Lâcher de chiens partout
«Outre le fait que les “totos” et leurs pétards font bien moins de dégats que les Corses, je ne suis pas trop inquiet : 50% de la mouvance gauchiste en France est constituée soit d’agents provocateurs au service de la police, soit d’informateurs des RG ou carrément de flics infiltrés. On l’a encore vu lors des récentes manifs de No-Border : il y avait un paquet de mecs sportifs en bombers et keffieh, super mobiles, super bien organisés et qui passaient allègrement entre les rangs de la police…
… mais la peur de l’anarchiste poseur de bombes, ça marche toujours pour faire trembler le bourgeois et l’encourager à aller se jeter dans les bras de la police.»
Libertés Internet, 1er février 2008.
Les RG s’inquiètent d’une résurgence de la mouvance autonome
Les renseignements généraux sont formels : on assiste, en France, à la résurgence d’une mouvance, qualifiée pour l’heure d’«anarcho-autonome», violente, qui prospère sur le terreau des conflits sociaux touchant les jeunes tels que l’opposition au contrat première embauche (CPE), en 2006, et à la loi LRU, en 2007.
«L’affaiblissement à droite comme à gauche des partis politiques qui permettent d’exprimer les frustrations sociales se traduit, l’histoire de France et de ses voisins le montre, par l’apparition de mouvements radicaux et violents», indique au Monde Michèle Alliot-Marie, ministre de l’Intérieur.
À Toulouse, dans la nuit du 24 au 25 novembre 2007, deux hommes et une femme sont interpellés alors qu’ils viennent de faire sauter un engin explosif dans un champ. Randall V., 20 ans, Grégoire M., 22 ans, et Daphné C., 21 ans, transportent avec eux un produit explosif, le triacétone triperoxyde (TATP), placé dans le couvercle d’une boîte en fer avec un inflammateur de type «détaupeur». Ce dispositif était relié à deux fils soudés à une pile de 9 volts, le tout étant raccordé à un minuteur électrique.
À leur domicile toulousain, les enquêteurs retrouvent une importante documentation «anarchiste», avec des noms évocateurs : L’Insurrection qui vient, ou Organe de liaison au sein du parti imaginaire. Sur le disque dur de leur ordinateur, quelques phrases comme : «C’est ici qu’on se rassemble pour tout faire partir en cendres.»
Les policiers procèdent à des rapprochements. Ces trois jeunes gens sont rattachés à la mouvance «autonome» de la région nantaise, en particulier à Baptiste H., très en vue, à l’automne 2007, lors du blocage de l’université Rennes-II contre la loi LRU. Les services de renseignements le suspectent même d’avoir tenté de constituer à l’époque un groupe armé.
Randall V. avait été signalé en mai 2006 à Saint-Nazaire (Loire-Atlantique), où il logeait dans un squat «politique», et il s’était fait remarquer des policiers lors des manifestations anti-CPE. Quant à Daphné C., elle s’était introduite en compagnie d’une vingtaine de jeunes de la mouvance autonome dans les locaux du consulat du Danemark, en mars 2007, toujours en Loire-Atlantique.
L’explosif découvert intrigue également les enquêteurs. Le TATP a été utilisé, en mars 2006, contre deux distributeurs de billets installés près de Nantes, mais aussi lors d’une manifestation contre la construction de l’établissement pénitentiaire pour mineurs d’Orvault (Loire-Atlantique).
Plusieurs foyers sont repérés : en Bretagne, où l’on dénombre deux squats «politiques», dans le Sud-Ouest, mais aussi en région parisienne. Autre exemple de cette porosité, les enquêteurs ont découvert en perquisition à Toulouse un passeport établi au nom de Pierre D., arrêté en mars 2006 lors de l’occupation des locaux parisiens de l’École des hautes études en sciences sociales (EHESS).
Selon un rapport des RG, cette mouvance se caractérise donc par «une grande mobilité (…) ayant pour objectif de créer des foyers de lutte». Et les enquêteurs de souligner «l’apparition d’une génération de militants déterminés à passer à l’action violente».
Cela aurait pu être le cas, à Fontenay-sous-Bois (Val-de-Marne), le 19 janvier. Ce jour-là, Damien B., Yvan H. et Bruno L. sont arrêtés en possession d’un pochon avec des clous tordus, des rouleaux de Scotch, un sachet de poudre blanche, un produit allume-feu, ainsi qu’un bocal contenant 2,28 kg de poudre blanche.
Envoyée au laboratoire de la préfecture de police de Paris, il s’avère que cette poudre est un mélange hautement explosif de sucre et de chlorate de soude. Pour les experts, l’association de ces éléments peut conduire à la confection d’un «engin explosif à fragmentation et à potentialité létale».
Comme à Toulouse, les enquêteurs saisissent en perquisition de la documentation «anarchiste». Déférés et mis en examen, deux des jeunes sont écroués. Là encore, les services stigmatisent «la montée en puissance d’une nouvelle génération d’agitateurs, en phase de radicalisation».
