler d’alternatif, quelle horrible chose ! Connotée avec illégalité, insécurité, non standardisé. C’est bien la pire tare que l’on puisse avoir dans cette société : être différent ; revendiquer d’autres schémas de pensée et de vie. Les autorités n’apprécient pas ce trop plein de liberté que nous osons revendiquer. Elles essaient de nous couper les ailes à coup de normes et de marché.
La culture, du moins de la manière dont nous la fabriquons, ne peut se soumettre aux exigences du marché. Sa valeur ne se calcule pas en bénéfices pécuniers mais en partage et en plaisir ; notions inconnues par un grand nombre de calvinistes nostalgiques du bon vieu temps où la fête, la musique et les arts du spectacle étaient interdits.
Continuons à parcourir l’Histoire. Été 2007 : évacuations de la Tour, de l’Arquebuse et de Rhino, emblème du mouvement squatt genevois et par là même, disparition du Bistr’ok et de la Cave 12.
Mais non la Cave 12 n’a pas disparu, loin de là ! Bilan de cette première année : une centaine de concerts organisés en nomades, grâce à l’accueil des salles qui restent (pour l’instant) !
Pour fêter le premier anniversaire de son évacuation, la Cave 12 organise une Deathday party #1 à l’Écurie dès 19 heures jusqu’au petit matin avec au programme : «Fantomas probablement» spectacle de marionettes présenté par le collectif «Tête dans le sac» suivi de l’Américain Eugene Chadbourne, political satire banjo-guitare, enfin The Exile Duo-Gang dance party clôtureront les festivités. La soirée sera en plus colorée par des interventions de Monsieur Armin Tanzarian en personne !
L’heure n’est ni aux pleurs ni aux regrets mais à la mobilisation.
Septembre prochain : évacuation du site d’Artamis. Une partie des ateliers d’artistes et d’artisans va pouvoir être relogée mais pour les lieux accueillant du public : le Piment Rouge, le Kinetik, l’Étage, le Shark, le théâtre du Galpon et la galerie Stargazer rien n’est prévu. Il en va de même pour les entreprises à but non lucratif.
Si vous n’avez toujours pas compris, je vous la refais en plus simple : à la rentrée, de l’UECA, resteront l’Usine et Mottattom. En effet, ce dernier pourra rester dans le nouveau plan localisé du quartier mais se verra amputer de son aile arrière. Quant à l’Usine, elle échappe cette fois-ci à la délocalisation voire à la fermeture. La médiation a aboutit sur des solutions visant à améliorer la vie du quartier. Malheureusement, reste un goût d’amertume chez les voisins les plus virulents — que je ne citerai pas ici c’est plus galant — n’ayant pas obtenu la fermeture de l’Usine. Ces derniers pensaient naïvement qu’en fermant ce lieu, les problèmes de deal et d’incivilités se résoudraient comme par magie.
Ainsi se présentera le triste sort de la culture autogérée à la rentrée.
L’UECA va se battre pour ouvrir d’autres lieux mais pour l’instant le politique est timide face à ses propositions. Nous avons besoin que les gens qui aiment fréquenter Artamis, l’Usine — rien qu’entre ces deux places cela fait près de 3000 personnes par week end ! — que ces personnes se manifestent, se battent pour une Genève vivante et diversifiée, qu’ils et elles ne laissent pas mourir l’esprit d’Artamis, ni la Cave 12. Où sont les 18.000 signataires de la pétition «Donnons des espaces à la culture» ?
Aux armes citoyens et citoyennes de la Genève sans frime ni manières !
Sortez vos plus belles lames anti rasoir et vos plus gros pistolets à eau. Aspergeons ces murs bien trop propres pour être vrais ! Ne laissons pas disparaître la vitalité, l’espoir et la beauté de cette Genève qui se reconnaît dans sa diversité et son énergie créatrice !
Soyez présent-e-s le week end du 23-24 août pour le dernier chant d’Artamis !!!
Il ne nous reste plus qu’à vous souhaiter un bel été et ne vous inquiétez pas vous aurez toujours la télé pour vous divertir !
Union des Espaces Culturels Autogérés de Genève (UECA), 31 juillet 2008.