Pour l’intensification et la convergence des luttes !
Depuis quelques années, ça n’arrête pas de brasser [1]. La révolte fait bien plus que gronder : elle éclate régulièrement par sursauts plus ou moins durables et intenses.
L’État en est la cible, toujours. Les syndicats et organisations de gauche sont à la ramasse et ne cherchent qu’à calmer le jeu.
Pas la peine de chercher bien loin ce qui nous pousse tou-te-s à nous révolter : les rapports sociaux capitalistes font que la plupart des individus dans ce monde ont une vie de merde [2]. Police, travail, thunes, hiérarchies et discriminations, dépossession de nos vies, c’est la hass et toutes les occasions sont bonnes pour faire comprendre aux tenants du système qu’ils ne pourront pas nous tenir le nez dans la merde sans qu’on réagisse.
Depuis quelques semaines, plein de monde s’est retrouvé à manifester dans la rue, encore une fois. Mais les manifs plan-plan, on sait ce que ça donne si on se contente de ça : ça ne donne rien.
T’as le droit de manifester calmement ton mécontentement, c’est la démocratie.
Mais ne t’étonne pas si le pouvoir s’en bat les reins, c’est la démocratie.
Les cheminots se mettent en grève pendant une semaine, c’est le bordel dans la circulation des trains dans toute la France mais le gouvernement ne cède pas : il ne fait que «négocier» avec la CGT et les autres syndicats qui endorment doucement la colère des cheminots. Alors plusieurs cheminots dans toute la France ont mené des actions directes illégales pour intensifier leur lutte (sabotage de lignes et saccage de gares).
On retrouve le même phénomène dans les luttes étudiantes : de nombreuses facs sont bloquées et occupées, certaines se font expulser par la flicaille (trois fois à Grenoble, mais aussi à Paris, Nantes, Rennes, Strasbourg, Montpellier, Lyon, etc.). Les principaux syndicats désertent la lutte et «négocient» des miettes eux aussi. Là encore, certaines facs connaissent des actes de sabotage (par exemple contre des caméras de vidéo-surveillance) et quelques manifs sauvages tournent à l’affrontement avec la police et à la casse de commerces et de voitures (notamment à Paris et Grenoble).
Du côté des lycées, de nombreux établissements se retrouvent bloqués. Et la joie et l’énergie des manifs sauvages sont souvent fort lycéennes…
Ces derniers temps, d’autres secteurs ont fait grève, comme les marins-pêcheurs et les salarié-e-s d’EDF, qui pratiquent également le blocage et le sabotage pour donner plus de poids à leurs luttes.
On ne peut que se réjouir de ces moments de lutte. Quand la détermination prend le pas sur la résignation, le mot d’ordre démago de Sarkozy peut devenir le nôtre : ensemble, tout devient possible.
Et c’est là que ça coince : on parle de convergence des luttes, mais en réalité chacun-e lutte dans son coin.
C’est le problème des luttes corporatistes et réformistes… Ne peuvent en ressortir que des aménagements du système capitaliste, ça veut dire qu’au mieux on aura une vie de merde un peu moins pourrie. Il y a un an et demi, le CPE n’est pas passé. C’est bien, mais par définition rien n’a changé. Et ça ne peut pas nous suffire.
Alors c’est encore des quartiers les plus pourris de France que nous vient un élan insurrectionnel moins restrictif : dimanche 25 novembre, à Villiers-le-Bel (dans la banlieue nord de Paris), deux jeunes qui circulaient sur une petite moto sont renversés par une voiture de police et sont tués sur le coup. Comme il y a deux ans, cela déclenche des émeutes dans le quartier. Des dizaines et des centaines de personnes s’insurgent contre la police, en solidarité avec les deux morts : le bureau de police de Villiers-le-Bel a été incendié, celui d’Arnouville (ville voisine) a été saccagé. Plusieurs voitures ont été incendiées, dont des véhicules de police et de pompiers.
Comme ils l’ont fait pour les grévistes des transports publics et pour les bloqueur-e-s d’universités, les médias sont à l’affût et s’empressent d’insulter les émeutier-e-s : par exemple, sur France Info le 26 novembre, un salarié [3] d’une agence immobilière [4] de Villiers-le-Bel déclare que c’est «stupide» de «casser» dans le quartier même où les émeutier-e-s vivent… Mais dans ces moments là, la rage s’exprime comme elle peut. De toute façon, qu’est-ce qui a été cassé ou crâmé à part des voitures ce soir-là ? Des comicos, des concessionnaires automobiles, une agence immobilière, différents commerces dont une bijouterie qui a été pillée (bien joué !).
