Passe ton Bac d'abord
Baccalauréat 2008 - Sciences économiques et sociales
Sujet 1 : Les médias en crise
Sujet 2 : «L’éducation doit-elle être concurrentielle ?»
Baccalauréat 2008 - Épreuves scientifiques
CHIMIE
Sujet 2
Les grenades lacrymogènes actuellement utilisées par les forces de l’ordre contiennent du gaz «CS», du nom de ses inventeurs Corson et Stoughton. Inventé en 1928 au Royaume-Uni, il a été utilisé à partir des années 1960.
Sachant que son nom scientifique est le 2-chlorobenzylidène malonitrile, donnez sa formule brute et sa formule développée plane.
Le gaz CS a remplacé le gaz CN, de formule C6H5COCH2CI. Donnez son nom scientifique et proposez une formule développée plane.
SCIENCES PHYSIQUES
Sujet 3
Les forces de l’ordre utilisent des lances-grenades afin de propulser les grenades lacrymogènes à une distance plus élevée qu’à la main. Le problème du grenadier, lanceur de grenade, est un problème de balistique : si la grenade ne va pas assez loin, elle risque de toucher ses collègues CRS, si la grenade va trop loin, elle risque de toucher des bâtiments ou des personnes étrangères à la manifestation.
Prenons le cas d’un grenadier situé à 15 m derrière un cordon de CRS. La grenade de masse m est éjectée avec une vitesse v du lance-grenade.
Avec quel angle de tir Ɣ doit-il tirer pour que la grenade atterrisse sur les émeutiers violents, cagoulés et armés, situés 30 m devant le cordon de CRS ?
Application numérique :
m = 250 g
v = 20 m/s
g (accélération de la pesanteur) = 9,81 m/s2
NB : le frottement de l’air sera négligé.
MATHÉMATIQUES
Sujet 1 (Bac L)
Le coût d’une grenade lacrymogène classique est de 40 €. Le coût d’une grenade de dés-encerclement (effet de souffle avec projection en caoutchouc) est de 55 €.
Sachant d’autre part que pendant le printemps 2006, les forces de l’ordre ont utilisé 985 grenades pour un coût total de 40.000 €, calculer le nombre de chaque type de grenade utilisée pendant cette période.
Sujet 2 (Bac S option math)
Probabilité :
Par temps calme sur la place Verdun, la distribution spatiale de la probabilité d’atterrissage des grenades obéit à une loi de Gauss centrée sur le point visé par le grenadier. Sachant qu’un manifestant situé à 30 m du centre de la place (point visé par le grenadier) a une probabilité de 0,01 de recevoir la grenade sur la tête, donner l’espérance E, et l’écart-type sigma de cette loi de Gauss.
SCIENCES DE LA VIE ET DE LA TERRE
Question de cours :
Soumis à un gaz lacrymogène, les yeux produisent un larmoiement intense. À l’aide de vos connaissances, décrivez ce qui provoque ce phénomène.
Sujet 2
Génétique :
Désormais, la police effectue un prélèvement ADN de toute personne en garde-à-vue afin d’alimenter le fichier national automatisé d’empreintes génétiques (FNAEG). Initialement prévu pour les crimes sexuels, il concerne désormais quasiment tous les délits et jusqu’au simple suspect ou témoin. Le prélèvement est effectué en raclant des cellules à l’intérieur de la bouche. Décrivez un procédé possible pour extraire ensuite l’ADN de ces cellules.
Des études menées sur les manifestants fichés depuis 2006 ont montré que 88% d’entre eux possédaient l’allele «révolte» sur le gène E404. Cet allele est récessif.
12% d’entre eux possédaient l’allele «soumission». Cet allele est dominant.
Si deux des manifestants fichés pris au hasard ont un enfant, quelle est la probabilité pour qu’il présente le comportement «révolte» ?
Sujet 1 : Les médias en crise
► On connaissait Michel Destot randonnant avec le journaliste (l’animateur, pardon) Thibault Leduc de Télégrenoble et ancien rédac chef de Spot, un gratuit sportif. «Dimanche dernier, j’ai réussi à “voler” quelques heures pour monter à la Croix de Belledonne, avec Thibault Leduc et Emmanuel Armand» écrit Michel Destot sur son blog le 14 novembre 2006.
