Syndicalisme ou révolution ?

Publié le par la Rédaction

Le groupe «De Moker» : la jeunesse rebelle
dans le mouvement libertaire hollandais des Années folles

Syndicalisme ou révolution ? (4)

Lorsque, dans les mois suivants, la tendance anarcho-syndicaliste commence à gagner en influence au sein du NSV, De Moker semble considérer ce développement avec un certain intérêt et ouvre exceptionnellement ses colonnes à un article de propagande syndicaliste «dans l’intérêt du débat». Selon l’auteur, membre des Jeunesses anarcho-syndicalistes (Syndikalistisch Anarchistische Jugend) de Berlin, l’anarcho-syndicalisme est bien plus qu’une organisation syndicale :
«Aujourd’hui justement, il est temps de remplacer notre caractère destructif par le constructif.
    Nous voulons la révolution sociale. C’est notre premier but. […] En premier lieu, notre tâche est de gagner de grandes parties de l’humanité à ce but. […] Les syndicalistes ont ce grand mérite de montrer dans la pratique le chemin, non seulement vers la destruction de la société actuelle, mais aussi vers la construction de la société future.»
Faisant référence à la lutte pour la journée de huit heures, dont il souligne l’importance pour le développement culturel du prolétariat, il continue :
«Nous savons que la lutte pour “le pain quotidien” est une école importante de la révolution. […] Quand, en revanche, on adopte l’idée que le travailleur sera satisfait par la journée de huit heures et un bon salaire, alors on se rallie tout à fait inconsciemment à la Verelendungstheorie [1] des marxistes. […] La lutte quotidienne est pour nous de la gymnastique révolutionnaire, par la continuelle lutte entre le patronat et le prolétariat. […] Jusqu’ici toutes les révolutions ont échoué, car après la destruction de la vieille société, on n’avait pas de fondements pour la construction de la nouvelle. […]
    Avec ses fédérations industrielles et non professionnelles d’un côté, et d’un autre côté ses bourses du travail, [l’anarcho-syndicalisme] offre la garantie que la production et la consommation seront réglées de manière à garantir la liberté de chacun. Son système de conseils du bas vers le haut forme une barrière contre la corruption. Du fonctionnement de cette construction dépendra l’existence de la nouvelle société sans autorités (l’anarchie). Cette organisation doit se former au sein de la société actuelle ; la vieille société doit devenir grosse de la nouvelle.» [2]
Dans les numéros des mois suivants, De Moker réagit par une série d’articles dispersés, sous le titre «La pratique du socialisme» [3] :
«Comment réaliser le socialisme dans la pratique ? Dans De Moker no 25, notre partisan/adversaire vient exposer sa réponse à cette grande question des questions. Et jamais je n’ai senti ni compris plus clairement combien des hommes qui, apparemment, n’ont qu’une divergence de peu d’importance, peuvent être éloignés les uns des autres. […] Si nous voulons vraiment faire pousser le germe du socialisme et voir sa graine s’ouvrir, alors nous devons chercher en premier lieu là où cela peut être possible : dans le développement continuel de la conscience humaine. Mais — et combien de syndicalistes peuvent comprendre cela ? — ce développement spirituel ne peut être stimulé qu’avec des moyens qui correspondent à ce but grandiose.
    Ceux qui pensent qu’avec “un sou en plus et une heure de moins” on stimule la révolution, prouvent qu’en somme ils n’ont rien, mais alors vraiment rien compris aux facteurs psychologiques qui doivent porter et propulser un tel changement social. Et celui qui, comme E.B., va jusqu’à appeler de la “gymnastique révolutionnaire” une lutte pour l’amélioration de son sort dans le cadre des relations existantes, et qui découle d’un intérêt collectif restreint, outrepasse la limite au-delà de laquelle le sérieux tourne au ridicule. […]
    C’est bien vrai : un homme hâve, famélique, n’est “pas plus” révolutionnaire que celui qui est bien nourri. Nous, jeunes anarchistes, ne sommes pas partisans de la Verelendungstheorie, mais une classe ouvrière bien-portante, satisfaite d’elle-même (ce qui n’est pas la même chose que consciente d’elle-même !), nonchalante, qu’on contente par une part suffisante du butin des oppresseurs, ne fait d’habitude pas non plus montre d’un esprit particulièrement rebelle. […] Bref, “l’esprit du socialisme” est en contradiction avec “l’esprit de la lutte pour les salaires”. Le chemin vers la révolution ne passe pas en connaissance de cause par : la lutte pour les salaires, la journée de huit heures, etc. […] Si par la force des choses tu dois travailler comme salarié et si tu peux arracher des conditions de travail meilleures par l’action directe dans l’entreprise même (conseils d’entreprise !!), alors chaque anti-syndicaliste serait d’accord avec ça, à la condition qu’on se pose en même temps comme première et plus haute tâche, comme l’écrit l’Union Spartacus dans son programme, “de dénoncer le caractère trompeur de tels mouvements”. […]
    Nous nous rappelons de nombreux exemples de la “pratique du syndicalisme”, p. ex. la résolution du congrès de l’AIT de 1925, sur les améliorations pratiques censées stimuler la lutte autonome, le manifeste du 1er mai de l’AIT, à laquelle le NSV a adhéré, dans lequel la journée de six heures est “révolutionnairement” portée aux nues ; et quand nous nous rappelons tout cela, nous savons que ce syndicalisme, aussi bien que tous les autres, en est arrivé au stade de la “gymnastique révolutionnaire”, à un stade sans espoir. […] L’esprit rebelle y est étranger.

