À propos de l'incendie du camp de Vincennes
Communiqué de la section CNT Cimade à propos de l’incendie du CRA de Vincennes
Une prison pour sans-papiers de 280 places c’est une poudrière qui bafoue les droits des personnes, qui les pousse à la violence, qui les soumet à l’arbitraire des policiers.
Nous, CNTistes de la Cimade, voulons dépasser le climat d’émotion autour de cette péripétie pour rappeler notre position : fermeture de tous les lieux de rétention, les CRA et les LRA.
Oui nous travaillons à l’intérieur de ces camps que nous souhaitons fermer et nous continuerons à y aider, sans exclusive et sans jugement, nos camarades sans-papiers. Nous continuerons tant que ce système existera car c’est sur le terrain que se pratique la vraie solidarité !
Les socialistes veulent faire dans les CRA ce qu’ils ont fait dans les cités : repasser un coup de peinture en tentant de faire oublier que la rétention administrative est leur enfant !
Sans doute veulent-ils en profiter pour faire oublier leurs votes pour la directive de la honte ou leurs abstentions encore plus lâches.
À l’heure où le ministère de l’Immigration veut supprimer petit à petit la présence d’une association indépendante dans les CRA, nous demandons à tous les soutiens des sans-papiers d’être vigilants, pour que la parole de la Cimade ne soit pas étouffée.
Pour qu’une réforme du CESEDA ne supprime pas la présence d’une association nationale et indépendante dans les CRA pour aider les personnes à l’exercice effectif de leurs droits ! Car comme toujours en France on préfère casser le thermomètre que d’expliquer pourquoi il indique de la fièvre.
Nous ne reviendrons pas sur les alertes nombreuses envoyées aux ministères, sur les conséquences d’une politique du chiffre stupide et nous apportons tout notre soutien aux camarades de RESF ou de tous les collectifs qui sont désignés comme bouc émissaire par un gouvernement emmuré dans ses certitudes.
Infos sur les deux retenus déférés : deux libérations
Kone a été libéré il y a une heure et le deuxième Diallo vient d’être libéré à la seconde même. Pour Diallo je ne sais pas encore mais Kone est juste «témoin assisté» donc pas d’inculpation pour lui (on vous tient informé pour Diallo). On ne sait pas, qui de l’absence de preuve dans l’accusation, qui de la mobilisation aura le plus joué. En tout cas les deux sont libres…
Deux étrangers retenus mis en examen
Une information judiciaire a été ouverte aussi mercredi pour ce chef contre eux et «toute autre personne», a ajouté la même source.
Le parquet avait requis la détention provisoire pour ces deux ressortissants maliens âgés de 36 et 28 ans, qui faisaient partie des 249 étrangers en situation irrégulière retenus au CRA de Vincennes au moment du sinistre. Un seul a finalement été placé en détention provisoire.
Dimanche vers 15 heures 30, alors qu’une manifestation de soutien aux étrangers retenus dans ce CRA, le plus grand de France avec une capacité de 280 places, se déroulait aux abords du centre, des retenus auraient commencé à dégrader les locaux, cassant portes et fenêtres et rassemblant des matelas en plusieurs points du bâtiment en signe de protestation, selon des sources proches de l’enquête.
À 15 heures 35, plusieurs départs de feu avaient été enregistrés. Les incendies, qui ont détruit les deux bâtiments du centre, avaient été circonscrits à 19 heures 30.
Vous avez dit «terroriste» ?
Après la «mouvance anarcho-autonome» désignée par les médias-qui-mentent et les incarcérations/mises en examen par la justice, voici les jeunes valets du pouvoir qui dénoncent les nouveaux «terroristes»… : RESF !
Propagande ordinaire en Sarkozie
«Calomniez, calomniez, il en restera toujours quelque chose…» L’adage est devenu une règle de base de la communication politique en période de crise. Par-delà son ignominie ordinaire en ces temps de guerre idéologique tous azimuts menée par les communicants élyséens, la grotesque déclaration du porte-parole de l’UMP Frédéric Lefebvre (ancien assistant parlementaire de Sarkozy) au lendemain de l’incendie qui a entièrement détruit dimanche 22 juin le Centre de rétention administrative de Vincennes (Val-de-Marne) est ainsi peut-être plus habile qu’elle ne paraît.