Notre maire sait aussi brosser dans le sens du poil certains journalistes pour qu'ils se traînent jusqu’à son paillasson boulevard Jean Pain : c’est le cas d’Éric Angelica, journaliste au Dauphiné Libéré qui vient de rejoindre l’équipe de communication de la municipalité grenobloise. Il faut dire que l’ancien rédac chef (lui aussi !) de Sortir, gratuit du Daubé, faisait partie du comité de soutien officiel du candidat Destot lors des municipales. Et comme disait Jules Janin : «le journalisme mène à tout, à condition de s’en Sortir».
► Le bien connu journal Le Monde, organe de presse du marchand d’armes Lagardère, a sorti pendant la semaine du 7 au 12 avril, un supplément spécial sur Grenoble. 16 pages sur les JOs, la technoscience, la MC2, le stade des Alpes, les trams… remplis d’éloges et d’émerveillement. Même si ce n’est guère étonnant que le «quotidien de référence» sombre dans le publi-rédactionnel, l’absence de la moindre critique et l’enthousiasme béat vis-à-vis de toutes les politiques publiques digne du Quotidien du Peuple (journal officiel chinois), a de quoi laisser pantois. En regardant de plus près les réalisateurs de ce numéro spécial, tout s’éclaire : il a été conçu par des élèves de «Grenoble Management», l’école de commerce, encadrés par Michel Noblecourt. Ce journaliste au Monde est le père d'Olivier Noblecourt, ancien directeur de cabinet de Michel Destot, directeur de sa campagne des municipales, et nouvel adjoint à l’action sociale. Peut-être que ce numéro était un cadeau d’anniversaire…Question : En vous appuyant sur ces deux brèves, tâchez d’expliquer une des causes de la crise que traversent les médias «dominants», la défiance grandissante qu’ils rencontrent dans la population et le succès de slogans comme «Les médias mentent».
Sujet 2 : «L’éducation doit-elle être concurrentielle ?»
► «Grenoble, Université de l’Innovation», projet regroupant toutes les universités grenobloises, vient d’être sélectionnée (le 29 mai 2008) par le ministère de l’Enseignement supérieur pour faire partie des «Dix grands campus de demain», et toucher ainsi des fonds de l’État afin d'assurer son développement. Le but : s’inspirer du «Master de l’Innovation» de l’ESC Grenoble, dont le but est de «créer de la valeur grâce à la technologie», et se préparer à «l’autonomie des universités». C’est-à-dire rendre toutes les formations «rentables» en exploitant les sciences «molles» pour la promotion des sciences «dures». Concrètement, il s’agira de rapprocher tous les étudiants des scientifiques et des industriels en réduisant au néant leur esprit critique. Même un ingénieur syndicaliste CGT s’en inquiète «le risque financier est important : selon les aléas de la bourse ou en cas de surcoût, l’université pourra se trouver endettée… Et devra chercher des fonds dans des domaines valorisables par l’industrie, ce qui induit une perte d’autonomie scientifique.» (Daubé, 19 mai 2008)
Plus globalement, il s'agit d’un dispositif visant une nouvelle fois à renforcer l’image «dynamique» de la cuvette grenobloise, et à mieux vendre de territoire — en termes économiques, ce «cluster» —, véritable «écosystème d’innovation», «modèle» pour la ministre Valérie Pécresse (Daubé, 19 mai).Question : Après avoir expliqué pourquoi l’éducation devrait avoir pour seul but d’apporter des connaissances et de l’esprit critique, vous expliquerez pourquoi le projet «Grenoble, Université de l’Innovation» est néfaste. N’hésitez pas à montrer les incohérences et les limites des raisonnements économiques et politiques uniquement basés sur la «croissance», le «développement», ou la «compétitivité»…
Baccalauréat 2008 - Épreuves scientifiques
CHIMIE
Sujet 2
Les grenades lacrymogènes actuellement utilisées par les forces de l’ordre contiennent du gaz «CS», du nom de ses inventeurs Corson et Stoughton. Inventé en 1928 au Royaume-Uni, il a été utilisé à partir des années 1960.
