Quand les squatteureuses donnent dans la lutte de classe !
Barcelone, 15 mars 2008
Rappelons quelques faits : dans le quartier de Sants, un squat autonome résiste encore et toujours au capital : c’est Can Vies. Squatté en mai 1997 par de jeunes comunistes il est devenu une référence des luttes autonomes à Barcelone, savoureux mélange d’indépendantistes et anarchistes…
Or depuis octobre 2007 des travailleureuses de TMB sont en lutte. Ce sont les conducteurs d’autobus de Barcelone (environ 3000) qui demandent 2 jours de repos par semaine. Le conflit est mené par une assemblée de travailleureuses qui décident la suite à donner à leur lutte. C’est-à-dire une lutte menée non par des syndicats mais par les travailleureuses eux-mêmes.
Et il y a pourtant des syndicats à la TMB : le comité d’entreprise est composé de 27 délégués syndicaux : 5 UGT et 5 CC.OO (genre FO ou CFDT), 5 SIT (corporatiste à la solde des patrons) 5 ACTUB (corporatiste combatif), 7 CGT (branche séparée de la CNT espagnole, anarchosyndicaliste très présente à Barcelone dans les transports et l’industrie). Or seuls deux syndicats soutiennent le conflit : CGT et ACTUB. Les autres dénigrent.
Le conflit larvé éclate juste avant Noël : 4 jours de grève suivis de trois autres après le jour de l’an. Or à ce moment déjà, en vue du procès de Can Vies, des contacts se nouent entre conducteurs en lutte et squateureuses. Des réunions rasssemblant diférents collectifs soutenant la lutte des conducteurs se font à Can Vies, la «presse» squatteuse comme le Contra Infos ou l’Info Usurpa appelle à la solidarité active avec les grévistes. La solidarité active prend la forme de tags dans toute la ville, de collage d’affiches, d’actes de soutien devant les mairies de quartier, de sabotages (environ 200 autobus sabotés durant les différentes périodes de grève, depuis des pneus troués, tags sur le pare-brise ou boules de pétanques lancées sur les bus circulant en dehors des minimums établis), de participation aux piquets de grève… et des conférences-débats dans les squats avec des conducteurs de bus (à Can Vies, au Blokes Fantasma, à l’Ateneu Popular de l’Aixample, la Teixidora, la Revoltosa et plein d’autres que j’oublie).
Et la lutte continue. La direction ne plie pas, persiste … et signe : déclarations de guerre aux grévistes, envoi des forces de police pour escorter les bus à la sortie des garages, charges et détentions de deux conducteurs, campagne de presse diffamatoire (articles comme «l’escalade de la violence»), contre-campagne de propagande de l’entreprise pour isoler les grévistes et retourner l’opinion…
Et pourtant les conducteurs ne cèdent pas. Après une nouvelle semaine de grève début mars (du 3 au 7 mars) ils continuent de faire grève chaque jeudi. Et ce bien que 50 d’entre eux soient sanctionnés pour action de sabotage et comme par hasard 10 des 11 délegués de l’assemblée de travailleureuses.