Rappelons la teneur de ces propos historiques : «Il n’est pas tolérable que des “collectifs”, type RESF (Réseau éducation sans frontières), viennent faire des provocations aux abords de ces centres au risque de mettre en danger des étrangers retenus. L’UMP demande la plus grande fermeté contre les collectifs qui se livrent à ce type d’actions à proximité de lieux où ils n’ont absolument rien à faire. L’UMP demande que dans l’affaire de Vincennes toutes les conséquences soient tirées y compris au plan judiciaire si la responsabilité de membres de collectifs comme RESF était avérée. […] Des associations humanitaires ont accès quand elles le veulent à toutes les étapes de la politique de reconduite des étrangers, la CIMADE dans les centres, la Croix Rouge à Roissy, la plus grande transparence étant pratiquée dans notre pays. Raison de plus pour ne pas tolérer que des associations comme RESF viennent semer le désordre au risque de déclencher des émeutes et des actes irréparables.» Réponse un brin désabusée du RESF dans un communiqué daté du même jour : «C’est le coup classique du pyromane qui crie au feu et dénonce des innocents.»
C’est tout ? Peut-être pas. Les accusations explicites et objectivement délirantes contre le RESF dans l’affaire du CRA de Vincennes — comme si le Réseau avait tenu le briquet… — participe de l’offensive idéologique en cours à l’égard des organisations qui osent encore s’opposer ouvertement, et souvent relativement efficacement, à une politique sarkozyenne de xénophobie d’État présentée comme une sorte d’humanisme pragmatique et responsable. À défaut de réussir à les contenir dans le cadre d’un débat démocratique classique, c’est la voie de la calomnie et de la répression policière et judiciaire qui est en train d’être tranquillement choisie.
Un certain style de militantisme — celui qui ne se contente pas de déclarations générales mais s’attache à rendre visible le réel et à agir en conséquence auprès des premiers concernés et du grand public — est tout doucement en passe d’être criminalisé. On se contente aujourd’hui de suggérer sans honte que quelques dizaines de manifestants pacifiques devant une véritable forteresse entourée de barbelés sont responsables d’un incendie. Si l’on n’y prend garde, le seul fait de défendre des idées opposées au discours ambiant sur l’immigration — et pourquoi pas sur bien d’autres sujets — pourrait peu à peu être rendu suspect. La fermeté de principe sur le respect des droits et de la dignité des étrangers vivant sur le sol national passera bientôt, au mieux, pour de l’idéalisme infantile (celui des Églises, par exemple), et au pire, pour du fanatisme politique (celui des organisations militantes impliquées dans le mouvement social en général). Dans un contexte idéologique où il suffit de qualifier «d’extrémiste» son adversaire pour se sentir dispensé de discuter sérieusement ses arguments, le risque n’est plus seulement théorique.
Au début du mois de mai, certains médias (en particulier Le Point, sous le titre «Les nouveaux combattants de l’ultra-gauche», no 1859) avaient fort docilement répercuté les inquiétudes des Renseignements généraux sur la résurgence en France d’un «mouvement autonome» susceptible de recourir au terrorisme pour défendre ses idées. Il était fort aimablement précisé que les individus suspects se situaient «à la gauche de l’extrême-gauche électorale» c’est-à-dire de la LCR, de Lutte ouvrière. Le syndicat Sud était également cité. Ce type de rapprochement, sans préjuger de ce que chacun est en droit de penser par ailleurs du style et des idées professées par ces organisations ou mouvements politiques et syndicaux, n’a évidemment aucun sens. Peu importe : ces noms d’organisations étaient livrées en vrac dans un contexte évoquant les risques «terroristes». Un art subtil de la suggestion qui est exactement celui dont a usé en bon soldat du sarkozysme Frédéric Lefebvre à propos du RESF, confirmé sur Europe 1 le lendemain par le responsable jeunesse de l’UMP, David Weiss, qualifiant de «quasi-terroristes» les parents d’élèves, les enseignants, les lycéens s’opposant à l’expulsion de familles sans-papiers.