Sachant que son nom scientifique est le 2-chlorobenzylidène malonitrile, donnez sa formule brute et sa formule développée plane.
Le gaz CS a remplacé le gaz CN, de formule C6H5COCH2CI. Donnez son nom scientifique et proposez une formule développée plane.
SCIENCES PHYSIQUES
Sujet 3
Les forces de l’ordre utilisent des lances-grenades afin de propulser les grenades lacrymogènes à une distance plus élevée qu’à la main. Le problème du grenadier, lanceur de grenade, est un problème de balistique : si la grenade ne va pas assez loin, elle risque de toucher ses collègues CRS, si la grenade va trop loin, elle risque de toucher des bâtiments ou des personnes étrangères à la manifestation.
Prenons le cas d’un grenadier situé à 15 m derrière un cordon de CRS. La grenade de masse m est éjectée avec une vitesse v du lance-grenade.
Avec quel angle de tir Ɣ doit-il tirer pour que la grenade atterrisse sur les émeutiers violents, cagoulés et armés, situés 30 m devant le cordon de CRS ?
Application numérique :
m = 250 g
v = 20 m/s
g (accélération de la pesanteur) = 9,81 m/s2
NB : le frottement de l’air sera négligé.
MATHÉMATIQUES
Sujet 1 (Bac L)
Le coût d’une grenade lacrymogène classique est de 40 €. Le coût d’une grenade de dés-encerclement (effet de souffle avec projection en caoutchouc) est de 55 €.
Sachant d’autre part que pendant le printemps 2006, les forces de l’ordre ont utilisé 985 grenades pour un coût total de 40.000 €, calculer le nombre de chaque type de grenade utilisée pendant cette période.
Sujet 2 (Bac S option math)
Probabilité :
Par temps calme sur la place Verdun, la distribution spatiale de la probabilité d’atterrissage des grenades obéit à une loi de Gauss centrée sur le point visé par le grenadier. Sachant qu’un manifestant situé à 30 m du centre de la place (point visé par le grenadier) a une probabilité de 0,01 de recevoir la grenade sur la tête, donner l’espérance E, et l’écart-type sigma de cette loi de Gauss.
SCIENCES DE LA VIE ET DE LA TERRE
Question de cours :
Soumis à un gaz lacrymogène, les yeux produisent un larmoiement intense. À l’aide de vos connaissances, décrivez ce qui provoque ce phénomène.
Sujet 2
Génétique :
Désormais, la police effectue un prélèvement ADN de toute personne en garde-à-vue afin d’alimenter le fichier national automatisé d’empreintes génétiques (FNAEG). Initialement prévu pour les crimes sexuels, il concerne désormais quasiment tous les délits et jusqu’au simple suspect ou témoin. Le prélèvement est effectué en raclant des cellules à l’intérieur de la bouche. Décrivez un procédé possible pour extraire ensuite l’ADN de ces cellules.
Des études menées sur les manifestants fichés depuis 2006 ont montré que 88% d’entre eux possédaient l’allele «révolte» sur le gène E404. Cet allele est récessif.
12% d’entre eux possédaient l’allele «soumission». Cet allele est dominant.
Si deux des manifestants fichés pris au hasard ont un enfant, quelle est la probabilité pour qu’il présente le comportement «révolte» ?
Indymédia Grenoble, 28 mai 2008
Baccalauréat 2008. Épreuve de Français. Analyse d'article
Sujet 1
Corpus
Article de Denis Masliah, paru dans le Dauphiné Libéré du 24 mai 2008.
Questions :
En vous appuyant sur votre expérience de la mobilisation lycéenne et sur votre esprit critique, analysez cet article de presse.
Corrigé.
Vous trouverez ci-après des éléments d’analyse de l’article de presse, qui auraient été pertinents à utiliser lors de l’épreuve.
