Passe ton Bac d'abord

Publié le par la Rédaction

Baccalauréat 2008 - Sciences économiques et sociales


Sujet 1 : Les médias en crise
► On connaissait Michel Destot randonnant avec le journaliste (l’animateur, pardon) Thibault Leduc de Télégrenoble et ancien rédac chef de Spot, un gratuit sportif. «Dimanche dernier, j’ai réussi à “voler” quelques heures pour monter à la Croix de Belledonne, avec Thibault Leduc et Emmanuel Armand» écrit Michel Destot sur son blog le 14 novembre 2006.
Notre maire sait aussi brosser dans le sens du poil certains journalistes pour qu'ils se traînent jusqu’à son paillasson boulevard Jean Pain : c’est le cas d’Éric Angelica, journaliste au Dauphiné Libéré qui vient de rejoindre l’équipe de communication de la municipalité grenobloise. Il faut dire que lancien rédac chef (lui aussi !) de Sortir, gratuit du Daubé, faisait partie du comité de soutien officiel du candidat Destot lors des municipales. Et comme disait Jules Janin : «le journalisme mène à tout, à condition de sen Sortir».
► Le bien connu journal Le Monde, organe de presse du marchand darmes Lagardère, a sorti pendant la semaine du 7 au 12 avril, un supplément spécial sur Grenoble. 16 pages sur les JOs, la technoscience, la MC2, le stade des Alpes, les trams… remplis déloges et démerveillement. Même si ce nest guère étonnant que le «quotidien de référence» sombre dans le publi-rédactionnel, labsence de la moindre critique et lenthousiasme béat vis-à-vis de toutes les politiques publiques digne du Quotidien du Peuple (journal officiel chinois), a de quoi laisser pantois. En regardant de plus près les réalisateurs de ce numéro spécial, tout séclaire : il a été conçu par des élèves de «Grenoble Management», lécole de commerce, encadrés par Michel Noblecourt. Ce journaliste au Monde est le père d'Olivier Noblecourt, ancien directeur de cabinet de Michel Destot, directeur de sa campagne des municipales, et nouvel adjoint à laction sociale. Peut-être que ce numéro était un cadeau danniversaire…
Question : En vous appuyant sur ces deux brèves, tâchez dexpliquer une des causes de la crise que traversent les médias «dominants», la défiance grandissante quils rencontrent dans la population et le succès de slogans comme «Les médias mentent».


Sujet 2 : «L
éducation doit-elle être concurrentielle ?»
► «Grenoble, Université de lInnovation», projet regroupant toutes les universités grenobloises, vient dêtre sélectionnée (le 29 mai 2008) par le ministère de l’Enseignement supérieur pour faire partie des «Dix grands campus de demain», et toucher ainsi des fonds de l’État afin d'assurer son développement. Le but : sinspirer du «Master de lInnovation» de lESC Grenoble, dont le but est de «créer de la valeur grâce à la technologie», et se préparer à «lautonomie des universités». Cest-à-dire rendre toutes les formations «rentables» en exploitant les sciences «molles» pour la promotion des sciences «dures». Concrètement, il sagira de rapprocher tous les étudiants des scientifiques et des industriels en réduisant au néant leur esprit critique. Même un ingénieur syndicaliste CGT sen inquiète «le risque financier est important : selon les aléas de la bourse ou en cas de surcoût, luniversité pourra se trouver endettée… Et devra chercher des fonds dans des domaines valorisables par lindustrie, ce qui induit une perte dautonomie scientifique.» (Daubé, 19 mai 2008)
Plus globalement, il s'agit dun dispositif visant une nouvelle fois à renforcer limage «dynamique» de la cuvette grenobloise, et à mieux vendre de territoire — en termes économiques, ce «cluster» —, véritable «écosystème dinnovation», «modèle» pour la ministre Valérie Pécresse (Daubé, 19 mai).
Question : Après avoir expliqué pourquoi léducation devrait avoir pour seul but dapporter des connaissances et de lesprit critique, vous expliquerez pourquoi le projet «Grenoble, Université de lInnovation» est néfaste. Nhésitez pas à montrer les incohérences et les limites des raisonnements économiques et politiques uniquement basés sur la «croissance», le «développement», ou la «compétitivité»…

Indymédia Grenoble, 31 mai 2008



Baccalauréat 2008 - Épreuves scientifiques



CHIMIE

Sujet 2

Les grenades lacrymogènes actuellement utilisées par les forces de l’ordre contiennent du gaz «CS», du nom de ses inventeurs Corson et Stoughton. Inventé en 1928 au Royaume-Uni, il a été utilisé à partir des années 1960.

Sachant que son nom scientifique est le 2-chlorobenzylidène malonitrile, donnez sa formule brute et sa formule développée plane.

Le gaz CS a remplacé le gaz CN, de formule C6H5COCH2CI. Donnez son nom scientifique et proposez une formule développée plane.



SCIENCES PHYSIQUES

Sujet 3

Les forces de l’ordre utilisent des lances-grenades afin de propulser les grenades lacrymogènes à une distance plus élevée qu’à la main. Le problème du grenadier, lanceur de grenade, est un problème de balistique : si la grenade ne va pas assez loin, elle risque de toucher ses collègues CRS, si la grenade va trop loin, elle risque de toucher des bâtiments ou des personnes étrangères à la manifestation.

