Squatte ta ville : Genèvie en folie

Publié le par la Rédaction

Hier, lundi 24 septembre, l’acte III des occupations de locaux vides a pris fin, en démontrant, si il était encore nécessaire, que le mouvement de masse et de soutien autour des squatts est loin de s’essouffler, mais bien au contraire que sa masse s’amplifie… et au-delà, que ses stratégies d’attaques et de visibilité se diversifient et s’originalisent.

52815.jpgCette nouvelle occupation a eu lieu le samedi 22 septembre, vers 11h, mettant en relief, une fois de plus les multiples locaux commerciaux laissés vides pendant des années, à des fins uniques de spéculation immobilière. Ce qui est d’autant plus outrageant pour celui-ci, sis 40 rue de la Coulouvrenière, ce n’est pas tant sa capitalisation boursière… coutumière comme pour tous les autres… mais son aspect de «banque d’État» (cf. communiqué d’Intersquat) qui suit la même logique que les entreprises privées. Mais est-il vraiment si surprenant que deux antonymes «banque» et «État» agissent de la sorte ?

Ce qui semble très encourageant, et donnant une force d’autant plus importante à ce large mouvement d’impulsions, est ce qui est développé en termes de masse de gens de la cité, et les réappropriations que ces personnes s’offrent…
Une réappropriation, tout d’abord, de locaux abandonnés à une mort certaine, remis en vie pour accueillir des activités collectives, et des lieux de vie, de rencontres et d’échanges sociaux… Une occupation de la rue, devant la maison pendant tout le weekend, ainsi que lors du concert sauvage de Keny Arkana, le dimanche aux Pâquis… se permettant de se réapproprier et revivre les espaces publics comment nous l’entendons et le voulons ; qui en outre n’ont subies aucune oppression policière, assez rare en Genèvie ces derniers temps pour être souligné, vu que la répression de nos lieux de vie s’étendent jusqu’à la rue, interdisant à des personnes de lire et jouer aux abords d’une maison, ou censurant d’autres danseurs, mettant en couleurs claquettes l’appel à la révolte civique de Shakespeare
La police, et ses éléments anti-insurrectionnels, prendraient-ils peur des marginaux de leur monde ?
Il est certain que l’on peut se demander s'il n’est pas dangereux pour l’État policier et ses banquiers que les personnes commencent à mettre en avant, avec insistance et de plus en plus d’adeptes, l’ineptie et l’incohérence de leur défense des intérêts de la propriété privée mortifère, contre ceux collectifs des habitant-es et de leurs familles et/ou communautés, et de leurs plaisirs à développer des rapports sociaux et économiques alternatifs, non basés sur la prolifération de pyramide monétaire.

En ce sens, la plate-forme de soutien lancée il y a de cela un peu plus de 15 jours a déjà un reçu un retour plus qu’enthousiaste et massif : plus de 270 personnes et 10 collectifs, nombre avant ce week-end d’adrénaline.

En marge, ayant pu détourner la zone de sécurité post évacuation, très perméable, je vous livre quelques informations d’une infiltration…

Petite anecdote croustillante, ne volant certes pas beaucoup plus haut qu’un cerveau de volaille (il se peut d’ailleurs que les anti-spécistes se révolteront contre ces dénigrements de l’intelligence de l’espèce des poules, je m’en excuse d’avance !)… un policier déclarant à son présupposé chef : «Eh Pierre, regarde ce que j’ai trouvé, un pot de peinture et un seau de cailloux, ils avaient préparé des munitions pour nous attaquer» Ben oui, c’est certainement que les occupant-es ont dû les oublier avant de partir avec leurs fusils et leurs boucliers !52817.jpg
À noter aussi l’arrivée d’un «couple», ressemblant plus à deux bourgeois qu’à des flics, mais qui étaient bien deux membres de la police scientifique, qui après avoir salué toute la communauté bleue, ont sorti leurs techno-malettes afin de réaliser certainement des relevés d’empreintes et autres délits de fichage.
Vers 19h, la «zone de sécurité» extérieure avait été levée, remplacée par une barricade à l’entrée, formé d’une fermeture de portes et de 4 ou 5 GPA (milice de sécurité privée) enfermés à l’intérieur de la bâtisse.

Ce qui permet de faire, pour finir, un parallèle entre les stratégies, et leurs évolutions, des squateureu-ses et des rats… ou poulets… enfin, pour sûr des animaux qui sont à leur chasse afin d’assurer la persistance de leur règne dans la jungle de Calvin.
D’un côté, c’est donc une activité permanente (occupations, communiqués, projections, concerts…) dénonçant ces évacuations sauvages, et des agissements concrets contre la crise du logement et la ville désocialisée que Zapelli et ses caciques voudraient nous imposer.
L’intéressant et un des aspects primordiaux me semble-t-il, étant la propagation sociale et populaire que le mouvement prend : plusieurs centaines de personnes sont venues soutenir l’occupation, plusieurs milliers pour le concert sauvage du dimanche (même si ce serait présageux d’affirmer que tout le public est prêt à se joindre à cette lutte, du moins ça ouvre de multiples possibles)… ainsi que le soutien formalisé des «Panthères grises», groupe d’anciens squatters qui sortent donc de «leur retraite».
squat-vide.jpg Quel pied de nez, et de réelle réflexion et adaptation face au système de répression et d’intervention des flics, en laissant l’immeuble vide quelques instants avant leur arrivée (lundi 24 septembre vers 14h), évitant toute interpellation, sauvant tout le matériel, et laissant les policiers pantois : «Nous n’avons trouvé personne à l’intérieur, il n’y a donc pas eu d’interpellation» déclarant le porte parole de la police Patrick Puhl, arguant le Courrier de titres tels «Les policiers évacuent un squatt déjà vide». Une stratégie ridiculisant l’intervention de la police, même si elle le fait très bien toute seule par ses actes et déclarations ; et permettant de ne pas perdre de l’énergie dans des suivis juridiques «anti-répression».
En parallèle, de leur côté, les chefs de l’ordre, et non gardiens de la paix, ne sont surprenants que sur le fait qu’ils peuvent intervenir en tout temps, en soirée sur route mouillée, ou de jour, lunettes de soleil couvrant leurs yeux malheureux … ayant une incommensurable préférence pour les interventions en semaine, n’accentuant pas ainsi leurs multiples heures supplémentaires impossibles à convertir en congés vu la conjoncture locale actuelle, et les énormes frais de telles interventions policières, charges payées par les contribuables… mais pas par les squatters, vu qu’en plus de puer (cf. article délirant «les squatters puent»), ne paient pas d’impôts, vu qu’ils et elles s’opposent à rentabiliser l’aliénant salariat !

Nous ne pouvons donc que nous réjouir que ces festivités habitables vont sans nul doute continuer…

En attendant ces prochains temps, un jeu de société tout juste conçu qui se nomme «Squatte ta ville», et dont les règles ont été inspirées d’une réalité certainement très proche vous est vivement conseillé, les auteurs informant que toutes ressemblances avec des agissements et/ou des personnes existantes seront fortement bénis. Quelle jouissance d’arriver à squatter la moitié de la ville, avec l’appui des citadin-es, sans que Zapelli n’ait ni le temps ni les moyens d’intervenir pour battre en brèche ces fléaux sociaux ! Impulsons nos jeux !!

À bientôt au détour d’une maison vide mais non sans vie…

Ian art chiste
Indymedia Genève


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