La marmite
Ça couve en Belgique. Le malaise… La colère gronde, mais ça n’explose pas. Pas encore.
Quand ça explose, comme à Anderlecht récemment, on nous parle des injustices, des tensions raciales, de toutes ces choses qui servent à expliquer tranquillement des colères qui s’expriment sauvagement.
Mais on sait bien aussi, la hausse des prix du pétrole, du gaz, de l’électricité, de la nourriture.
Ici en apparence tout va bien, mais on sait quoi en penser des apparences…
Il y a bien les manifs, ça commence à se savoir ce qui habite, ce qui gronde au fond des foules. On nous joue la comédie démocratique. Le gouvernement n’arrive pas à statuer ; dans les journaux du moins, ils se plaignent de ne pas savoir quoi faire et de sentir la pression monter. Très bien.
Sauf que nous, sur le terrain, on se rend bien compte de ce qui se passe et on n’est pas dupes.
On a vu des flics intimider les grévistes de l’église du Béguinage et par là les empêcher de rejoindre le rassemblement contre les rafles du 11 avril à Molenbeek.
Suite à cette même manif, on a vu les copains recevoir des amendes pour «interdiction de rassemblement dans les lieux publics».
Ces mêmes lettres qui seront envoyées aux jeunes qui ont participé aux émeutes d’Anderlecht un bon mois plus tard.
On a vu 130 jeunes arrêtés et certains placés en prisons pour mineurs suite à ces émeutes.
On a vu une arrestation massive de manifestants se dérouler sous nos yeux pendant la manif du 29 avril, et parmi eux, on a vu treize sans-papiers se faire incarcérer en centre fermé.
On n’est pas dupe. L’État s’organise et ses stratégies de répression et de contrôle s’intensifient ; construction de nouveaux centres fermés, de nouvelles prisons, mise en place de structures de contrôle «sociales» et «citoyennes» dans les quartiers. La pilule a beau être dorée, on la digère mal. Et le compromis ne pourra pas tenir très longtemps.
Même si, même si…
La machine est bien rôdée, les discours démocrates tout prêts à l’emploi, les syndicats actifs sur tous les terrains, les associations de quartier, les éducateurs ; tout est en place pour encadrer une saine mobilisation citoyenne.
Pourtant ça déborde, tant mieux !
Quand ça part en émeute à Anderlecht, quand la frustration et l’exclusion poussent certains à s’attaquer aux bus de la Stib, que les vitrines des banques et des supermarchés tombent, que les pavés pleuvent sur les flics, on ne se demande pas «pourquoi», on est solidaire.
Parce que face à la répression, la solidarité est une arme. Une arme qui se transforme en force dans ce corps-à-corps inégal. Cette force qui traverse les murs des prisons, qui brise l’isolement de nos amis, qui manifeste notre présence auprès d’eux.
Parce que la stratégie de l’État est l’isolement, notre solidarité est une force qui nous permet de relever la tête et de rendre les coups.
Nous ne sommes pas seuls ; la solidarité dépasse les frontières. Partout, en France ou ailleurs, des gens s’organisent, des quartiers se soulèvent, des prisons brûlent ;
Parce que nous n’acceptons pas de vivre en liberté conditionnelle.
Il n’y a pas de gestion «humaine» de la misère ni de solutions «durables» à proposer à un système d’oppression et d’exploitation ; il faut juste le détruire.
Ni centres ni frontières !
Ni flics ni prisons !
Ni flics ni prisons !
Texte reçu d’une complice de l’ombre
Tout doit partir no 1, juillet 2008
Liquidation totale de ce qui nous détruit.