Les possédants se plaignent qu’on casse leurs magasins mais jamais ils ne se poseront la question de comment c’est relou qu’ils cassent nos vies en trois mille morceaux. Le seul moyen de s’en sortir c’est de se faire de la maille par tous les moyens : tout le monde reste en mode «survie», et ceux qui «réussissent» changent de camp. C’est la loi de la jungle et faut pas avoir peur des mots, ça s’appelle «capitalisme». Et c’est pas une fatalité, ce système d’exploitation et d’inégalités n’a rien de «naturel». Alors Pourquoi On Resterait Calmes [5] ?
À gauche, la réaction est claire, quand on demande à François Hollande (chef du Parti socialiste) s’il cherche à «comprendre» les émeutier-e-s, il répond direct : «Il n’y a pas à comprendre, il faut condamner [6]».
Bref, c’est toujours le même cirque politico-médiatique.
Et si la meilleure des polices ne porte pas l’uniforme [7], il n’empêche que la flicaille en uniforme (et la BAC et les «RG» et les indics) est en force partout, du campus de Grenoble jusqu’à Fontaine et la Villeneuve en passant par les rues du centre-ville.
Preuve permanente que l’État nous met un max de pression… mais on lâchera pas l’affaire [8].
L’État en est la cible, toujours. Les syndicats et organisations de gauche sont à la ramasse et ne cherchent qu’à calmer le jeu.
Pas la peine de chercher bien loin ce qui nous pousse tou-te-s à nous révolter : les rapports sociaux capitalistes font que la plupart des individus dans ce monde ont une vie de merde [2]. Police, travail, thunes, hiérarchies et discriminations, dépossession de nos vies, c’est la hass et toutes les occasions sont bonnes pour faire comprendre aux tenants du système qu’ils ne pourront pas nous tenir le nez dans la merde sans qu’on réagisse.
Depuis quelques semaines, plein de monde s’est retrouvé à manifester dans la rue, encore une fois. Mais les manifs plan-plan, on sait ce que ça donne si on se contente de ça : ça ne donne rien.
T’as le droit de manifester calmement ton mécontentement, c’est la démocratie.
Mais ne t’étonne pas si le pouvoir s’en bat les reins, c’est la démocratie.
Les cheminots se mettent en grève pendant une semaine, c’est le bordel dans la circulation des trains dans toute la France mais le gouvernement ne cède pas : il ne fait que «négocier» avec la CGT et les autres syndicats qui endorment doucement la colère des cheminots. Alors plusieurs cheminots dans toute la France ont mené des actions directes illégales pour intensifier leur lutte (sabotage de lignes et saccage de gares).
On retrouve le même phénomène dans les luttes étudiantes : de nombreuses facs sont bloquées et occupées, certaines se font expulser par la flicaille (trois fois à Grenoble, mais aussi à Paris, Nantes, Rennes, Strasbourg, Montpellier, Lyon, etc.). Les principaux syndicats désertent la lutte et «négocient» des miettes eux aussi. Là encore, certaines facs connaissent des actes de sabotage (par exemple contre des caméras de vidéo-surveillance) et quelques manifs sauvages tournent à l’affrontement avec la police et à la casse de commerces et de voitures (notamment à Paris et Grenoble).
Du côté des lycées, de nombreux établissements se retrouvent bloqués. Et la joie et l’énergie des manifs sauvages sont souvent fort lycéennes…
Ces derniers temps, d’autres secteurs ont fait grève, comme les marins-pêcheurs et les salarié-e-s d’EDF, qui pratiquent également le blocage et le sabotage pour donner plus de poids à leurs luttes.
On ne peut que se réjouir de ces moments de lutte. Quand la détermination prend le pas sur la résignation, le mot d’ordre démago de Sarkozy peut devenir le nôtre : ensemble, tout devient possible.
Et c’est là que ça coince : on parle de convergence des luttes, mais en réalité chacun-e lutte dans son coin.
C’est le problème des luttes corporatistes et réformistes… Ne peuvent en ressortir que des aménagements du système capitaliste, ça veut dire qu’au mieux on aura une vie de merde un peu moins pourrie. Il y a un an et demi, le CPE n’est pas passé. C’est bien, mais par définition rien n’a changé. Et ça ne peut pas nous suffire.