(1) Le terme «radicalisation» — à connotation péjorative pour la plupart des personnes — est utilisé par les médias pour qualifier le mouvement lycéen, mais jamais pour qualifier l’attitude des autorités, restant sourdes aux revendications et déclarant aux profs et lycéens qu’«ils peuvent manifester mais que cela ne changera rien». Face à cette attitude «radicale», les lycéens ont eu le mérite de persévérer et de ne pas s’arrêter suite à deux manifestations. Les affrontements avec les forces de l’ordre sont — pour certains — une manière de se faire entendre, de faire monter la pression, de sortir de la «routine» des défilés plan-plan, ou de montrer aux forces de l’ordre le dégoût qu’elles suscitent. Si cette stratégie est discutable, il reste qu’elle a déjà fait ses preuves et que l’autisme et le mépris du gouvernement envers les lycéens et tous les manifestants devrait bien plus «susciter l’inquiétude» des journalistes.
(2) Une fois de plus, le Daubé ne relaye que les petits dommages corporels chez les policiers. Jamais — ou quasiment — ne sont relayés les dégâts corporels causés par l’action de la police. Le 15 mai, une nouvelle fois, une lycéenne — qui ne participait pas à la manifestation — a été victime d’une grenade de désencerclement et a du subir une importante opération sur la jambe. Le 22 mai, si le Daubé écrit qu’un ouvrier de la place de Verdun a été blessé, il ne précise pas que ce fut par une grenade lancée par la police. De plus, il n’est pas fait mention des multiples malaises dues aux grenades lacrymogènes, des diverses plaies dues aux balles de flash-ball, ou des coups reçus lors des tabassages de la BAC.
(3) Il est ici fait référence à Indymédia Grenoble, site internet d’informations alternatives fonctionnant sur le principe de la publication ouverte, où chacun-e peut proposer un article, modéré ou pas selon une charte. Ce site, par ailleurs sûrement plein d’erreurs et perfectible, qui relaye régulièrement des idées «libertaires» (mais pas uniquement), ne s’est jamais défini comme «anarcho-libertaire». Cette appellation — là aussi péjorative — a été créée par les journalistes du Daubé afin de caricaturer un média «concurrent». En effet, le Daubé possède depuis plusieurs dizaines d’années un quasi-monopole de l’information locale et méprise ou stigmatise toutes les autres initiatives, qu’elles soient alternatives ou pas.
Quant aux prétendus appels à la violence, Denis Masliah — qui ne cite aucune phrase pour appuyer ses propos — doit faire référence au ton subversif, irrévérencieux et très «décidé» se retrouvant dans quelques articles postés sur ce site. Il est vrai que ce ton détonne véritablement avec celui, servile, fataliste, résigné et dédaigneux très présent au Dauphiné Libéré et autres médias «démago-sécuritaires».
(4) Denis Masliah fait référence au texte-tract Nous, on veut vivre, ayant pas mal circulé sur Internet et dans les manifestations. En guise de liste noire, ce texte cite — afin d’appuyer des idées — les noms et quelques éléments biographiques de trois des principaux responsables de la police locale. Il est étonnant de voir que ceci suscite l’indignation de Denis Masliah quand on sait que la Police locale réalise à longueur de journées des fiches biographiques très détaillées sur des centaines de personnes, ayant pour seul tort d’exprimer des idées. Que les Renseignements Généraux profitent des manifestations pour réaliser des milliers de photos avant de les classer et d’apprendre à reconnaître les manifestants. Le développement et l’interconnexion des fichiers policiers (notamment de pauvres et les militants) n’a jamais suscité la moindre indignation de la part de Denis Masliah. Le fait de nommer les responsables policiers, si. On commence à comprendre quels sont ses amis.
(5) Ce passage permet de comprendre la véritable nature de ce texte. Il semble s’agir uniquement d’une vengeance personnelle. En effet Denis Masliah fait partie — avec Vanessa Laime — des «journalistes» cités dans le tract Nous, on veut vivre. Mais contrairement à ce qu’aimerait croire Denis Masliah, leur tort n’est pas «de rapporter des faits donc ils ont été témoins». En effet, l’essentiel du travail de ces personnes, spécialistes au Daubé des «faits divers» consiste à recopier les informations données par la Police, en les présentant comme la Vérité. Il leur arrive des fois d’être témoins des évènements, de se déplacer — par exemple aux manifestations — mais c’est pour aller discuter «de vive voix» avec les policiers (ça change du téléphone). Le tort reproché à ces personnes est donc bel et bien d’être juste — sans l’avouer — les porte-paroles de la Police.
