Compte-rendu de l'occupation du Rectorat à Dijon
Une quarantaine de personnes ont donc occupé par surprise le Rectorat dijonais mardi 11 décembre, parce que les actions contre la LRU se poursuivent à Dijon malgré la fin du blocage, et qu’il faut soutenir à tout prix ceux qui continuent à bloquer et occuper leurs universités ailleurs en France. Petit compte-rendu factuel…
Une banderole «Rectorat occupé» a été accrochée sur la façade du premier étage, tandis qu’une seconde, «Lutte contre le monde de la LRU», était tenue à l’extérieur où des tracts expliquant l’occupation étaient distribués aux passant-e-s (voir texte ci-dessous).
Peu après le début de l’occupation, du bruit et des sifflets, des négociations se sont engagées sur l’envoi par fax du texte de revendication au ministère de l’Éducation, ainsi qu’à la présidente de l’Université de Bourgogne et aux proviseurs des différents lycées de l’Académie. Simultanément et après quelques déambulations des occupant-e-s, le recteur a fait venir une quinzaine d’«employés à gros bras» pour bloquer l’accès des couloirs.
Puis petit à petit, une quarantaine de policiers sont arrivés d’abord à l’extérieur, puis à l’intérieur du hall où s’étaient regroupé-e-s les occupant-e-s. Au final le hall était bondé, et pour le coup bien bloqué, avec deux pôles antagonistes intimement regroupés et des flics chauds pour l’expulsion. Après deux heures d’occupation, de tractations et des ultimatums du recteur prêt à déclencher la sortie de force, celui-ci a fini par accepter de faire faxer le tract au ministère de l’Éducation nationale. Le débat apparemment crucial de son côté tenait au fait de rayer du fax le titre «Rectorat occupé», sans doute parce que ça faisait mauvais genre, en le remplaçant par «Une trentaine de délégués de l’Université sont venus nous faire parvenir leurs revendications», ce qui est mensonger mais fait plus «paix sociale, on dialogue, on est potes». Manque de bol pour eux, on leur a soufflé en partant, après qu’il l’ait finalement faxé, que l’on spécifiait aussi occuper le Rectorat à l’intérieur du tract, en introduction aux revendications. Ils n’auront qu’à mieux lire la prochaine fois.
À Dijon comme ailleurs, contre la LRU et son monde,maintenons la pression sur les institutions,
enrayons leur fonctionnement, allons les trouver là où ils sont !
Texte du tract distribué à cette occasion :
À la fac de Dijon comme dans de nombreuses autres universités et lycées en France, la mobilisation contre la LRU continue. Malgré le silence des médias et la désinformation du gouvernement, les grèves, occupations, bloquages d’universités, manifestations et actions diverses se poursuivent.
Le recteur est le représentant direct, dans l’Académie, du ministère de l’Éducation nationale et a autorité sur l’enseignement primaire, secondaire et supérieur. Nous occupons donc aujourd’hui le Rectorat pour demander :
— L’abrogation de la Loi LRU dite loi Pécresse,Nous demandons par ailleurs à ce que ces revendications soient faxées au ministère de l’Éducation nationale, aux présidents d’université, ainsi qu’aux proviseurs des lycées de l’Académie.
— Le retrait des sanctions disciplinaires qu’ont subi les lycéen-ne-s mobilisé-e-s durant ces dernières semaines pour avoir fait valoir leur droit de grève et de manifestation,
— Le retrait des forces policières occupant les campus universitaires pour empêcher la lutte contre la LRU et réprimer les étudiant-e-s,
— La banalisation des TD pour les étudiant-e-s grévistes,
— L’arrêt des expulsions d’étudiant-e-s étrangers.
Extraits de l’appel de la coordination nationale étudiante
qui s’est tenue ce week-end à Nice :
[…] Nous sommes toujours des centaines de milliers à refuser la logique de la LRU : étudiant(e)s, chercheur(se)s, enseignant(e)s, personnels IATOSS, BIATOSS, lycéen(ne)s… Plus de la majorité des universités, et de plus en plus de lycées sont mobilisés. […]
[…] Le gouvernement répond à notre mouvement par deux moyens : des prétendues «avancées», et la répression. Les annonces du gouvernement ne répondent en rien à nos revendications. Nous nous battrons jusqu’à l’obtention de nos revendications, principalement l’abrogation de la LRU, qui demeure malgré tout dans son intégralité : encouragement du financement privé, contrôle des entreprises - «bailleurs de fonds» sur le contenu des diplômes, pouvoirs exhorbitants des président(e)s d’université, précarisation des enseignant(e)s-chercheurs et personnels, sélection à l’entrée de l’université, mécanisme poussant à terme à l’augmentation des frais d’inscription… […]
Derrière les effets d’annonce du gouvernement se développe une répression sans précédent. Fermetures admnistratives, interventions de la police, de la BAC, des CRS, des Gardes mobiles, de vigiles, procès contre les lycéen(ne)s et étudiant(e)s mobilisé(e)s se généralisent. L’objectif de leurs opérations toujours plus violentes est d’intimider et de criminaliser tous ceux et celles qui se mobilisent, pour les isoler et briser le mouvement.
[…] Nous rappelons que la lutte contre la LRU s’inscrit dans un contexte plus global de casse des services publics et des acquis sociaux. Les résistances se multiplient contre ce projet de régression sociale. Nous manifestons toujours notre soutien à tous les secteurs mobilisés, et appellons donc à poursuivre la convergence des luttes avec : les cheminot(e)s, les salarié(e)s d’EDF et GDF, les enseignant(e)s et lycéen(ne)s des lycées pro, les jeunes en lutte, les salarié(e)s de la grande distribution… […]
Texte trouvé sur Indymedia Paris-Île de France, 13 décembre 2007