Criminalisation du travail social

Publié le par la Rédaction

Nouvel épisode…

Après  les  associations  Solidarité  Femmes de  Belfort  et Cabiria,  c’est  maintenant  France  Terre  d’Asile  qui  est  prise pour cible par la nouvelle stratégie de criminalisation des travailleurs sociaux et des organisations intervenant auprès des migrants en difficulté.

En effet, deux travailleuses sociales de FTDA ont été interpellé€es le 19 novembre à leur domicile parisien, menottées puis transférées à Calais où elles ont été placées en garde à vue. Cette interpellation a été ordonnée par le parquet de Boulogne-sur-Mer au motif récurent d’«aide au séjour irrégulier».

Rappelons que la mission de FTDA est de venir en aide aux migrants dans le cadre de la protection de l’enfance, du droit d’asile, de l’aide sociale… et que c’est dans ce but que l’État lui-même finance cette association et bien d’autres. Pour autant, cela n’empêche pas les travailleurs sociaux salariés par ce type d’organisation d’être de plus en plus souvent inquiétés par la police ou la justice.

Les deux travailleuses sociales en question ont donc passé 12 heures en garde à vue pour l’une et 24 heures pour l’autre pour avoir tout simplement laissé leurs coordonnées à de jeunes Afghans en transit à Paris soupçonnés, comme l’est souvent cette population, d’être des passeurs. Les poursuites seront finalement abandonnées mais le procureur de Boulogne-sur-Mer ne manquera pas de qualifier le geste des deux travailleuses sociales de «générosité mal placée», ce qui témoigne de la conception sécuritaire du travail social auprès des étrangers actuellement en vogue du côté des obsédés du chiffre et des charters.

Il s’agit donc bien d’une stratégie de dissuasion destinée à instiller chez le travailleur social l’idée que toute aide apportée à une personne sans papiers peut potentiellement le mener en garde à vue ou devant le tribunal. Cette stratégie, répondant au stress qui saisit en cette fin d’année le gouvernement à propos du retard accumulé par rapport au calendrier et à la planification des expulsions d’étrangers pour 2007, a pour objectif de rompre les  solidarités et d’isoler toujours plus les migrants sans papiers dans la précarité de leur statut sur le territoire dit «national».

Ce nouvel épisode de la criminalisation du travail social vient donc confirmer que ce dernier fait véritablement l’objet d’une instrumentalisation opérée par les flics et certains magistrats afin de mettre en œuvre la politique gouvernementale pour laquelle la traque et l’expulsion des sans papiers constitue un enjeu prioritaire. Le ministre de l’Immigration, de l’intégration et de l’identité nationale quant à lui veille à motiver ses troupes et à ce que la pression redescende à tous les étages. L’air de rien, ça a de plus en plus le goût et l’odeur de Vichy, mais le problème, c’est que cela se passe presque 70 ans après…

Publié dans Colère ouvrière

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