Girouettisme : Onfray mieux d'se taire !

Publié le par la Rédaction

Toujours prêt à venir représenter la «gauche radicale» dans les médias, le philosophe Michel Onfray se définit comme «libertaire». Mais les libertaires ont-ils à gagner d’un tel «représentant» ?
544uv1.png«Voilà un libertaire !» [«Les vacances d’Onfray et Sarkozy», Le Plan B no 7, avril-mai 2007, p. 7] C’est à Nicolas Sarkozy que Michel Onfray a adressé ce compliment, lors d’un entretien très cordial organisé par Philosophie Magazine au ministère de l’Intérieur. Quelqu’un capable d’associer l’adjectif «libertaire» à Sarkozy a, convenons-en, une définition extrêmement extensive du concept ! Et effectivement, le «libertaire» Onfray proclame des opinions bien éloignées de l’anarchisme.

«Moi, je suis capitaliste, clame-t-il, pour le capitalisme, je pense qu’effectivement la propriété privée est tout à fait défendable.» [Réplique à un auditeur sur France Inter] Il adore le caractère monarchique de la Ve République : «Je défends la Constitution de 1958. Je suis gaullien, “gaullo-gauchiste” aurait dit Maurice Clavel ! […] Je pense que la présidentielle, c’est, de fait, la rencontre d’un homme et d’un peuple.» [Débat avec Philippe Raynaud, Le Nouvel Observateur, 25 janvier 2007] Et le pire pour lui est d’entendre «les vieilles scies militantes d’hier et d’avant-hier : cosmopolitisme des citoyens du monde, fraternité universelle, abolition des classes et des races, disparition du travail et du salariat, suppression du capitalisme, pulvérisation de toutes les aliénations, égalitarisme radical.» [Michel Onfray, L’Archipel des comètes, Grasset, 2001]

Ses paroles sont tissées des lieux communs du thatchérisme. Mépris des fonctionnaires : «L’enseignant est infecté par son statut de fonctionnaire». Mépris des syndicats : «Pas plus que les hommes politiques ne défendent l’intérêt national, les syndicalistes encartés ne défendent l’intérêt des ouvriers, mais plutôt souvent de leur machine.» [Sur France Inter] Éloge de la flexibilité : selon lui «ils ne refusent pas la flexibilité mais ils voudraient qu’on paie cette acceptation par de la sécurité» [Le Parisien du 6 avril 2006].

onfray.jpgEn fait, Onfray croit que l’anarchisme, c’est l’addition de trois concepts : individualisme, hédonisme et athéisme. Bref, une pensée-croupion aisément récupérable par la société de consommation [Lire à ce propos Aymeric Monville, Misère du nietzschéisme de gauche, de Georges Bataille à Michel Onfray, Éditions Aden, 2007]. L’hédonisme est commode pour disserter sur ses restaurants préférés dans le Figaro. L’athéisme, lui, autorise à taper courageusement sur les musulmans, avec une rhétorique très «choc des civilisations» qu’un Finkelkraut ne renierait pas : «Désormais l’islam place des coins dans le vieux marbre d’une Europe qui ne croit plus en elle, en ses valeurs, en ses vertus, et ce avant destruction définitive» [Chronique mensuelle (mars 2006)]. Quant à l’individualisme, il conduit tout bonnement… au culte de l’individu Onfray !

Invité par les mass-médias comme «représentant de la gauche radicale», il y passe le plus clair de son temps à taper sur… la gauche radicale. Adepte du retournement de veste, il a été en cinq mois, successivement, supporter de Besancenot, puis d’une candidature unique antilibérale, puis de Royal, puis de Bové, puis de Besancenot, puis de nouveau de Royal, et, aux dernières nouvelles, du PCF [Michel Onfray, «Supplique au Parti pour qu’il fasse la révolution», L’Humanité, 22 mai 2007. À l’heure où nous mettons sous presse, il semble n’avoir pas encore changé d’avis.] ! En tout cas, qu’il ne s’avise pas de s’amouracher soudain d’Alternative libertaire, il sera proprement éconduit !

Car à chaque retournement de veste, Onfray aura abondamment craché sur ses précédentes (ou futures) amours. Tantôt le PCF «est toujours à déstaliniser quoi qu’on en dise», tantôt c’est la LCR qui «veut disposer d’un leadership sur l’extrême gauche française». Puis c’est LO qui attire les foudres du cérébral philosophe : «Cette façon de dire on interdit aux usines de licencier, faut quand même un peu le sens du réel…» [Interview mise en ligne sur le site du Monde le 22 décembre 2006. La proposition no 15 des collectifs unitaires antilibéraux soutenus par Onfray évoquait pourtant l’interdiction des licenciements dans les entreprises qui font des profits…] rubon102-133.jpgEnfin, brûlant l’idole qu’il a adorée : «José Bové en personne flottant dans les habits d’un général de Gaulle, souhaitant le plébiscite en quittant le terrain pendant la bataille, alors que son appel du 18 juin se réduit au démontage d’un préfabriqué américain de boîtes à mauvais casse-croûtes… » [Chronique mensuelle (janvier 2007)]

Seule constante chez cette girouette : il restera toujours poli sous les flatteries de Michel Denisot… ou de Sarkozy !

Sébastien Marchal (AL paris Nord-Est)
Alternative libertaire no 164, juillet-août 2007

Grand merci à la BDD (banque de données délicieuses) du Plan B.

Publié dans La police travaille

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