    Remarquons que dans la déclaration de principes de l’AIT, ce côté de la lutte pour les salaires, ce côté particulièrement dangereux, est complètement tu […]. Et par cette porte si obligeamment laissée ouverte, la vraie et pure pratique syndicale réformiste pénètre aussi dans l’AIT et transforme toutes les phrases révolutionnaires de ce programme en
“théorie grise”. Cela malgré tous ses perspicaces théoriciens.»
Ces «perspicaces théoriciens», les intellectuels anarcho-syndicalistes qui avaient pris l’initiative de fonder l’AIT, attribuaient la liquidation de la révolution par le parti bolchevik en Russie, et par le parti social-démocrate en Allemagne, à l’insuffisance de l’organisation économique du prolétariat sur des bases libertaires. Ayant pris acte de leur impuissance face aux manœuvres des partis politiques représentants-des-travailleurs, la rapidité avec laquelle ceux-ci avaient pu infiltrer, récupérer et liquider l’organisation spontanée des soldats, des ouvriers et des paysans insurgés dans les conseils ou soviets, pour prendre le pouvoir en rétablissant l’État, ils avaient conclu que «pour la prochaine fois» les travailleurs devraient être mieux préparés à leur tâche révolutionnaire — et que dans ce but il fallait qu’ils s’organisent dans des syndicats révolutionnaires et libertaires. Leur nouvelle ambition se résume dans ce mot d’un des cofondateurs de l’AIT, Mark Mratchnyi, l’un des anarchistes russes expulsés par les bolcheviks :
«Nous avons perdu beaucoup de temps en poursuivant notre organisation à nous, tandis que les intérêts fondamentaux de la Révolution exigeaient l’organisation des masses ouvrières[4]
Avec lui d’autres Russes, comme Alexandre Schapiro, et des Allemands comme notamment Rudolf Rocker, qui tous avaient déjà une longue expérience des luttes et acquis un grand prestige dans le mouvement libertaire international, s’attelèrent à édifier cette «organisation économique» du prolétariat :
«Le syndicalisme révolutionnaire, se basant sur la lutte de classe, tend à l’union de tous les travailleurs manuels et intellectuels dans des organisations économiques de combat luttant pour leur affranchissement du joug du salariat et de l’oppression de l’État. Son but consiste en la réorganisation de la vie sociale sur la base du communisme libre, au moyen de l’action révolutionnaire de la classe ouvrière elle-même. Il considère que seules les organisations économiques du prolétariat sont capables de réaliser ce but, et s’adresse, par conséquent, aux ouvriers en leur qualité de producteurs et de créateurs des richesses sociales, en opposition aux partis politiques ouvriers modernes qui ne peuvent jamais être considérés du point de vue de la réorganisation économique.» [5]
Établi expressément pour contrer la domination conjointe du réformisme social-démocrate et du communisme bolchevik sur les travailleurs, l’anarcho-syndicalisme a eu la faiblesse de vouloir concurrencer ces organisations sur leur propre terrain, par une surenchère réformiste, ce que De Moker pointe déjà du doigt en raillant «la journée de six heures “révolutionnairement” portée aux nues», aspect réformiste par excellence, qui fut d’ailleurs encore développé dans les années qui suivirent comme la meilleure manière de parer aux conséquences néfastes de la rationalisation, notamment le chômage. «Nous ne nous distinguons tactiquement des partis politiques et des centrales syndicales sous leur influence non pas parce qu’eux cherchent à atteindre déjà maintenant des améliorations pour les travailleurs, que nous refuserions, mais seulement parce que nous avons une autre idée des moyens d’atteindre ces améliorations», dit déjà Rudolf Rocker en décembre 1919, lors du congrès de fondation de l’Union libre des travailleurs d’Allemagne (Freie Arbeiter Union Deutschlands, FAUD), qui sera à la base de l’initiative pour la fondation de l’AIT. Il s’agit alors de fonder une sorte de structure de cadres autogérée, devant organiser la lutte par l’action directe (grève, boycott, sabotage, etc.) pour aboutir, via la «grève générale insurrectionnelle» et la liquidation de l’État, à une mainmise sur la gestion de l’économie.