Ajoutons qu’à propos de Denis Masliah ou de Vanessa Laime, la dénomination de «journalistes» est certainement un peu abusive — la noblesse idéale de ce métier ne méritant sans doute pas d’être associée avec la médiocrité du travail de ces personnes.
Baccalauréat 2008. Épreuve de Français. Analyse d'article
Sujet 1
Corpus
Article de Denis Masliah, paru dans le Dauphiné Libéré du 24 mai 2008.
«Alors qu’une nouvelle manifestation de lycéens est annoncée pour 14 heures aujourd’hui, la tournure prise par les derniers événements suscite l’inquiétude en Isère. Le mouvement initial de protestation des lycéens contre la suppression de postes d’enseignants dès la prochaine rentrée se radicalise (1), au point de dégénérer systématiquement en affrontements avec les forces de l’ordre.
Parallèlement à ce phénomène, des bandes de casseurs, probablement sans lien avec l’enjeu initial, se greffent sur les défilés de lycéens pour attaquer les magasins, comme cela s’est produit jeudi au centre-ville de Grenoble.
D’un côté, donc, une radicalisation qui se traduit par des heurts très sérieux avec la police et la gendarmerie : aux canettes, bâtons, téléphones portables, jets de billes de plomb à la fronde et au lance-pierres, se sont ajoutés jeudi, sur la place de Verdun, trois attaques à l’engin explosif artisanal à base d’acide… Une commissaire de police stagiaire a été blessée aux oreilles par l’effet de “blast” lorsque l’un de ces engins a explosé à ses pieds. Deux gendarmes mobiles ont été légèrement touchés par des projections d’acide. (2) “Certaines personnes viennent aux manifestations pour casser du flic et pour rien d’autre. Tous les observateurs ont pu constater que, jeudi, sur la place de Verdun, la force publique a été littéralement bombardée pendant de longues minutes avant qu’elle ne soit contrainte de réagir”, explique un policier. De fait, comme les journalistes du Dauphiné Libéré l’ont constaté, la riposte des gendarmes mobiles est intervenue plus d’une demi-heure après les premiers jets de projectiles sur leurs effectifs.
Les appels à la violence relayés par des sites web anarcho-libertaires “auto-gérés” par d’habiles militants déjà trentenaires semblent trouver un écho auprès de certains très jeunes gens qui ont le sentiment d’être méprisés par le gouvernement. L’un de ces sites, connu pour ses appels répétés à la violence (3), publie par exemple une liste nominative — aux relents de liste noire — des différents responsables policiers locaux (4), mais également de représentants syndicaux (!) et de journalistes dont le tort est de rapporter les faits dont ils ont été témoins (5) (…)»
Questions :
En vous appuyant sur votre expérience de la mobilisation lycéenne et sur votre esprit critique, analysez cet article de presse.
Corrigé.
Vous trouverez ci-après des éléments d’analyse de l’article de presse, qui auraient été pertinents à utiliser lors de l’épreuve.
(1) Le terme «radicalisation» — à connotation péjorative pour la plupart des personnes — est utilisé par les médias pour qualifier le mouvement lycéen, mais jamais pour qualifier l’attitude des autorités, restant sourdes aux revendications et déclarant aux profs et lycéens qu’«ils peuvent manifester mais que cela ne changera rien». Face à cette attitude «radicale», les lycéens ont eu le mérite de persévérer et de ne pas s’arrêter suite à deux manifestations. Les affrontements avec les forces de l’ordre sont — pour certains — une manière de se faire entendre, de faire monter la pression, de sortir de la «routine» des défilés plan-plan, ou de montrer aux forces de l’ordre le dégoût qu’elles suscitent. Si cette stratégie est discutable, il reste qu’elle a déjà fait ses preuves et que l’autisme et le mépris du gouvernement envers les lycéens et tous les manifestants devrait bien plus «susciter l’inquiétude» des journalistes.
