La population carcérale américaine s’élevait l’an dernier à quelque 2,3 millions de personnes, sur une population adulte de 230 millions de personnes.
Plus d’un adulte sur cent se trouve actuellement derrière les barreaux aux États-Unis, qui détiennent ainsi la plus importante population carcérale de la planète, selon un rapport publié, jeudi 28 février, par le Pew Center, un think tank étudiant les politiques publiques. La population carcérale américaine s’élevait l’an dernier à quelque 2,3 millions de personnes, sur une population adulte de 230 millions de personnes, soit le taux le plus élevé dans l’histoire américaine, selon le Pew Center. Par comparaison, la Chine, avec une population de plus d’un milliard de personnes arrive en deuxième position avec 1,5 million de prisonniers, suivie de la Russie avec 890.000 personnes détenues pour 142 millions d’habitants, précise le rapport.
Les statistiques sont particulièrement frappantes parmi les minorités : alors qu’un adulte américain blanc sur 106 est incarcéré, c’est un Hispanique sur 36 et un Afro-Américain sur 15 qui sont en prison. Dans la tranche d’âge de 20 à 34 ans, c’est un jeune Noir sur neuf qui est derrière les barreaux. Alors que la part des hommes est dix fois supérieure à celle des femmes, la population carcérale féminine «progresse d’une manière très rapide», selon le rapport de Pew. Une femme sur 265, entre 35 et 39 ans, se trouve derrière les barreaux, mais des femmes appartenant à des minorités sont également placées en détention en plus grand nombre que les femmes blanches. Une femme noire sur 100 et une Hispanique sur 297 sont en prison, contre une sur 355 femmes blanches, relève l’étude.
Un durcissement de la loi, avec notamment des mesures augmentant nettement la durée d’incarcération pour les récidives, a fait exploser la population carcérale, davantage qu’une augmentation de la criminalité, indique le rapport. Interrogée par le New York Times, Susan Urahn, responsable de Pew Center, déclare : «On ne voit pas le bénéfice en matière de sécurité publique de ce niveau d’incarcération.» Mais Paul Cassell, professeur de droit à l’université de l’Utah et ancien juge fédéral, estime que le Pew Center ne prend en compte qu’une partie des termes de l’équation sécuritaire : «Il y a un bénéfice tangible à cette politique : le niveau de la criminalité à baissé. Au cours des vingt dernières années, le FBI indique que le nombre des crimes violents a chuté de 25%, passant de 612,5 pour 100.000 personnes en 1987 à 464 pour 100.000 personnes.»
Le Monde, 29 février 2008