Rapport relatif à l’assaut massif de migrants subsahariens contre le poste frontalier de l’enclave de Melilla, de dimanche 22 juin 2008
Suite à l’assaut massif d’un groupe de migrants subsahariens, le dimanche 22 juin vers 4 heures 30 du matin, contre le poste frontalier de Bab Melilla, qui sépare l’enclave espagnole de Melilla de Nador. Les associations ABCDS (Association Beni Znassen pour la Culture, le Développement et la Solidarité) et l’ARDH (Association Rif des Droits de l’Homme) ont enregistré l’arrestation de 58 personnes, dont 28 arrêtés par la Guardia civile espagnole après avoir réussi à franchir le portail frontalier, et 30 personnes par des éléments de la sécurité marocaine, après des affrontements qui se sont produits avec les forces de l’ordre marocaines et espagnoles sur le lieu, et qui ont fait sept blessés dans les rangs des migrants, transférés plus tard à l’hôpital régional de Nador pour y recevoir des soins avant d’être conduits le lundi après-midi au commissariat de Nador pour terminer l’enquête. Tandis que 22 autres ont été arrêtés après une autre tentative de prendre d’assaut la barrière de sécurité de la même manière le même jour à 22 heures, sans blessures selon les témoignages recueillis auprès des sources de l’intérieur de l’hôpital régional de Nador.
Dans sa couverture médiatique de cet assaut, la MAP (Maghreb Arabe Presse), a publié sa dépêche en cinq versions, chacune corrige l’autre dans une confusion claire, aggravée par les données contradictoires lors de la sortie du communiqué de la Direction de la migration et de la surveillance des frontières au ministère marocain de l’Intérieur, qui parle de «l’enregistrement de sept cas de perte de conscience» dans les rangs de ces migrants, avant que cette dépêche soit corrigée ultérieurement pour parler de «de sept candidats à l’immigration qui ont reçu des blessures légères», sans la publication d’extraits du communiqué de la Direction, ce qui frappe entièrement la crédibilité des déclarations officielles dans ce sens.
La commission composée de membres de l’ARDH et l’ABCDS, a essayé de se rendre au service des os et des articulations au sein de l’hôpital régional pour déterminer l’état des blessés mais l’accès leur a été refusé par des responsables policiers. Les deux ONG ont enregistré une campagne soudaine et de grande envergure menée par les forces de l’ordre sur les zones rurales adjacentes à la municipalité de Nador et qui a conduit à l’arrestation d’un certain nombre de migrants dont le nombre reste inconnu pour le moment. Ce genre de vagues soudaines intervient dans le cadre de la protection des frontières de l’enclave de Melilla. Et comme précédemment exprimé par le CCDH (Conseil Consultatif des Droits de l’Homme) dans son rapport intitulé Rapport sur l’établissement des faits relatifs aux événements de l’immigration illégale - Événements de Ceuta et Melilla durant l’automne 2005, on lit en sa 6e page : «Ce n’est pas que Seuta et Melilla soient prises d’assaut qui devient étrange dans ces conditions. C’est de se demander comment ces murs peuvent encore tenir qui devient curieux. Une chose est sûre, sans le concours et la volonté de l’État marocain, ces murs ne tiendraient pas une semaine.»
Le CRA de Vincennes est mort et on ne le pleure pas !
Une prison pour sans-papiers de 280 places c’est une poudrière qui bafoue les droits des personnes, qui les pousse à la violence, qui les soumet à l’arbitraire des policiers.
Nous, CNTistes de la Cimade, voulons dépasser le climat d’émotion autour de cette péripétie pour rappeler notre position : fermeture de tous les lieux de rétention, les CRA et les LRA.
Oui nous travaillons à l’intérieur de ces camps que nous souhaitons fermer et nous continuerons à y aider, sans exclusive et sans jugement, nos camarades sans-papiers. Nous continuerons tant que ce système existera car c’est sur le terrain que se pratique la vraie solidarité !