Au sein du NSV, branche néerlandaise de l’AIT, qui défendait jusque-là en général une position «neutre» vis-à-vis des partis politiques, fut fondée en novembre 1926 une Union syndicaliste mixte (Gemengd Syndicalistische Vereniging, GSV), hébergeant bon nombre d’intellectuels qui influencèrent justement ce syndicat dans le sens de l’anarcho-syndicalisme. À cette occasion Arthur Lehning, qui joua un rôle important comme théoricien et comme secrétaire de l’AIT dans la décennie suivante, fit un discours dans lequel il n’hésitait pas à lancer quelques sophismes pour discréditer les radicaux exigeants du Moker :
«Toute forme d’auto-organisation — syndicat, coopérative, association, etc. — a une signification pour l’auto-libération du prolétariat.
    Quand on est persuadé de cela, on comprend que cette conception se laisse difficilement concilier avec l’idée exprimée dans le slogan “le travail est un crime”. Si nous ne voulons pas seulement combattre le capitalisme, mais aussi le vaincre, il est évident que les travailleurs ne peuvent pas se procurer les moyens nécessaires à ce but en se mettant en dehors de l’entreprise. […] Une propagande pour bien travailler et de façon responsable, y compris sous le capitalisme, ne peut que stimuler une disposition morale sans laquelle une société socialiste n’est pas concevable. Le prolétariat ne peut s’instruire que par la pratique de la vie économique quotidienne et c’est seulement ainsi qu’il peut parvenir à l’intelligence de considérer que ce qui est aujourd’hui un moyen d’exploitation capitaliste est cependant la chose même par laquelle la libération économique peut être réalisée.» [6]

Au rebours des organisations constructives-réformistes telles que les syndicats, le Mokergroep (comme d’autres groupes opérant de façon autonome) n’aurait donc pas été une forme d’auto-organisation et n’aurait eu par conséquent aucune «signification pour l’auto-libération du prolétariat» ; et cela alors qu’il s’était largement fait connaître en deux ans d’activité ! De plus, en plaçant le travail — et ceux qui le défendent — au centre de leurs attaques, les Mokers ne se mettaient pas pour autant en dehors de l’entreprise : «Le terrain de l’agitation, nous le trouvons partout…» Ils y incitaient à la subversion et au sabotage ; ils voulaient que les travailleurs occupent leur lieu de travail par et pour eux-mêmes. Ils discutaient, et mettaient en pratique, des tactiques pour riposter aux politiques de lock-out pratiquées par les maîtres de l’industrie et critiquaient justement la lenteur du prolétariat «organisé» à comprendre dans quelle mesure les capitalistes avaient déjà appris à tourner les grèves de longue durée à leur avantage (comme encore Thatcher soixante ans plus tard). Ils prônaient l’arrêt du travail, ou si ce n’était pas possible incitaient à travailler de manière à nuire un maximum au capitalisme. Ils préconisaient l’agitation constante, la stimulation de la subversion, le développement de situations révolutionnaires. C’est là que résidait, à leurs yeux, leur responsabilité de prolétaires révolutionnaires. C’est ainsi, selon eux, que les travailleurs peuvent dépasser leur situation d’esclaves salariés. En revanche, dans la conception anarcho-syndicaliste de la «société socialiste», la division du travail, ainsi que les structures qui règlent cette division, par métier, par entreprise, par industrie, survivent à l’abolition du salariat, à la seule différence qu’elles se retrouvent entre les mains des producteurs eux-mêmes. Se référant lui aussi à Bakounine, Arthur Lehning affirmait que les travailleurs «doivent s’organiser pour gérer les moyens de production grâce à leurs organisations industrielles fédératives et, de cette manière, organiser toute la vie économique sur une base industrielle et fédérative. Ils doivent former ces organisations dès aujourd’hui et dès aujourd’hui, ils doivent instruire ces organisations à cette fin. Pour cette instruction, ils doivent utiliser tous les moyens qu’offre le capitalisme : l’entreprise capitaliste, la science “capitaliste”, la statistique “capitaliste”.» Si on peut lui donner raison jusqu’à un certain point, notamment quand il écrit que «rien n’est plus absurde que le rejet complet de toute la science, parce qu’elle serait bourgeoise et ses résultats employés généralement au bénéfice de la bourgeoisie», on ne peut en revanche admettre l’affirmation selon laquelle cette science, ces connaissances dont nous avons besoin pour renverser le capitalisme, s’acquièrent en travaillant «bien et de façon responsable, y compris sous le capitalisme». Bien au contraire !