Prenons le cas d’un grenadier situé à 15 m derrière un cordon de CRS. La grenade de masse m est éjectée avec une vitesse v du lance-grenade.

Avec quel angle de tir Ɣ doit-il tirer pour que la grenade atterrisse sur les émeutiers violents, cagoulés et armés, situés 30 m devant le cordon de CRS ?

Application numérique :
m = 250 g
v = 20 m/s
g (accélération de la pesanteur) = 9,81 m/s2

NB : le frottement de l’air sera négligé.



MATHÉMATIQUES

Sujet 1 (Bac L)

Le coût d’une grenade lacrymogène classique est de 40 €. Le coût d’une grenade de dés-encerclement (effet de souffle avec projection en caoutchouc) est de 55 €.

Sachant d’autre part que pendant le printemps 2006, les forces de l’ordre ont utilisé 985 grenades pour un coût total de 40.000 €, calculer le nombre de chaque type de grenade utilisée pendant cette période.


Sujet 2 (Bac S option math)

Probabilité :

Par temps calme sur la place Verdun, la distribution spatiale de la probabilité d
atterrissage des grenades obéit à une loi de Gauss centrée sur le point visé par le grenadier. Sachant quun manifestant situé à 30 m du centre de la place (point visé par le grenadier) a une probabilité de 0,01 de recevoir la grenade sur la tête, donner lespérance E, et l’écart-type sigma de cette loi de Gauss.



SCIENCES DE LA VIE ET DE LA TERRE

Question de cours :

Soumis à un gaz lacrymogène, les yeux produisent un larmoiement intense. À l
aide de vos connaissances, décrivez ce qui provoque ce phénomène.


Sujet 2

Génétique :

Désormais, la police effectue un prélèvement ADN de toute personne en garde-à-vue afin d
alimenter le fichier national automatisé dempreintes génétiques (FNAEG). Initialement prévu pour les crimes sexuels, il concerne désormais quasiment tous les délits et jusquau simple suspect ou témoin. Le prélèvement est effectué en raclant des cellules à lintérieur de la bouche. Décrivez un procédé possible pour extraire ensuite lADN de ces cellules.

Des études menées sur les manifestants fichés depuis 2006 ont montré que 88% d
entre eux possédaient lallele «révolte» sur le gène E404. Cet allele est récessif.

12% d
entre eux possédaient lallele «soumission». Cet allele est dominant.

Si deux des manifestants fichés pris au hasard ont un enfant, quelle est la probabilité pour qu
il présente le comportement «révolte» ?

Indymédia Grenoble, 28 mai 2008



Baccalauréat 2008. Épreuve de Français. Analyse d'article


Sujet 1

Corpus
Article de Denis Masliah, paru dans le Dauphiné Libéré du 24 mai 2008.

«Alors qu’une nouvelle manifestation de lycéens est annoncée pour 14 heures aujourdhui, la tournure prise par les derniers événements suscite linquiétude en Isère. Le mouvement initial de protestation des lycéens contre la suppression de postes denseignants dès la prochaine rentrée se radicalise (1), au point de dégénérer systématiquement en affrontements avec les forces de lordre.
Parallèlement à ce phénomène, des bandes de casseurs, probablement sans lien avec lenjeu initial, se greffent sur les défilés de lycéens pour attaquer les magasins, comme cela sest produit jeudi au centre-ville de Grenoble.
Dun côté, donc, une radicalisation qui se traduit par des heurts très sérieux avec la police et la gendarmerie : aux canettes, bâtons, téléphones portables, jets de billes de plomb à la fronde et au lance-pierres, se sont ajoutés jeudi, sur la place de Verdun, trois attaques à lengin explosif artisanal à base dacide… Une commissaire de police stagiaire a été blessée aux oreilles par leffet de “blast” lorsque lun de ces engins a explosé à ses pieds. Deux gendarmes mobiles ont été légèrement touchés par des projections dacide. (2) “Certaines personnes viennent aux manifestations pour casser du flic et pour rien dautre. Tous les observateurs ont pu constater que, jeudi, sur la place de Verdun, la force publique a été littéralement bombardée pendant de longues minutes avant quelle ne soit contrainte de réagir”, explique un policier. De fait, comme les journalistes du Dauphiné Libéré lont constaté, la riposte des gendarmes mobiles est intervenue plus dune demi-heure après les premiers jets de projectiles sur leurs effectifs.
Les appels à la violence relayés par des sites web anarcho-libertaires “auto-gérés” par dhabiles militants déjà trentenaires semblent trouver un écho auprès de certains très jeunes gens qui ont le sentiment dêtre méprisés par le gouvernement. Lun de ces sites, connu pour ses appels répétés à la violence (3), publie par exemple une liste nominative — aux relents de liste noire — des différents responsables policiers locaux (4), mais également de représentants syndicaux (!) et de journalistes dont le tort est de rapporter les faits dont ils ont été témoins (5) (…)»

Questions :

En vous appuyant sur votre expérience de la mobilisation lycéenne et sur votre esprit critique, analysez cet article de presse.


