Rafle de 300 manifestants à Bruxelles
Cet après-midi, une nouvelle manifestation s’est déroulée devant l’Office de la honte à partir de 14 heures. Près de 300 manifestants, soit deux cents sans-papiers et une centaine d’étudiants. Ambiance très combative. La pelouse se transforme quasi en camping avec quelques tentes qui suscitent l’inquiétude des représentants de l’ordre dirigé par le célèbre Captain Vandersmissen. En effet deux camions de la voirie se stationnent devant l’Office.
Le Captain, dès 15 heures 30, s’introduit dans la manifestation et exprime sa volonté de «dégager». Le reste, les arguments des organisateurs pour une fin de manif paisible «c’est de la politique». Et à 15 heures 50, encerclement par les robocops. Violences diverses (le classique aplatissement au sol, quelques coups de matraque, des coups de pieds et le non moins classique «colsonage» à serrage variable).
Départ en car (quatre voyages successifs) vers le Palais de Justice et son «Alcatraz». Dans les bus un policier se met à la recherche du parlementaire effectivement arrêté après avoir été plaqué dans la boue. Pas de fouilles, mais incarcération. Pas d’accès à la toilette (jusqu’au delà de 22 heures). À partir de 21 heures, divers policiers se présentent à la porte des cellules pour savoir combien de personnes sont enfermées là, puis, qui a des papiers. Auparavant, les GSM fonctionnent à plein régime : le chef de cabinet de Thielemans assure une libération pour tous dès 20 heures. Carine Lalieux pareil… Il apparaît cependant que l’Office va recenser les divers «sans-papiers» et les traiter selon les procédures habituelles. C’est-à-dire mettre en œuvre des expulsions. Les policiers, de plus en plus énervés, s’emmêlent les pinceaux dans la nature des papiers (9.3 et un mystérieux 28). Les Belges ont décidé de refuser la sortie. Jusqu’à être débusqués dans le fond des cellules sur leur apparence. Il apparaît que ce qui provoque l’énervement, sans oublier un racisme militant, des policiers, c’est la présence de «gauchistes». Dès 20 heures une manif s’organise à l’entrée, et à la sortie, du centre pénitentiaire.
À cette heure, ce sont deux cents personnes qui manifestent, dont des avocats, des étudiants, des «gauchistes»… L’avocat Leurin (Leurquin ?), accrédité régulièrement pour s’assurer des conditions d’incarcération, se fait tabasser par quatre policiers de garde, dont un commissaire. Selon un policier, ce sont les avocats qui libèrent les délinquants.
C’est la première rafle, depuis celle de l’église d’Anderlecht. Il semble que cette affaire agite les sphères gouvernementale. Je pense que Dewael veut faire un exemple.
Thierry [Stopauxrafles]
30 avril 2008, 01:36:01
Le «Comité d’Action et de Soutien aux sans-papiers» de l’ULB [constitué au sein de la Communauté universitaire de l’ULB en solidarité avec les personnes sans papiers occupant actuellement un bâtiment de l’ULB] tient à exprimer sa profonde indignation face à l’attitude de la police envers les sans-papiers tout au long de la journée du 29 avril.
Une autorisation orale avait été donnée par la police de manifester dans un cadre légal jusqu’à 16 heures, devant l’Office des Étrangers. L’intervention policière a eu lieu à 15h55, sans avertissement, prenant dès lors les manifestants au dépourvu, et ce seulement 20 minutes après la rencontre d’une délégation d’étudiants et de sans-papiers avec l’entourage de M. Thielemans, bourgmestre de la ville de Bruxelles.
La police a fait preuve d’une rare brutalité lorsqu’elle a délogé les manifestants. Des familles comprenant des enfants en jeune âge ont été emmenées avec violence, le reste des manifestants étant traité au mieux avec mépris, au pire avec racisme. Plusieurs témoignages confirment les insultes racistes répétés de la part des forces de l’ordre, et ce tout au long de la journée. D’autre part, deux avocats ont été violentés et traités de «crapules» par les policiers.
Il s’agit non seulement d’une arrestation massive de manifestants, mais aussi, et cela ne s’était plus vu depuis deux ans, d’une rafle organisée en plein mouvement de revendication de personnes sans papiers.
Par ailleurs, à 4 heures du matin, alors qu’environ 150 personnes, principalement des étudiants, manifestaient aux portes du Palais de Justice de Bruxelles pour obtenir la libération de la trentaine de personnes encore enfermées, différentes sources ont fait état de brutalités policières à l’égard de deux détenus sans-papiers. Immédiatement, la police, aidée d’un «tank à eau», a chargé les manifestants, les poursuivant jusque dans les Marolles.
Ces évènements sont pour nous non seulement inacceptables mais sont également le reflet d’un changement de ton en matière de politique d’immigration. Le comité juge M. Thielemans, chef de la Police, responsable de l’ensemble des incidents de la journée, tant la répression policière d’une manifestation pacifique, la rafle et l’enfermement sans discernement de 130 manifestants.
Durant la nuit, les manifestants, à la manière d’un mois de mai pas si lointain, se sont réunis en Assemblée Générale et ont décidé de se retrouver le lendemain, ce mercredi 30 avril 2008, à 10 heures, devant le siège du Parti Socialiste, pour manifester contre sa façon brutale de traiter la question des sans-papiers en Belgique.
[Udep] 30 avril 2008, 05:34:32