La critique catégorique et intégrale du syndicalisme, y compris dans ses expressions les plus radicales, par ceux du Moker et d’Alarm touche un point essentiel de la voie où le mouvement ouvrier s’est engagé par la suite. Si les anarcho-syndicalistes voulaient révolutionner le syndicalisme, les Mokers et leurs camarades mettaient à nu dès le début l’ambiguïté de cette entreprise. L’histoire de l’anarcho-syndicalisme dans les années 1930 : la lutte des tendances, les scissions, la bureaucratisation ainsi que la lutte contre ce phénomène au sein de l’AIT et au sein de ses fédérations, avec comme apothéose, au cours de la guerre civile espagnole, la scission complète entre une bureaucratie collaboratrice et une base qui entame la réalisation du communisme libertaire sans elle, entravée par elle, leur a rapidement donné raison.

Mais le radicalisme absolu et offensif qui faisait la force du Moker à ses débuts, finit par perdre son élan en se répétant. Après l’épreuve de force avec l’anarcho-syndicalisme, De Moker semble épuisé. Au même moment, la répression se durcit et le fascisme gagne du terrain en Hollande comme dans le reste de l’Europe. Le no 32 du Moker, de septembre 1927, est sombre : Sacco et Vanzetti ont été exécutés malgré l’immense campagne internationale menée pour leur défense ; Piet Kooijman, l’un des auteurs de l’attentat de novembre 1921, alors en isolement cellulaire depuis cinq ans, a entamé une grève de la faim, mais ses camarades n’en savent pas plus, car on leur interdit tout contact avec lui ; à Amsterdam, des perquisitions ont été menées chez plusieurs jeunes connus pour être partisans du Moker ; Anton Constandse s’est vu condamné à deux mois de prison pour «ses mots subversifs, adressés aux marins, appelant les travailleurs à prendre position contre […] la Hollande fasciste» ; les étudiants indonésiens qui soutiennent l’insurrection contre les colons néerlandais sont poursuivis. «Au vu des événements en Italie, chaque travailleur sait ce qui l’attend, s’il laisse aller les choses aussi loin que là-bas, en Italie !» Faute de développement révolutionnaire, aussi bien à l’intérieur qu’à l’extérieur du Moker, le groupe devient plus idéologique ; avec le no 3, d’octobre 1927, le sous-titre devient Journal de jeunes anarchistes, ce que le numéro suivant justifie ainsi :
«Lors la dernière réunion trimestrielle du Mokergroep on a décidé, après un long débat, de renommer De Moker, qui s’appelait auparavant Journal d’agitation pour jeunes travailleurs : Journal de jeunes anarchistes. […] Beaucoup de gens ont une opinion tout à fait incorrecte du mot “agitation”, ce qui conduit souvent à un jugement erroné de notre lutte et de nos moyens de lutte. […] Nous ne voulons pas dire, par exemple, l’agitation d’un moment : autrement dit, inciter des travailleurs à des actions dont ils ne peuvent pas porter la responsabilité, ni prévoir les conséquences, et qu’ils peuvent encore moins défendre. […] Ce que nous avons en tête avec l’agitation, j’espère l’expliquer aussi clairement que possible : […]
    Quelques personnes ne sont pas d’accord avec l’organisation de la société actuelle, la trouvent même criminelle […]. Pour la changer, ils vont faire de l’agitation auprès de leurs semblables contre cette société, non pour leur faire commettre des actes inappropriés ou étourdis mais pour qu’ils s’aperçoivent clairement de ces abus. Cette agitation veut donc dire : réveiller les gens […], leur faire remarquer qu’ils sont coresponsables du militarisme, de la guerre et du capitalisme. Cela veut donc dire : faire observer aux travailleurs la nécessité de s’instruire, pour qu’ils aient une meilleure compréhension des faits et développent en conséquence une action qui ne se base pas sur des phrases creuses, vides de sens, mais sur des bases scientifiquement étudiées.
    Ainsi, nous formerons des personnalités qui sauront toutes ce qu’elles veulent et sauront défendre personnellement leurs propres actes, ce qui aura pour conséquence un mouvement en parfaite santé ; ce qui est quand même quelque chose de très différent d’une foule agitée pour un moment qui s’en remet à ses dirigeants et leur attribue la responsabilité de ce qu’ils font ou ne font pas.» [7]
On est loin du ton offensif des débuts. Il semble que le feu s’éteignait. Le colportage du journal posait problème. La parution du Moker devint irrégulière. Faute de révolution, beaucoup d’énergie se perdait en querelles intestines. Dans la rue, on se battait désormais non plus seulement contre les flics, mais aussi, de plus en plus, contre des bandes fascistes. En même temps naissaient des critiques internes au groupe, relatives à un certain «culte de la violence» qui se serait manifesté chez certains. Les jeunes qui avaient lancé l’aventure commençaient à vieillir. Le dernier numéro du Moker, le no 37, paraît à l’été 1928 et est rempli en grande partie d’articles empruntés à d’autres journaux. En décembre de la même année, le Mokergroep est dissous à l’occasion d’un congrès trimestriel : «parce que les contradictions comme celles qui ont existé entre les jeunes anarchistes et les anarchistes plus âgés n’existent plus».