Les socialistes veulent faire dans les CRA ce qu’ils ont fait dans les cités : repasser un coup de peinture en tentant de faire oublier que la rétention administrative est leur enfant !
Sans doute veulent-ils en profiter pour faire oublier leurs votes pour la directive de la honte ou leurs abstentions encore plus lâches.
À l’heure où le ministère de l’Immigration veut supprimer petit à petit la présence d’une association indépendante dans les CRA, nous demandons à tous les soutiens des sans-papiers d’être vigilants, pour que la parole de la Cimade ne soit pas étouffée.
Pour qu’une réforme du CESEDA ne supprime pas la présence d’une association nationale et indépendante dans les CRA pour aider les personnes à l’exercice effectif de leurs droits ! Car comme toujours en France on préfère casser le thermomètre que d’expliquer pourquoi il indique de la fièvre.
Nous ne reviendrons pas sur les alertes nombreuses envoyées aux ministères, sur les conséquences d’une politique du chiffre stupide et nous apportons tout notre soutien aux camarades de RESF ou de tous les collectifs qui sont désignés comme bouc émissaire par un gouvernement emmuré dans ses certitudes.
Liberté de circulation et d’installation pour tous !
Suppression des lieux de rétention !
La section syndicale CNT Cimade, 25 juin 2008
Fédération CNT santé social & collectivités territoriales.
Infos sur les deux retenus déférés : deux libérations
Après la mobilisation d’hier devant le comico de Louis-Blanc, des copains ont passé la journée au tribunal pour les deux retenus déférés (Kone et Diallo) suite à l’incendie de Vincennes, avec le frère d’un des deux qui n’a pas lâché l’affaire non plus.
Kone a été libéré il y a une heure et le deuxième Diallo vient d’être libéré à la seconde même. Pour Diallo je ne sais pas encore mais Kone est juste «témoin assisté» donc pas d’inculpation pour lui (on vous tient informé pour Diallo). On ne sait pas, qui de l’absence de preuve dans l’accusation, qui de la mobilisation aura le plus joué. En tout cas les deux sont libres…
Infozone, 25 juin 2008 (21h19).
Deux étrangers retenus mis en examen
Les deux hommes placés en garde à vue après l’incendie qui a ravagé dimanche le centre de rétention (CRA) de Vincennes ont été mis en examen mercredi pour «dégradation de biens par incendie», a-t-on appris de source judiciaire.
Une information judiciaire a été ouverte aussi mercredi pour ce chef contre eux et «toute autre personne», a ajouté la même source.
Le parquet avait requis la détention provisoire pour ces deux ressortissants maliens âgés de 36 et 28 ans, qui faisaient partie des 249 étrangers en situation irrégulière retenus au CRA de Vincennes au moment du sinistre. Un seul a finalement été placé en détention provisoire.
Dimanche vers 15 heures 30, alors qu’une manifestation de soutien aux étrangers retenus dans ce CRA, le plus grand de France avec une capacité de 280 places, se déroulait aux abords du centre, des retenus auraient commencé à dégrader les locaux, cassant portes et fenêtres et rassemblant des matelas en plusieurs points du bâtiment en signe de protestation, selon des sources proches de l’enquête.
À 15 heures 35, plusieurs départs de feu avaient été enregistrés. Les incendies, qui ont détruit les deux bâtiments du centre, avaient été circonscrits à 19 heures 30.
AFP, 25 juin 2008.
Vous avez dit «terroriste» ?
À propos de RESF, l’UMP parle de «mouvement quasi-terroriste».
Après la «mouvance anarcho-autonome» désignée par les médias-qui-mentent et les incarcérations/mises en examen par la justice, voici les jeunes valets du pouvoir qui dénoncent les nouveaux «terroristes»… : RESF !
David Weiss, délégué national des Jeunes UMP, est invité d’Europe1 le mardi 24 juin 2008, il est environ 13h37 :
Indymédia Nantes, 25 juin 2008.
