Marina Petrella : "Ils ne renverront que mon cadavre"
L’ex-membre des Brigades rouges a été transférée mercredi à l’hôpital Sainte-Anne pour y être soignée. Son compagnon lui a rendu visite.
Pour la décrire, il évoque les prisonniers dans les camps nazis. Son corps frêle, son regard creux. Ahmed Merakchi, le compagnon de Marina Petrella est encore secoué de cette vision. L’ancienne militante italienne des Brigades rouges a été transférée mercredi de l’hôpital pénitentiaire de Fresnes à l’hôpital psychiatrique Sainte-Anne, à Paris.
Dans l’après-midi, il lui a rendu visite. «C’est simple, on a l’impression qu’elle a pris au moins vingt ans, raconte-t-il. Elle n’a pas réussi à se mettre debout, elle se cramponnait au lit.» Selon le parquet, ce transfert a été «sollicité par l’intéressée» pour lui permettre de recevoir les soins appropriés à son état de santé. Selon ses médecins, l’ex-brigadiste, 54 ans, est en «abandon de vie», atteinte de «troubles dépressifs et suicidaires» et souffre de «dénutrition». Depuis son arrestation en août 2007, elle a perdu 20% de son poids et pèse aujourd’hui 39 kg.
Sous surveillance pénitentiaire
Le parquet précise que Marina Petrella demeure juridiquement «en détention sous écrou extraditionnel». Ahmed Merakchi parle de deux policiers en uniforme devant la porte de sa chambre d’hôpital, "d’au moins deux-trois" devant l’entrée de l’hôpital.
Marina Petrella a été condamnée en Italie en 1992 à la réclusion criminelle à perpétuité, notamment pour complicité de meurtre d’un commissaire de police à Rome en 1981. Elle avait fui en France au milieu des années 1980, y résidait en règle avec un titre de séjour et possédait un domicile sous sa vraie identité à Argenteuil (Val-d’Oise), où elle vivait avec sa fille de dix ans. Arrêtée en août 2007, elle est visée par un décret d’extradition signé le 3 juin par le gouvernement français. De son lit d’hôpital, elle a lancé à son compagnon : «Ils ne renverront que mon cadavre.»
Amélie Gautier - TF1/LCI, 23 juillet 2008.
La fille de Marina Petrella s’en prend à Rachida Dati
La fille de Marina Petrella accuse la ministre de «non-assistance à personne en danger». Rachida Dati avait assuré que l’ex-brigadiste menacée d’extradition vers l’Italie et actuellement incarcérée à Fresnes était «bien soignée».
La fille aînée de Marina Petrella a dénoncé, mercredi 23 juillet, le ton s’apparentant à de «la non-assistance à personne en danger» employé par la ministre de la Justice Rachida Dati, qui avait déclaré mardi que l’ex-brigadiste menacée d’extradition vers l’Italie était «bien soignée».
Sur France Culture, Élisa, 25 ans, a déclaré : «On est en face d’une personne qui est en train de dépérir, de mourir (…) son cœur ne va pas encore tenir comme ça longtemps», faisant référence à la situation de sa mère, 54 ans, incarcérée à l’hôpital pénitentiaire de Fresnes (Val-de-Marne) et atteinte de «troubles dépressifs et suicidaires», selon ses médecins.
Une «levée d’écrou»
Selon Rachida Dati, «l’état de santé de Marina Petrella est très bien pris en charge, son pronostic vital n’est pas engagé, ce sont les déclarations des médecins» et «elle est soignée et bien soignée».
«Une chose dite sur ce ton me semble plutôt une sorte de non-assistance à personne en danger», a réagi la fille aînée de l’ancienne activiste. Marina Petrella est également mère d’une fillette de 10 ans.
Élisa «n’accepte pas» ce discours, «ne serait-ce que par décence pour (les) proches qui souffrent aussi de cette situation».
Elle a plaidé pour une décision administrative de levée d’écrou qui permettrait à sa mère «d’aller se faire soigner» hors détention, «de récupérer ce qui va lui permettre de vivre». «Je crois qu’on a tous en nous la dose d’humanité nécessaire» pour prendre «immédiatement» une telle décision, a-t-elle assuré.
Le Nouvel Observateur, 23 juillet 2008.
«Ils ne renverront que mon cadavre»
In memoriam Charb
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Nous exigeons l’abrogation du décret d’extradition !
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