Nombre de participants au Moker sont restés actifs au sein du mouvement libertaire. Plusieurs d’entre eux rallièrent l’Espagne en 1936 pour prendre part au combat héroïque et tragique des colonnes anarchistes.


Notes
1. «Théorie de la paupérisation» : le terme vient en réalité des sociaux-démocrates réformistes, qui ont banalisé sous ce nom de Verelendungstheorie, pour pouvoir mieux la critiquer, l’affirmation de Marx selon laquelle la «loi générale de l’accumulation capitaliste» (Le Capital, livre I, 7e section, chapitre XXV) «établit une corrélation fatale entre l’accumulation du capital et l’accumulation de la misère, de telle sorte qu’accumulation de richesse à un pôle, c’est égale accumulation de pauvreté, de souffrance, d’ignorance, d’abrutissement, de dégradation morale, d’esclavage, au pôle opposé, du côté de la classe qui produit le capital même». Ceux qui depuis prétendent que ce système ne saurait être réformé dans le sens d’une véritable amélioration de la situation des «classes laborieuses», sont traités de partisans de la Verelendungstheorie, étant sous-entendu que la conséquence logique en serait une «politique du pire» digne du cynisme de Netchaïev dans son Catéchisme du révolutionnaire : «la Confrérie contribuera de toutes ses forces et de toutes ses ressources au développement et à l’extension des souffrances qui épuiseront la patience du peuple et le pousseront à un soulèvement général.»
2. Eugen Betzer, «Syndicalisme en anarchisme» [«Syndicalisme et anarchisme»], De Moker, no 25, 11 septembre 1926. Betzer était présent à la «mobilisation anticapitaliste» de la Pentecôte 1924, où il appela à l’union de tous les anarchistes.
3. Johny Homan, «De practijk van ‘t socialisme», De Moker, no 27, 15 novembre 1926 ; no 29, mars 1927 ; no 31, juillet 1927.
4. Cité par Arthur Lehning dans La naissance de l’Association internationale des travailleurs de Berlin. Du syndicalisme révolutionnaire à l’anarchosyndicalisme, Éditions CNT-Région parisienne, 2000.
5. Premier paragraphe de la Déclaration de principes adoptée par le congrès constitutif de l’AIT tenu à Berlin du 25 décembre 1922 au 3 janvier 1923.
6. Arthur Müller Lehning, Anarcho syndicalisme. Rede uitgesproken op 17 November 1926 op de stichtingsvergadering der “Gemengde Syndicalistische Vereniging” [Discours lu le 17 novembre 1926 à l’assemblée fondatrice de l’Union syndicaliste mixte], édité sous forme de brochure par l’Union en 1927. Texte assez souvent reproduit et cité dans les débats sur l’organisation.
7. «Een verandering» [«Un changement»], De Moker, no 34, 15 novembre 1927.



Le travail est un crime, Herman SCHUURMAN (1924)

Le groupe «De Moker» : la jeunesse rebelle
dans le mouvement libertaire hollandais des Annéees folles
, Els van DAELE (2007)
(1) Le soulèvement de la jeunesse
(2) La critique à coups de masse
(3) La grande grève dans les tourbières
(4) Syndicalisme ou révolution ?
(5) Le travail est toujours plus criminel
À télécharger :
Aux Éditions Antisociales
Au fin mot de l’Histoire

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