Propagande ordinaire en Sarkozie
Quand les déclarations du porte-parole de l’UMP sur l’incendie du Centre de rétention administrative de Vincennes laissent présager le pire.
«Calomniez, calomniez, il en restera toujours quelque chose…» L’adage est devenu une règle de base de la communication politique en période de crise. Par-delà son ignominie ordinaire en ces temps de guerre idéologique tous azimuts menée par les communicants élyséens, la grotesque déclaration du porte-parole de l’UMP Frédéric Lefebvre (ancien assistant parlementaire de Sarkozy) au lendemain de l’incendie qui a entièrement détruit dimanche 22 juin le Centre de rétention administrative de Vincennes (Val-de-Marne) est ainsi peut-être plus habile qu’elle ne paraît.
Rappelons la teneur de ces propos historiques : «Il n’est pas tolérable que des “collectifs”, type RESF (Réseau éducation sans frontières), viennent faire des provocations aux abords de ces centres au risque de mettre en danger des étrangers retenus. L’UMP demande la plus grande fermeté contre les collectifs qui se livrent à ce type d’actions à proximité de lieux où ils n’ont absolument rien à faire. L’UMP demande que dans l’affaire de Vincennes toutes les conséquences soient tirées y compris au plan judiciaire si la responsabilité de membres de collectifs comme RESF était avérée. […] Des associations humanitaires ont accès quand elles le veulent à toutes les étapes de la politique de reconduite des étrangers, la CIMADE dans les centres, la Croix Rouge à Roissy, la plus grande transparence étant pratiquée dans notre pays. Raison de plus pour ne pas tolérer que des associations comme RESF viennent semer le désordre au risque de déclencher des émeutes et des actes irréparables.» Réponse un brin désabusée du RESF dans un communiqué daté du même jour : «C’est le coup classique du pyromane qui crie au feu et dénonce des innocents.»
C’est tout ? Peut-être pas. Les accusations explicites et objectivement délirantes contre le RESF dans l’affaire du CRA de Vincennes — comme si le Réseau avait tenu le briquet… — participe de l’offensive idéologique en cours à l’égard des organisations qui osent encore s’opposer ouvertement, et souvent relativement efficacement, à une politique sarkozyenne de xénophobie d’État présentée comme une sorte d’humanisme pragmatique et responsable. À défaut de réussir à les contenir dans le cadre d’un débat démocratique classique, c’est la voie de la calomnie et de la répression policière et judiciaire qui est en train d’être tranquillement choisie.
Un certain style de militantisme — celui qui ne se contente pas de déclarations générales mais s’attache à rendre visible le réel et à agir en conséquence auprès des premiers concernés et du grand public — est tout doucement en passe d’être criminalisé. On se contente aujourd’hui de suggérer sans honte que quelques dizaines de manifestants pacifiques devant une véritable forteresse entourée de barbelés sont responsables d’un incendie. Si l’on n’y prend garde, le seul fait de défendre des idées opposées au discours ambiant sur l’immigration — et pourquoi pas sur bien d’autres sujets — pourrait peu à peu être rendu suspect. La fermeté de principe sur le respect des droits et de la dignité des étrangers vivant sur le sol national passera bientôt, au mieux, pour de l’idéalisme infantile (celui des Églises, par exemple), et au pire, pour du fanatisme politique (celui des organisations militantes impliquées dans le mouvement social en général). Dans un contexte idéologique où il suffit de qualifier «d’extrémiste» son adversaire pour se sentir dispensé de discuter sérieusement ses arguments, le risque n’est plus seulement théorique.
