Comité d'action poétique et prolétarienne

Publié le par la Rédaction



Communiqué

Notre camarade Louis Aragon au moment même où les piquets de grève de Flins tombaient écrivait les vers qu’on va lire.

Au sein même de la rédaction des Lettres françaises un mouvement a pris corps pour priver le poète et le révolutionnaire de la parole ; pour l’empêcher de s’exprimer dans les colonnes du journal qu’il a fondé.

Le Comité d’Action Poétique et Prolétarienne réprouve cette atteinte à la liberté d’expression dans un milieu qui jusqu’à maintenant était à l’avant-garde du combat culturel prolétarien. Nous regrettons profondément que notre camarade Louis Aragon ait estimé, par discipline, faire passer le militant avant le poète, le centralisme démocratique avant les luttes ouvrières. Nous estimons donc de notre devoir de donner à ce poème la diffusion la plus large.

«Tu peux camarade Aragon renier ou démentir provisoirement tes Poèmes des barricades. Comme Galilée obligé de se rétracter, et toujours fidèle à ton ardente jeunesse révolutionnaire, tu auras ouvert la voie, une fois de plus, à la jeune poésie.»

Un inédit de Louis Aragon

Sur les routes qui vont à Flins
Il y avait tant de polices
C.R.S. C.G.T. complices
Que l’on est resté en Chemin

Les ouvriers de Flins se battent
Presque sans aide et les menteurs
Ont appelé provocateurs
Ceux qui à leur secours se hâtent

Billancourt ne bougera pas
Les communistes sont aux portes
Propriétaires d’âmes mortes
Ennemis du prolétariat

Ce soir les cheminots oublient
Comment faire marcher les trains
Quand il s’agit d’aller à Flins
Et partout les grévistes plient

Honteuse fin de ce printemps
Qui commençait aux barricades
Ne l’oubliez plus camarades
Le stalinisme a fait son temps.

Le 8 juin à l’aube

Un groupe d’ouvriers et de travailleurs intellectuels employés par les organes de presse du Parti Communiste Français et les Éditions Sociales n’approuvent pas la ligne défaitiste adoptée par le bureau politique du parti de la classe ouvrière. Ils estiment que cette ligne erronée est une conséquence du manque de vigueur avec lequel la période du culte de la personnalité a été abolie au sein de notre parti. Ils ont constitué le Comité d’Action Poétique et Prolétarienne pour lutter contre ses séquelles.

À paraître : Poèmes des barricades
Et prochainement : Chants du gréviste de mai


Ce tract émanant d’un prétendu comité d’action poétique et prolétarienne constitué au sein du parti staliniste français soutenant, bien malgré lui, Aragon (connu pour sa longue et absolue soumission aux criminelles impostures staliniennes, mais autorisé sur le tard à exprimer quelques légères réserves), fut distribué par le C.M.D.O. en juin 1968. Ce pastiche fut écrit par Guy Debord, de même que le poème inédit d’Aragon.


Dossier Mai 68

Publié dans Debordiana

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