Pignouf, simple flic !
Quiconque décide d’en finir avec la domination et la soumission s’expose à des risques lourds. On n’entreprend pas sans danger de sortir de la légalité pour s’attaquer aux rouages de la machine à exploiter. La répression possède les moyens les plus sophistiqués pour nous traquer, nous faire taire ou nous faire parler, c’est selon.
À l’époque des empreintes digitales, de l’ADN, de la biométrie, de la traçabilité et de la vidéosurveillance généralisée… il s’agit de prendre ses précautions pour ne laisser aucune trace derrière soi. Les récentes déclarations de guerre lancées par l’Etat sont là pour nous le rappeler. En France, l’État agite la menace d’une resurgence «anarcho-autonome» après celle du terrorisme pour justifier le renforcement de ses outils répressifs et pour casser toute subversion. En Belgique, l’État ressort sa cellule anti-terroriste pour enquêter sur les dernières actions de l’ALF. Garre à celui qui laisse trainer un cheveu ou qui se promène GSM en poche ! Mais à rien ne sert de «travailler proprement» si l’on n’est pas capable d’adopter un code de conduite «sûr». À quoi bon prendre mille précautions pour une action si après un ou deux verres au bistrot tu déballes toute l’histoire pour impressionner tes potes…
Il nous faut définitivement bannir de nos rapports sociaux tout ce qui facilite le travail de la répression. Il existe toute une série de comportements, souvent poussés par un besoin de reconnaissance ou d’amitié et/ou qui sont dus à des moments de faiblesse, d’ébriété… qui mettent en danger notre sécurité en faisant le travail des flics.
C’est pourquoi il est important de rappeler un principe de base concernant tous ceux qui décident d’attaquer l’État par des moyens illégaux — même s’il est évident que la sphère de l’illégalité s’étend de plus en plus au point qu’il devient difficile d’en discerner les limites — le fait de participer ou même l’envie de participer à une action illégale n’est pas un sujet publique. Une action se discute en groupe d’affinité, à savoir un groupe qui se connaît bien, se fait confiance et partage des positions.
Généralement, on ne parle publiquement d’une action ni avant, ni pendant, ni après celle-ci. Si l’action est revendiquée publiquement [Quelques petites précautions s’imposent là encore pour ne pas se faire tracer (cf. p. 30). Par ailleurs revendiquer une action sous un nom fixe en dehors des problèmes idéologiques que cela pose (avant-garde) facilite le travail des flics et de l’accusation lors d’un procès. Tu peux par exemple être accusé d’appartenir à une organisation terroriste pour un simple tag.] — par un communiqué par exemple — elle tombe alors dans le «domaine public» et on peut en discuter sans pour autant outrepasser les discrétions habituelles (même revendiquée, une action peut rester anonyme ou en tout cas ne pas être attribuée à des individus).
La raison de ce principe de base est assez évidente : ceux qui sont impliqués dans une action en portent la responsabilité et les risques qui y sont liés, contrairement aux autres qui seront plus tentés d’en parler. D’autre part, ces personnes courent aussi le risque d’être accusées de complicité.
Soyons clairs : il est important de pouvoir parler de sabotage en général et de se solidariser avec ces actes, mais il est exclu de supputer des liens avec des personnes ou des groupes spécifiques. Ça c’est le travail des flics et soyons sûrs qu’ils ont déjà suffisamment de moyens pour arriver à leurs fins.
Malheureusement, il existe une série de comportements courants qui nous mettent en danger en enfreignant ce principe :
Les mensonges : Prétendre, pour en impressionner d’autre, que l’on a participé à des actions illégales met non seulement sa propre sécurité en danger — les flics ne savent pas que c’est un mensonge — mais sape la confiance au sein d’un cercle social.
Les rumeurs : Certaines personnes pensent qu’elles peuvent se faire des amis en faisant croire (à tort ou à raison) qu’elles sont au courant d’informations particulières. Elles font circuler des rumeurs — fondées ou non — sur qui a participé à quelle action… De telles rumeurs sont particulièrement dangereuses car elles peuvent suffire à lancer une enquête.