(2) Une fois de plus, le Daubé ne relaye que les petits dommages corporels chez les policiers. Jamais — ou quasiment — ne sont relayés les dégâts corporels causés par l’action de la police. Le 15 mai, une nouvelle fois, une lycéenne — qui ne participait pas à la manifestation — a été victime d’une grenade de désencerclement et a du subir une importante opération sur la jambe. Le 22 mai, si le Daubé écrit qu’un ouvrier de la place de Verdun a été blessé, il ne précise pas que ce fut par une grenade lancée par la police. De plus, il n’est pas fait mention des multiples malaises dues aux grenades lacrymogènes, des diverses plaies dues aux balles de flash-ball, ou des coups reçus lors des tabassages de la BAC.
(3) Il est ici fait référence à Indymédia Grenoble, site internet d’informations alternatives fonctionnant sur le principe de la publication ouverte, où chacun-e peut proposer un article, modéré ou pas selon une charte. Ce site, par ailleurs sûrement plein d’erreurs et perfectible, qui relaye régulièrement des idées «libertaires» (mais pas uniquement), ne s’est jamais défini comme «anarcho-libertaire». Cette appellation — là aussi péjorative — a été créée par les journalistes du Daubé afin de caricaturer un média «concurrent». En effet, le Daubé possède depuis plusieurs dizaines d’années un quasi-monopole de l’information locale et méprise ou stigmatise toutes les autres initiatives, qu’elles soient alternatives ou pas.
Quant aux prétendus appels à la violence, Denis Masliah — qui ne cite aucune phrase pour appuyer ses propos — doit faire référence au ton subversif, irrévérencieux et très «décidé» se retrouvant dans quelques articles postés sur ce site. Il est vrai que ce ton détonne véritablement avec celui, servile, fataliste, résigné et dédaigneux très présent au Dauphiné Libéré et autres médias «démago-sécuritaires».
(4) Denis Masliah fait référence au texte-tract Nous, on veut vivre, ayant pas mal circulé sur Internet et dans les manifestations. En guise de liste noire, ce texte cite — afin d’appuyer des idées — les noms et quelques éléments biographiques de trois des principaux responsables de la police locale. Il est étonnant de voir que ceci suscite l’indignation de Denis Masliah quand on sait que la Police locale réalise à longueur de journées des fiches biographiques très détaillées sur des centaines de personnes, ayant pour seul tort d’exprimer des idées. Que les Renseignements Généraux profitent des manifestations pour réaliser des milliers de photos avant de les classer et d’apprendre à reconnaître les manifestants. Le développement et l’interconnexion des fichiers policiers (notamment de pauvres et les militants) n’a jamais suscité la moindre indignation de la part de Denis Masliah. Le fait de nommer les responsables policiers, si. On commence à comprendre quels sont ses amis.
(5) Ce passage permet de comprendre la véritable nature de ce texte. Il semble s’agir uniquement d’une vengeance personnelle. En effet Denis Masliah fait partie — avec Vanessa Laime — des «journalistes» cités dans le tract Nous, on veut vivre. Mais contrairement à ce qu’aimerait croire Denis Masliah, leur tort n’est pas «de rapporter des faits donc ils ont été témoins». En effet, l’essentiel du travail de ces personnes, spécialistes au Daubé des «faits divers» consiste à recopier les informations données par la Police, en les présentant comme la Vérité. Il leur arrive des fois d’être témoins des évènements, de se déplacer — par exemple aux manifestations — mais c’est pour aller discuter «de vive voix» avec les policiers (ça change du téléphone). Le tort reproché à ces personnes est donc bel et bien d’être juste — sans l’avouer — les porte-paroles de la Police.
Ajoutons qu’à propos de Denis Masliah ou de Vanessa Laime, la dénomination de «journalistes» est certainement un peu abusive — la noblesse idéale de ce métier ne méritant sans doute pas d’être associée avec la médiocrité du travail de ces personnes.