La jeunesse pourrie
Pierre-Joël Berlé qui, le 23 août dernier, à l’issue d’une beuverie dans un appartement de la rue Dauphine, assomma un de ses compagnons à coups de bouteille, n’appartenait plus à l’Internationale lettriste depuis la série d’exclusions de septembre 1953 (élimination d’éléments à tendances fascistes, ou simplement crapuleuses). Cependant le prêche publié comme d’habitude par L’Aurore («Tous ces ratés et ces incapables ne peuvent vivre que des libéralités de leurs proches», etc.) ne saurait détourner notre attention des vrais responsables, de ceux qui maintiennent la vie sociale dans la pauvreté dont de tels faits divers témoignent : entre pas mal d’autres, les valets de L’Aurore (tous ces ratés et ces incapables ne peuvent vivre que des libéralités de Boussac…).
Nous tenons pour également méprisables les valeurs bourgeoises d’exploitation, dont L’Aurore représente la plus intransigeante défense, et la vulgarité d’une jeunesse inconsciente — inconsciente au point même d’ignorer cette exploitation, et le mince champ libre qu’elle laisse aux débauches désargentées.
Potlatch no 12, 28 septembre 1954.