La frime : Certaines personnes qui participent à des actions ou à des activités illégales peuvent être tentées de s’en vanter auprès de leurs amis. En agissant ainsi, ce n’est pas seulement leur propre sécurité et celle des autres personnes impliquées qu’elles mettent en danger, mais aussi celle de ceux à qui elles parlent. En effet, elles peuvent être considérées comme complices ou être accusées d’association de malfaiteurs. Et surtout, quelqu’un qui se vante de ses actions est un très mauvais exemple pour les autres.
La frime indirecte : Les frimeurs indirects sont ces personnes qui font grand cas du fait qu’elles veulent rester anonymes, qu’elles veulent éviter les manifestations publiques et qui veulent rester « invisibles ». Ils ne font peut-être pas directement savoir qu’ils commettent des actions illégales, mais veillent à ce que tout le monde puisse entendre et savoir qu’ils préparent quelque chose. Cependant, s’ils étaient vraiment concernés par la sécurité, ils inventeraient une excuse crédible pour justifier leur inactivité publique.
Comment mettre fin à ces comportements ?
Ce n’est évidemment pas une liste exhaustive, mais juste quelques exemples des attitudes les plus communes, dans lesquelles nous pouvons tous nous reconnaître, qui nous mettent particulièrement en danger. C’est pourquoi, lorsque quelqu’un se comporte ainsi, il est de la responsabilité de chacun de le lui faire remarquer pour y mettre fin. Seulement, il faut y mettre la forme : il ne s’agit pas de le blesser dans son orgueil (cela risquerait de le renforcer dans son attitude) ni de faire étalage de sa propre conscience «élevée» de la sécurité.
Si ce type de comportement se répète, tirons-en les conclusions : mieux vaut tenir ces personnes à l’écart.
De même, méfiez-vous des personnes qui veulent tout savoir sur tout et sur tout le monde. Elles savent généralement très bien vous tirer les vers du nez sans en avoir l’air. S’ils ne sont pas forcément des indics conscients, ils font des liens inutiles entre les personnes et les actions. Ce genre de personnes permettent aux flics de savoir où placer leurs indics, où chercher des preuves…
La taule n’est jamais très loin et même si ça ne doit pas nous empêcher d’agir, soyons prudents !
Voilà, nous souhaitons à toutes et à tous un agréable et sûr sabotage.
Au plaisir de constater vos méfaits…
À propos de la traçabilité informatique
Ce n’est pas la première fois que la police perquisitionne des serveurs hébergeant des sites «alternatifs». Quelques semaines avant le contre-sommet de Rostock l’année passée, le serveur de SO 36 (fournisseur de services Internet indépendant, non-commercial, sans pub et politiquement engagé) avait été visité par la police. Cela lui avait permis de recueillir les données de 22 adresses électroniques qu’ils avaient déjà associées à 10 noms, ainsi que celles de deux listes de discussions et sept URLs (sites web).
Si vous vous demandez quel serveur est le plus sécure. Il faut partir du principe qu’il n’y en a pas. Les serveurs gardent tous des traces de vos passages qui permettent souvent de remonter jusqu’à la source.
Même s’il existe des systèmes comme TOR (outil faisant transiter vos requêtes par différents serveurs, de manière imprévisible et non traçable, garantissant ainsi tant que possible votre anonymat), on n’est jamais sûr des prouesses techniques mises en place en face. De plus, des failles sont déjà reconnues à ce système.
Donc, si vous estimez que votre action doit être revendiquée, nous vous conseillons de le faire à partir d’un cyber-café relativement éloigné de votre lieu d’habitation (pour qu’on ne puisse faire de liens géographiques) dans lequel vous n’êtes pas connu et qui ne vous demande pas d’informations personelles pour accéder aux ordis. Là, vous pouvez publier votre communiqué sur des sites en «open publishing» (du type Indymedia…) et on vous déconseille fortement de l’envoyer à partir d’une adresse internet (même créée pour l’occasion).
Tout doit partir no 0, avril 2008
Liquidation totale de ce qui nous détruit.