D’autant que, quelques jours plus tard, à Bourges, le 23 janvier, un autre militant, Franck F., est retrouvé porteur de deux sacs d’un kilogramme de chlorate de soude et de plusieurs documents, dont l’un, rédigé en italien, détaille la fabrication d’une bombe. Il était en compagnie d’une jeune femme dont le profil ADN correspond aux traces retrouvées, en mai 2007, à Paris, sur un engin explosif placé sous une dépanneuse de la préfecture de police. Les douaniers ont retrouvé dans leurs affaires trois plans de l’établissement pénitentiaire pour mineurs de Porcheville (Yvelines).
Presse jaune, 2 février 2008
(Gérard Davet, Le Monde).
MAM : «Je veux mettre fin à la propagande terroriste»
Le ministre de l’Intérieur s’inquiète des agissements d’individus isolés influencés par Internet et d’une menace d’attentat chimique. Michèle Alliot-Marie, qui sera entendue mardi par la commission des lois de l’Assemblée nationale, a décidé de réunir chaque semaine les responsables de la lutte antiterroriste.
Quelle est aujourd’hui la première menace terroriste pour la France ?
Le terrorisme islamiste est bien sûr notre première préoccupation. Des groupes liés à al-Qaida, au Maghreb, au Liban ou dans la zone pakistano-afghane peuvent vouloir frapper des Français expatriés ou des militaires en opération. Ils peuvent chercher à perpétrer des attentats sur notre sol. Enfin, des fanatiques isolés et fragiles peuvent être manipulés en France même par ces groupes et devenir des kamikazes en puissance. Ce fut le cas il y a quelques mois pour un islamiste interpellé par la Direction de la surveillance du territoire dans l’est de la France.
Comment ces individus peuvent-ils être manipulés ?
Parfois par les membres de réseaux, mais aussi par le biais d’Internet. On y trouve aujourd’hui la propagande terroriste mais aussi des conseils pour fabriquer des explosifs ou même des armes chimiques.
Craignez-vous particulièrement une attaque chimique ?
Les groupes terroristes connaissent très bien le fonctionnement de nos sociétés et cherchent à y semer la terreur la plus dévastatrice et la plus médiatique. Une attaque chimique provoquerait un effet de panique.
Comment mieux lutter contre une telle utilisation d’Internet par les terroristes ?
C’est une de mes préoccupations majeures, et l’une des priorités que j’ai assignées aux services. Cela nécessite du matériel supplémentaire, des effectifs spécialisés dans la lutte contre la cybercriminalité, des moyens juridiques. Je veux que nous puissions arrêter la propagande terroriste, découvrir les réseaux opérationnels, remonter jusqu’à eux et les empêcher de nuire.
De nombreux sites Internet sont domiciliés dans des pays étrangers, et notamment aux États-Unis, ce qui rend leur interdiction plus difficile…
J’irai prochainement aux États-Unis pour étudier avec les responsables américains comment renforcer notre efficacité antiterroriste, tout en respectant naturellement les libertés fondamentales. J’ai également régulièrement des discussions avec mes partenaires européens sur ce point.
Il y a quelques jours, un groupe de jeunes, présentés comme des «anarcho-autonomes», a été interpellé par les services de police qui les soupçonnaient de visées terroristes. Peut-on parler d’un retour du terrorisme d’extrême gauche ?
C’est un phénomène limité mais incontestable. Depuis plusieurs mois, j’étais encore ministre de la Défense, j’ai souligné les risques d’une résurgence violente de l’extrême gauche radicale. Le passé nous a montré que la faiblesse des partis politiques extrêmes ouvre souvent la voie aux groupuscules terroristes comme Action directe, les Brigades rouges ou la Fraction armée rouge. L’anticipation est essentielle dans la lutte contre le crime en général et le terrorisme en particulier. Elle est la meilleure des protections. Dès mon arrivée à l’Intérieur, j’ai voulu une direction de la prospective et de la stratégie et j’ai chargé la future Direction centrale du renseignement intérieur de suivre tout particulièrement ces phénomènes.
Croyez-vous à une résurgence de tels groupes en France ?
Nul ne peut le prévoir. Mais la situation évolue extrêmement vite. En quelques mois, depuis l’élection présidentielle, on est passé des slogans radicaux aux cocktails Molotov et aujourd’hui à la volonté de fabriquer de véritables engins explosifs.
A-t-on une idée de l’importance de cette mouvance violente ?
Ce sont quelques dizaines d’individus rassemblés dans des petits groupes informels à l’idéologie assez sommaire. Ils se caractérisent par leur rejet de toute espèce d’expression politique démocratique et leur discours extrêmement violent. Autant de motifs qui m’ont poussée à renforcer leur surveillance par les services de renseignements et de police judiciaire.
Presse jaune (Le Figaro), 1er février 2008.
La police enquête sur la violence de l’extrême gauche radicale
Depuis plusieurs mois, les actions violentes attribuées au «mouvement anarcho-autonome» se multiplient. Cette épidémie de violences «politiques» inquiète les services de renseignements qui refont de la surveillance des groupes violents d’extrême gauche une priorité opérationnelle. Parallèlement, les services spécialisés ont multiplié les interpellations : en une semaine, cinq personnes ont été interpellées en possession d’explosifs.
Presse jaune, 29 janvier 2008
(Julien Dumond, RTL).
Voir aussi,
Parole de flic : le spectre «anarcho-autonome» dans la ligne de mire