Leçons d’une présidentielle
Alors que Nicolas Sarkozy a passé le cap des cent jours au pouvoir avec sa cote de popularité intacte, il y a lieu de s’interroger sur une certaine façon de s’opposer au personnage, qui a fait florès durant la campagne présidentielle du printemps dernier.
Celles et ceux des lecteurs d’Alternative libertaire qui sont dotés d’une boîte e-mail ont sans doute été inondés de ces innombrables caricatures du genre Sarko-nazi, puis bientôt de ces appels de détresse, de ces suppliques pathétiques à aller voter PS avant qu’il ne soit trop tard, avant la catastrophe finale ! Et, tandis que l’ex-tennisman Yannick Noah se vouait à l’exil en cas d’élection du nouveau Napoléon, s’installait une sorte d’atmosphère de peur. Le discours de Sarkozy était sans doute fondé sur la peur (de l’immigration, des voyous, des grévistes, des pédophiles, etc.), mais celui du PS n’était fondé que sur la peur de Sarkozy, alors que pour le reste, son programme était dicté par la volonté de coller à celui de l’UMP. On se souvient du «grand débat» opposant les deux finalistes, où l’on ne trouva pas l’ombre d’un désaccord politique fondamental.
Après le 1er tour, le ralliement à la va-vite et sans conditions de Bové, LO et la LCR à Ségolène Royal n’a servi à rien sinon à laisser le champ libre au PS, désormais garanti sur sa gauche, pour poursuivre son repositionnement à droite, en espérant séduire… mais séduire qui ? L’électorat préfère toujours l’original à la copie.
Bientôt, le petit jeu de la diabolisation à outrance du candidat de l’UMP allait montrer ses effets négatifs.
Dans l’électorat, on s’est soudain rendu que… le cataclysme n’avait pas eu lieu. Sarkozy, non seulement n’avait pas installé le fascisme en France, mais encore qu’il avait «ouvert» son gouvernement, qu’il y avait fait monter des ministres noirs et arabes (pardon, «issus de la diversité», évitons les gros mots). Et que, comble du comble, l’Élysée avait satellisé plusieurs responsables socialistes : Kouchner, Besson, Bockel, Amara, Lang, Rocard pour les plus connus. Souvenez-vous, les gens pour lesquels on nous sommait de voter quelques semaines auparavant, pour sauver la civilisation de la barbarie ! Évidemment, cela a de quoi déboussoler n’importe quel pigeon — pardon — électeur, et le conforter dans l’idée que, finalement, on lui a fait peur pour rien.
Dans les mouvements sociaux, la fébrilité a laissé place, l’élection passée, à un sentiment d’abattement. Le «buzz anti-Sarko» avait, dans ici, été l’expression d’un renoncement, d’une perte de confiance en soi-même et dans la capacité des travailleuses et des travailleurs à se mobiliser, d’une délégation à la social-démocratie du soin d’incarner la résistance. Triste illusion. Tombeau de l’action.
En vérité, dénoncer le programme de l’UMP en s’abstenant de dénoncer le programme du PS — et surtout en s’abstenant de pointer leur analogie profonde —, sans recul critique, sans affirmer que c’était dans les luttes que se jouerait en premier lieu la question sociale, c’était se condamner à des lendemains démoralisants — et ce quelle que soit l’issue du scrutin. Pour sa part, Alternative libertaire s’est tenue à égale distance des deux candidats de la bourgeoisie. À présent ? Nous ne sommes ni optimistes ni pessimistes. Nous sommes en septembre 2007, les difficultés vont commencer pour l’Élysée, l’état de grâce va s’estomper. Sarkozy est en première ligne, nous y serons aussi.
Celles et ceux des lecteurs d’Alternative libertaire qui sont dotés d’une boîte e-mail ont sans doute été inondés de ces innombrables caricatures du genre Sarko-nazi, puis bientôt de ces appels de détresse, de ces suppliques pathétiques à aller voter PS avant qu’il ne soit trop tard, avant la catastrophe finale ! Et, tandis que l’ex-tennisman Yannick Noah se vouait à l’exil en cas d’élection du nouveau Napoléon, s’installait une sorte d’atmosphère de peur. Le discours de Sarkozy était sans doute fondé sur la peur (de l’immigration, des voyous, des grévistes, des pédophiles, etc.), mais celui du PS n’était fondé que sur la peur de Sarkozy, alors que pour le reste, son programme était dicté par la volonté de coller à celui de l’UMP. On se souvient du «grand débat» opposant les deux finalistes, où l’on ne trouva pas l’ombre d’un désaccord politique fondamental.
Après le 1er tour, le ralliement à la va-vite et sans conditions de Bové, LO et la LCR à Ségolène Royal n’a servi à rien sinon à laisser le champ libre au PS, désormais garanti sur sa gauche, pour poursuivre son repositionnement à droite, en espérant séduire… mais séduire qui ? L’électorat préfère toujours l’original à la copie.
Bientôt, le petit jeu de la diabolisation à outrance du candidat de l’UMP allait montrer ses effets négatifs.
Dans l’électorat, on s’est soudain rendu que… le cataclysme n’avait pas eu lieu. Sarkozy, non seulement n’avait pas installé le fascisme en France, mais encore qu’il avait «ouvert» son gouvernement, qu’il y avait fait monter des ministres noirs et arabes (pardon, «issus de la diversité», évitons les gros mots). Et que, comble du comble, l’Élysée avait satellisé plusieurs responsables socialistes : Kouchner, Besson, Bockel, Amara, Lang, Rocard pour les plus connus. Souvenez-vous, les gens pour lesquels on nous sommait de voter quelques semaines auparavant, pour sauver la civilisation de la barbarie ! Évidemment, cela a de quoi déboussoler n’importe quel pigeon — pardon — électeur, et le conforter dans l’idée que, finalement, on lui a fait peur pour rien.
Dans les mouvements sociaux, la fébrilité a laissé place, l’élection passée, à un sentiment d’abattement. Le «buzz anti-Sarko» avait, dans ici, été l’expression d’un renoncement, d’une perte de confiance en soi-même et dans la capacité des travailleuses et des travailleurs à se mobiliser, d’une délégation à la social-démocratie du soin d’incarner la résistance. Triste illusion. Tombeau de l’action.
En vérité, dénoncer le programme de l’UMP en s’abstenant de dénoncer le programme du PS — et surtout en s’abstenant de pointer leur analogie profonde —, sans recul critique, sans affirmer que c’était dans les luttes que se jouerait en premier lieu la question sociale, c’était se condamner à des lendemains démoralisants — et ce quelle que soit l’issue du scrutin. Pour sa part, Alternative libertaire s’est tenue à égale distance des deux candidats de la bourgeoisie. À présent ? Nous ne sommes ni optimistes ni pessimistes. Nous sommes en septembre 2007, les difficultés vont commencer pour l’Élysée, l’état de grâce va s’estomper. Sarkozy est en première ligne, nous y serons aussi.
Alternative libertaire no 165, septembre 2007.