Au début du mois de mai, certains médias (en particulier Le Point, sous le titre «Les nouveaux combattants de l’ultra-gauche», no 1859) avaient fort docilement répercuté les inquiétudes des Renseignements généraux sur la résurgence en France d’un «mouvement autonome» susceptible de recourir au terrorisme pour défendre ses idées. Il était fort aimablement précisé que les individus suspects se situaient «à la gauche de l’extrême-gauche électorale» c’est-à-dire de la LCR, de Lutte ouvrière. Le syndicat Sud était également cité. Ce type de rapprochement, sans préjuger de ce que chacun est en droit de penser par ailleurs du style et des idées professées par ces organisations ou mouvements politiques et syndicaux, n’a évidemment aucun sens. Peu importe : ces noms d’organisations étaient livrées en vrac dans un contexte évoquant les risques «terroristes». Un art subtil de la suggestion qui est exactement celui dont a usé en bon soldat du sarkozysme Frédéric Lefebvre à propos du RESF, confirmé sur Europe 1 le lendemain par le responsable jeunesse de l’UMP, David Weiss, qualifiant de «quasi-terroristes» les parents d’élèves, les enseignants, les lycéens s’opposant à l’expulsion de familles sans-papiers.
Jérôme Anciberro
Basta !, 25 juin 2008.
Rapport relatif à l’assaut massif de migrants subsahariens contre le poste frontalier de l’enclave de Melilla, de dimanche 22 juin 2008
Suite à l’assaut massif d’un groupe de migrants subsahariens, le dimanche 22 juin vers 4 heures 30 du matin, contre le poste frontalier de Bab Melilla, qui sépare l’enclave espagnole de Melilla de Nador. Les associations ABCDS (Association Beni Znassen pour la Culture, le Développement et la Solidarité) et l’ARDH (Association Rif des Droits de l’Homme) ont enregistré l’arrestation de 58 personnes, dont 28 arrêtés par la Guardia civile espagnole après avoir réussi à franchir le portail frontalier, et 30 personnes par des éléments de la sécurité marocaine, après des affrontements qui se sont produits avec les forces de l’ordre marocaines et espagnoles sur le lieu, et qui ont fait sept blessés dans les rangs des migrants, transférés plus tard à l’hôpital régional de Nador pour y recevoir des soins avant d’être conduits le lundi après-midi au commissariat de Nador pour terminer l’enquête. Tandis que 22 autres ont été arrêtés après une autre tentative de prendre d’assaut la barrière de sécurité de la même manière le même jour à 22 heures, sans blessures selon les témoignages recueillis auprès des sources de l’intérieur de l’hôpital régional de Nador.
Dans sa couverture médiatique de cet assaut, la MAP (Maghreb Arabe Presse), a publié sa dépêche en cinq versions, chacune corrige l’autre dans une confusion claire, aggravée par les données contradictoires lors de la sortie du communiqué de la Direction de la migration et de la surveillance des frontières au ministère marocain de l’Intérieur, qui parle de «l’enregistrement de sept cas de perte de conscience» dans les rangs de ces migrants, avant que cette dépêche soit corrigée ultérieurement pour parler de «de sept candidats à l’immigration qui ont reçu des blessures légères», sans la publication d’extraits du communiqué de la Direction, ce qui frappe entièrement la crédibilité des déclarations officielles dans ce sens.
La commission composée de membres de l’ARDH et l’ABCDS, a essayé de se rendre au service des os et des articulations au sein de l’hôpital régional pour déterminer l’état des blessés mais l’accès leur a été refusé par des responsables policiers. Les deux ONG ont enregistré une campagne soudaine et de grande envergure menée par les forces de l’ordre sur les zones rurales adjacentes à la municipalité de Nador et qui a conduit à l’arrestation d’un certain nombre de migrants dont le nombre reste inconnu pour le moment. Ce genre de vagues soudaines intervient dans le cadre de la protection des frontières de l’enclave de Melilla. Et comme précédemment exprimé par le CCDH (Conseil Consultatif des Droits de l’Homme) dans son rapport intitulé Rapport sur l’établissement des faits relatifs aux événements de l’immigration illégale - Événements de Ceuta et Melilla durant l’automne 2005, on lit en sa 6e page : «Ce n’est pas que Seuta et Melilla soient prises d’assaut qui devient étrange dans ces conditions. C’est de se demander comment ces murs peuvent encore tenir qui devient curieux. Une chose est sûre, sans le concours et la volonté de l’État marocain, ces murs ne tiendraient pas une semaine.»
ARDH-ABCDS, 24 juin 2008.