Alors c’est encore des quartiers les plus pourris de France que nous vient un élan insurrectionnel moins restrictif : dimanche 25 novembre, à Villiers-le-Bel (dans la banlieue nord de Paris), deux jeunes qui circulaient sur une petite moto sont renversés par une voiture de police et sont tués sur le coup. Comme il y a deux ans, cela déclenche des émeutes dans le quartier. Des dizaines et des centaines de personnes s’insurgent contre la police, en solidarité avec les deux morts : le bureau de police de Villiers-le-Bel a été incendié, celui d’Arnouville (ville voisine) a été saccagé. Plusieurs voitures ont été incendiées, dont des véhicules de police et de pompiers.
Comme ils l’ont fait pour les grévistes des transports publics et pour les bloqueur-e-s d’universités, les médias sont à l’affût et s’empressent d’insulter les émeutier-e-s : par exemple, sur France Info le 26 novembre, un salarié [3] d’une agence immobilière [4] de Villiers-le-Bel déclare que c’est «stupide» de «casser» dans le quartier même où les émeutier-e-s vivent… Mais dans ces moments là, la rage s’exprime comme elle peut. De toute façon, qu’est-ce qui a été cassé ou crâmé à part des voitures ce soir-là ? Des comicos, des concessionnaires automobiles, une agence immobilière, différents commerces dont une bijouterie qui a été pillée (bien joué !).
Les possédants se plaignent qu’on casse leurs magasins mais jamais ils ne se poseront la question de comment c’est relou qu’ils cassent nos vies en trois mille morceaux. Le seul moyen de s’en sortir c’est de se faire de la maille par tous les moyens : tout le monde reste en mode «survie», et ceux qui «réussissent» changent de camp. C’est la loi de la jungle et faut pas avoir peur des mots, ça s’appelle «capitalisme». Et c’est pas une fatalité, ce système d’exploitation et d’inégalités n’a rien de «naturel». Alors Pourquoi On Resterait Calmes [5] ?
À gauche, la réaction est claire, quand on demande à François Hollande (chef du Parti socialiste) s’il cherche à «comprendre» les émeutier-e-s, il répond direct : «Il n’y a pas à comprendre, il faut condamner [6]».
Bref, c’est toujours le même cirque politico-médiatique.
Et si la meilleure des polices ne porte pas l’uniforme [7], il n’empêche que la flicaille en uniforme (et la BAC et les «RG» et les indics) est en force partout, du campus de Grenoble jusqu’à Fontaine et la Villeneuve en passant par les rues du centre-ville.
Preuve permanente que l’État nous met un max de pression… mais on lâchera pas l’affaire [8].
Les preneurs et preneuses d’otages
du campus universitaire de Grenoble - saintMartin-d’Hères
du campus universitaire de Grenoble - saintMartin-d’Hères
1. Entre autres occasions ces derniers temps : mouvement lycéen lors du printemps 2005, émeutes des quartiers pauvres dans toute la France en automne 2005, mouvement «anti-CPE» au printemps 2006, émeutes de la gare du Nord à Paris en mars 2007, actions directes contre les locaux de partis politiques et manifs sauvages avant et pendant les élections présidentielles, etc.
2. À des degrés divers, certes, c’est d’ailleurs là-dessus que «jouent» ceux qui cherchent à nous diviser.
3. Un cadre ? un sous-directeur ? un employé de base ? on ne le saura pas…
4. À part les bourgeois pleins aux as, qui n’a jamais eu envie d’exploser une vitrine d’agence immobilière ? Qui, d’une façon ou d’une autre, ne connaît pas ou n’a jamais connu de galères de logement ? Qui nous rackette le «droit» de vivre sous un toit si ce ne sont pas l’État, les proprios et les agences immobilières ?
5. Pendant que la censure peine de tous ses efforts et que d’obscurs syndicats de porcs, en cas d’encombrantes bavures invoquent le coup du sort et nous convoquent leur état-major.
6. Sur France Info le 26 novembre 2007.
7. Parce que la meilleure des polices, c’est ton taf, ta télé, tes crédits, tes anxiolytiques, neuroleptiques, antidépresseurs (…) la meilleure des polices, c’est tout ce qui te fait marcher droit avec ton propre consentement, sans jamais oser montrer les crocs…
8. Et qu’on ne vienne pas nous parler d’aller voter ! Ni pour Ségolène Royal ni pour qui que ce soit, ce qu’on veut c’est modifier les rapports sociaux. Parce que le le problème, c’est pas le nom ou la tête du Président de la République, le problème, c’est la République, c’est l’État, c’est la hiérarchie sociale, économique et politique, c’est un système. Alors ouais, on a du pain sur la planche si on veut révolutionner ce monde de merde, mais on n’a pas grand-chose à perdre…