Justice = boucherie
Depuis la rentrée, c’est une avalanche de peines planchers qui ensevelit les prévenus qui passent en comparutions immédiates. Si les étudiant.es s’en sortent relativement bien lorsqu’ils comparaissent, c’est une autre histoire lorsqu’il s’agit des sans-culottes ou précaires des quartiers populaires. Avec les comparutions immédiates, la justice s’est transformée en justice d’abattage, avec les peines plancher, elle se transforme en boucherie.
Voici les faits d’armes du boucher de la salle G du tribunal correctionnel, ce jeudi 29 novembre :
1 an et demi de prison ferme avec mandat de dépôt [1] pour un jeune majeur de 19 ans entré par effraction dans un hôtel (pour boire des coups avec ses potes). Le procureur demandait 3 ans ferme.
3 mois de prison ferme pour un demandeur d’asile qui refuse d’embarquer dans l’avion qui le ramène dans son pays en guerre. Le procureur le traite d’énergumène.
3 mois de prison ferme pour un jeune demandeur d’asile iranien de 18 ans, fraichement arrivé, qui refuse de se plier à la fouille au corps, croyant qu’il s’agit d’une agression sexuelle. Le procureur raciste ne peut pas s’empêcher de lâcher un «C’est aux étrangers de s’adapter à nos cultures et pas l’inverse», en n’oubliant pas de mentionner que c’est ce qu’il fait quand il part en vacances ! Abruti qui ne fait pas la différence entre partir en vacances et fuir son pays. L’avocat du prévenu démontrera dans cette affaire que les policiers ont menti sur leurs procès verbaux.
3 ans de prison ferme avec mandat de dépôt pour un poivrot de 57 ans, en Cotorep et en traitement pour un cancer, qui a tenté de soustraire deux pièces et un flacon de parfum dans une habitation, malgré les gesticulations de son avocat pour signaler que la prison n’est pas adaptée pour son client au vu de son état de santé.
4 mois de prison ferme avec mandat de dépôt pour un toxico de 20 ans qui vient chourrer des cachetons à l’Hôtel Dieu ; il rend tout aux vigiles qui l’interpellent. «Dans l’intérêt du prévenu» requiert, cynique, le procureur qui feint ne pas savoir que c’est d’une cure de désintoxication dont a besoin le jeune homme.
10 mois de prison ferme avec mandat de dépôt pour un jeune homme qui a tenté de faire passer un téléphone portable à un détenu de la prison saintPaul. La racaille qui fait office de procureur aura le culot de dire «Trop c’est trop» pour justifier ses réquisitions contre le jeune homme dont le seul tort est d’avoir tenté de filer un téléphone à un copain emprisonné.
10 mois de prison ferme avec mandat de dépôt pour un jeune homme au casier judiciaire vierge, qui tente de séparer deux personnes en conflit et pousse l’une d’entre elles, qui se fait mal en tombant. Le procureur demande 1 an ferme.
3 mois de prison pour un jeune de 20 ans sans papiers qui travaille au noir, et un an d’interdiction du territoire «national». La racaille demandait 8 mois de prison et une interdiction du territoire pour 3 ans.
La plupart des procureurs des comparutions immédiates sont cyniques, racistes et abrutis, comme le montrent leurs réquisitions. Lorsqu’il arrive qu’un procureur ne fasse pas partie de la milice sarkozyste, c’est le juge qui le rappelle à l’ordre pour qu’il requiert des peines planchers, comme cela s’est passé la semaine d’avant : «Si vous n’appliquez pas les peines planchers, le parquet fera appel !» a hurlé le juge en coupant le procureur qui, dans ses réquisitions témoignait d’un peu d’égalité.
Peu de temps après, pendant la même audience, c’est à l’avocat qui souhaite que son client déroge aux peines planchers d’être coupé par ce même juge qui bave : «Vous ne connaissez pas les statistiques sur les appels du parquet ! C’est la ministre de la justice qui demande aux parquets de faire appel lorsqu’il n’y a pas d’application des peines planchers !» L’avocat expliquera calmement que si le parquet faisait appel, il plaiderait exactement la même défense en appel.
C’est aux ordres du pouvoir raciste et violent que les procureurs et les juges se plient, s’abaissent, pour devenir instrument de répression, de violence et de boucherie contre les Français des quartiers populaires.
Soyons solidaires des prévenus qui passent en comparutions immédiates !
Rebellyon, 10 décembre 2007
[1] Mandat de dépôt : le prévenu part directement à la prison après le délibéré ; il n’aura pas droit à un aménagement de sa peine comme c’est possible sans le mandat de dépôt.