Corrigé.

Vous trouverez ci-après des éléments d
analyse de larticle de presse, qui auraient été pertinents à utiliser lors de lépreuve.

(1) Le terme «radicalisation» — à connotation péjorative pour la plupart des personnes — est utilisé par les médias pour qualifier le mouvement lycéen, mais jamais pour qualifier l
attitude des autorités, restant sourdes aux revendications et déclarant aux profs et lycéens qu’«ils peuvent manifester mais que cela ne changera rien». Face à cette attitude «radicale», les lycéens ont eu le mérite de persévérer et de ne pas sarrêter suite à deux manifestations. Les affrontements avec les forces de lordre sont — pour certains — une manière de se faire entendre, de faire monter la pression, de sortir de la «routine» des défilés plan-plan, ou de montrer aux forces de lordre le dégoût quelles suscitent. Si cette stratégie est discutable, il reste quelle a déjà fait ses preuves et que lautisme et le mépris du gouvernement envers les lycéens et tous les manifestants devrait bien plus «susciter linquiétude» des journalistes.

(2) Une fois de plus, le Daubé ne relaye que les petits dommages corporels chez les policiers. Jamais — ou quasiment — ne sont relayés les dégâts corporels causés par l
action de la police. Le 15 mai, une nouvelle fois, une lycéenne — qui ne participait pas à la manifestation — a été victime dune grenade de désencerclement et a du subir une importante opération sur la jambe. Le 22 mai, si le Daubé écrit quun ouvrier de la place de Verdun a été blessé, il ne précise pas que ce fut par une grenade lancée par la police. De plus, il nest pas fait mention des multiples malaises dues aux grenades lacrymogènes, des diverses plaies dues aux balles de flash-ball, ou des coups reçus lors des tabassages de la BAC.

(3) Il est ici fait référence à
Indymédia Grenoble, site internet dinformations alternatives fonctionnant sur le principe de la publication ouverte, où chacun-e peut proposer un article, modéré ou pas selon une charte. Ce site, par ailleurs sûrement plein derreurs et perfectible, qui relaye régulièrement des idées «libertaires» (mais pas uniquement), ne sest jamais défini comme «anarcho-libertaire». Cette appellation — là aussi péjorative — a été créée par les journalistes du Daubé afin de caricaturer un média «concurrent». En effet, le Daubé possède depuis plusieurs dizaines dannées un quasi-monopole de linformation locale et méprise ou stigmatise toutes les autres initiatives, quelles soient alternatives ou pas.

Quant aux prétendus appels à la violence, Denis Masliah — qui ne cite aucune phrase pour appuyer ses propos — doit faire référence au ton subversif, irrévérencieux et très «décidé» se retrouvant dans quelques articles postés sur ce site. Il est vrai que ce ton détonne véritablement avec celui, servile, fataliste, résigné et dédaigneux très présent au Dauphiné Libéré et autres médias «démago-sécuritaires».

(4) Denis Masliah fait référence au texte-tract
Nous, on veut vivre, ayant pas mal circulé sur Internet et dans les manifestations. En guise de liste noire, ce texte cite — afin dappuyer des idées — les noms et quelques éléments biographiques de trois des principaux responsables de la police locale. Il est étonnant de voir que ceci suscite lindignation de Denis Masliah quand on sait que la Police locale réalise à longueur de journées des fiches biographiques très détaillées sur des centaines de personnes, ayant pour seul tort dexprimer des idées. Que les Renseignements Généraux profitent des manifestations pour réaliser des milliers de photos avant de les classer et dapprendre à reconnaître les manifestants. Le développement et linterconnexion des fichiers policiers (notamment de pauvres et les militants) na jamais suscité la moindre indignation de la part de Denis Masliah. Le fait de nommer les responsables policiers, si. On commence à comprendre quels sont ses amis.

(5) Ce passage permet de comprendre la véritable nature de ce texte. Il semble s
agir uniquement dune vengeance personnelle. En effet Denis Masliah fait partie — avec Vanessa Laime — des «journalistes» cités dans le tract Nous, on veut vivre. Mais contrairement à ce quaimerait croire Denis Masliah, leur tort nest pas «de rapporter des faits donc ils ont été témoins». En effet, lessentiel du travail de ces personnes, spécialistes au Daubé des «faits divers» consiste à recopier les informations données par la Police, en les présentant comme la Vérité. Il leur arrive des fois dêtre témoins des évènements, de se déplacer — par exemple aux manifestations — mais cest pour aller discuter «de vive voix» avec les policiers (ça change du téléphone). Le tort reproché à ces personnes est donc bel et bien dêtre juste — sans lavouer — les porte-paroles de la Police.

Ajoutons qu
à propos de Denis Masliah ou de Vanessa Laime, la dénomination de «journalistes» est certainement un peu abusive — la noblesse idéale de ce métier ne méritant sans doute pas dêtre associée avec la médiocrité du travail de ces personnes.

Indymédia Grenoble, 27 mai 2008


Publié dans Éducation

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